Tandis que l’implication d’Israël dans l’assassinat de scientifiques nucléaires iraniens a été confirmée jeudi par plusieurs responsables américains, Bloomberg News révèle que plusieurs sociétés et hommes d’affaires israéliens commercent indirectement avec la République islamique d’Iran.
D’après le site d’information économique, la société israélienne Allot Communications aurait vendu à l’Iran des équipements de surveillance et de filtrage d’Internet pendant cinq ans, par l’intermédiaire d’un distributeur danois. Une révélation embarrassante, les autorités de Téhéran ayant utilisé ces systèmes pour persécuter leurs opposants.
Le matériel était envoyé au Danemark, où des employés se chargeaient d’enlever les étiquettes, avant de remballer le produit pour en cacher l’origine.
Interrogés par Bloomberg, trois employés de l’entreprise israélienne ont avoué que la destination finale demeurait un "secret de Polichinelle". "Il est interdit de parler de ces choses-là", déclare au quotidien israélien Ha’aretz Dan Catarivas, qui dirige la division des relations internationales et du commerce extérieur de l’Association des industriels d’Israël. Et pour cause : ces contrats violent la législation israélienne, qui interdit à toute entreprise d’investir plus de dix millions de dollars dans des compagnies internationales commerçant avec l’Iran.
Or Allot Communations est loin d’être la seule entité israélienne à profiter de l’aubaine. En mai 2011, les États-Unis ont décidé de placer sur leur liste noire le groupe israélien Ofer Brothers Group et sa filiale Tanker Pacific, basée à Singapour. Leur crime, ils se seraient livrés en septembre 2010 à la vente d’un bateau-citerne pour 8,6 millions de dollars à la compagnie maritime iranienne IRISL (Islamic Republic of Iran Shipping Lines), violant ainsi l’embargo international frappant Téhéran pour ses activités nucléaires controversées.
Dans un premier temps, le groupe des frères Ofer a démenti ces accusations, affirmant qu’il s’agissait d’un malentendu. C’est alors que la télévision publique israélienne a révélé qu’au moins treize pétroliers de la compagnie avaient mouillé dans les ports iraniens de Bandar Abbas et de l’île de Kharg (sud de l’Iran), au cours des dix dernières années. Pour se justifier, des sources proches de la famille Ofer ont laissé entendre que ces opérations commerciales avaient obtenu l’aval du bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou. Autrement dit, que le groupe pétrolier se livrait à des missions d’espionnage, afin de favoriser la sécurité d’Israël, appelé, selon Mahmud Ahmadinejad, à "disparaître des pages du temps".
Mais ce n’est pas tout. L’aviation civile israélienne a acheté en 2011 pour 30 millions d’euros d’équipements à l’allemand Siemens, très présent en Iran, notamment dans le système d’écoutes de la population, a affirmé, en mai dernier, Ha’Aretz. De son côté, la compagnie israélienne d’électricité a conclu un contrat de 100 millions d’euros avec la firme danoise Haldor Topsoe pour des filtres antipollution, bien que celle-ci soit en train de construire en Iran des raffineries pour un montant dépassant le milliard de dollars.
D’après le quotidien, au moins 200 compagnies internationales opérant en Israël entretiendraient de vastes liens commerciaux avec l’Iran, y compris avec son industrie énergétique, qui représente la principale source de revenus de la République islamique et sert à financer le développement de son programme nucléaire et de son armement. "Malgré ce qui est perçu en surface, les relations secrètes avec l’Iran totalisent des dizaines de millions de dollars par an", affirmait, en mai au quotidien israélien Yedioth Ahronoth, Yehoshua Meiri, directeur de l’Israeli-Arab Friendship Association. "Même lorsque de sévères déclarations sont prononcées des deux côtés, les échanges prospèrent. Les relations avec les collègues iraniens sont excellentes, et les déclarations politiques ignorées."
Point d’orgue de la relation interdite, la visite à Tel-Aviv en novembre 2000 d’un adjoint du ministre iranien de l’Agriculture souhaitant acquérir de la technologie agricole israélienne. Douze ans plus tard, l’essentiel des exportations israéliennes vers l’Iran concerne des produits liés à l’agriculture : engrais, tuyaux d’irrigation et diverses technologies agricoles. Mais l’Iran exporte lui aussi en Israël, principalement des pistaches, des noix de cajou et du marbre, une des plus grandes industries de la République islamique. Ce n’est pas la première fois qu’un scandale commercial éclabousse les deux meilleurs ennemis de la planète. En 1986, en pleine guerre Iran-Irak, Israël a servi d’intermédiaire pour les États-Unis, qui soutenaient alors Saddam Hussein, pour vendre illégalement des armes à la République islamique : l’"Irangate" était dévoilé.
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