jeudi 9 février 2012

Syrie : La Ligue arabe va renvoyer ses observateurs en Syrie

La Ligue arabe va renvoyer sa mission controversée d’observateurs en Syrie, où le régime de Bashar Al-Assad a tué des milliers de manifestants, a déclaré mercredi 8 février le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Le patron des Nations unies a annoncé aux journalistes que le chef de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, lui avait fait part mardi de son intention par téléphone, lui demandant une coopération de l’ONU à cette nouvelle mission. "Il a suggéré une mission conjointe en Syrie, avec un émissaire spécial commun", a-t-il ajouté, précisant que cette question serait soumise au Conseil de sécurité dans les jours à venir.
Interrogé sur le point de savoir si Damas acceptera cette mission conjointe d’observateurs, Ban Ki-moon a répondu : "Ce n’est pas clair, nous verrons."
Ban Ki-moon a par ailleurs jugé "catastrophique" pour le peuple syrien le veto des Russes et des Chinois samedi à une résolution du Conseil de sécurité, estimant qu’il avait encouragé Damas à "accentuer sa guerre contre son propre peuple". Au moins treize personnes sont mortes jeudi à Homs où les bombardements de la ville par l’armée syrienne ont repris, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui précise que le bilan pourrait s’alourdir.
La Ligue arabe avait décidé fin janvier de retirer ses observateurs de Syrie pour protester contre la poursuite de la répression de la contestation populaire. Les observateurs arabes avaient été déployés le 26 décembre 2011 après l’accord donné par Damas à un protocole de sortie de crise qui prévoyait un arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait des chars des villes et la libre circulation des médias étrangers et des observateurs. Mais aucune de ces clauses n’a été respectée.
"La situation a atteint un point inacceptable où plus de 5 000 personnes ont été tuées", a rappelé M. Ban, ajoutant : "il [le président Bashar Al-Assad] doit être tenu pour responsable". "Si les tueries continuent, cela va éroder la légitimité (du président Assad) en tant que dirigeant de la Syrie", a jugé le secrétaire général. "Des milliers de gens ont été tués de sang-froid, contredisant la prétention du président Bashar Al-Assad à parler pour son peuple". "La brutalité effarante dont nous sommes témoins à Homs, avec des armes lourdes tirant sur des quartiers résidentiels, laisse à penser malheureusement que la situation va encore s’aggraver", a-t-il conclu.
Depuis le double veto russo-chinois qui a empêché le Conseil de sécurité de sortir de son silence de onze mois sur la Syrie, la communauté internationale cherche une nouvelle stratégie diplomatique : les Etats-Unis ou l’Union européenne souhaitent renforcer leurs sanctions unilatérales contre Damas, d’autres pays envisagent une condamnation symbolique du régime syrien à l’Assemblée générale de l’ONU, où aucun veto n’est possible. Selon des diplomates, une mission conjointe Ligue arabe-ONU en Syrie est une option parmi d’autres.
De leur côté, des rebelles syriens ont déclaré mercredi qu’ils avaient besoin d’armes – et non de soldats étrangers – pour renverser le régime de Bashar Al-Assad, au cours d’une conférence organisée dans un lieu proche de Damas et diffusée à Washington via Internet. "Nous voulons un soutien militaire. Nous avons besoin de matériel", a déclaré un commandant de l’Armée syrienne libre (ASL) qui s’est simplement identifié comme étant Mohammed. Ce rebelle a affirmé que les habitants de Homs, la ville rebelle assiégée par les forces syriennes depuis plusieurs jours, étaient confrontés à une crise humanitaire "catastrophique".
Cette crise risque d’empirer si l’armée maintient son étau sur la ville et qu’elle n’autorise pas à nouveau l’arrivée de nourriture et d’assistance, a-t-il expliqué.
"Nous sommes confrontés à l’une des pires machines à mort du monde", a ajouté Mohammed, précisant que les rebelles, mal armés, utilisaient "des armes légères pour s’attaquer à des tanks". L’armée a bombardé sans relâche mercredi la ville de Homs faisant 50 morts selon les militants, en dépit de l’engagement du président syrien auprès de son allié russe à cesser l’effusion de sang.

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