Les autorités yéménites de transition ont lancé mardi la campagne pour l’élection présidentielle du 21 février devant marquer la fin du règne d’Ali Abdallah Saleh, sur fond d’appels au boycott dans le Sud comme dans le Nord.
L’unique candidat déclaré, le vice-président Abd Rabbo Mansur Hadi, un homme de consensus, doit succéder à Ali Abdallah Saleh pour un mandat de deux ans, en vertu d’un accord conclu le 23 novembre à Ryad après une crise de 11 mois.
"C’est un premier pas sur la voie d’un avenir sûr" pour le Yémen, a déclaré M. Hadi lors d’une cérémonie d’ouverture de la campagne à Sanaa.
"Ce scrutin offre la meilleure issue pour sortir de la crise politique qui a failli tourner à la guerre civile", a ajouté Hadi, candidat de l’opposition parlementaire et du parti d'Ali Abdallah Saleh, qui forment un gouvernement d’entente nationale mis en place en vertu de l’accord de Ryad.
Des portraits de Hadi et des banderoles exhortant les Yéménites à participer massivement au scrutin ont commencé à faire leur apparition dans les rues de Sanaa, où la vie commence à revenir à la normale, selon un correspondant de l’AFP.
Hadi a dit s’attendre à "des jours difficiles" dans un pays affaibli au plan économique et mis à mal dans le domaine de la sécurité.
"Mais, a-t-il dit, je suis sûr de pouvoir surmonter ces difficultés (...) parce que le peuple ne peut pas supporter davantage les souffrances qu’il endure" depuis le début en janvier 2011 du mouvement de contestation hostile au régime d'Ali Abdallah Saleh et sa répression qui a fait des centaines de morts.
Ali Abdallah Saleh, vivement contesté par la rue où il est accusé de corruption et de népotisme, avait accepté de partir après 33 ans au pouvoir, et demeure président à titre honorifique jusqu’au 21 février aux termes de cet accord.
Hadi a relevé, lors d’une cérémonie à Sanaa devant les chefs du parti d'Ali Abdallah Saleh et de l’opposition parlementaire, des ministres et diplomates arabes et occidentaux ayant contribué à la conclusion de l’accord de Ryad, "une détermination au niveau régional et international à aider le Yémen" à sortir de la crise.
Le scrutin du 21 février va "confirmer le principe de l’alternance du pouvoir" mais aussi "sortir le pays d’une crise sans précédent", a pour sa part déclaré le vice-président du Congrès populaire général (CPG, le parti de Saleh), Abdel Karim al-Iriani, en appelant ses partisans à participer au vote.
Intervenant lors de la cérémonie, le Premier ministre, Mohamed Basindawa, chef de l’opposition parlementaire, a pour sa part souhaité un scrutin "sans problème".
L’élection de Hadi est cependant contestée par un mouvement séparatiste dans le Sud et une rébellion chiite dans le Nord. Les ténors du Mouvement sudiste, un groupe qui milite pour une sécession du Sud, un Etat indépendant jusqu’en 1990, font campagne pour un boycott du scrutin.
"Notre choix stratégique est la lutte pacifique, mais tous les moyens d’empêcher l’élection sont sur la table", a déclaré à l’AFP Qassem Askar, secrétaire général du Haut conseil du Mouvement sudiste.
Des milliers d’électeurs sudistes ont brûlé leurs cartes électorales au cours des dernières semaines à l’appel du Mouvement sudiste.
Les rebelles zaïdites (chiites) qui contrôlent de vastes régions du nord du pays se sont pour leur part déclarés opposés au scrutin car il est prévu par l’accord de sortie de crise, "un complot américain" selon eux.
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