vendredi 10 février 2012

Egypte: l'armée dit qu'elle ne cèdera pas aux "menaces", évoque un "complot"

Le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir en Egypte depuis la démission d’Hosni Moubarak il y a un an et très critiqué pour sa gestion de la transition, a affirmé vendredi qu’il ne céderait pas aux "menaces", en évoquant des "complots" contre l’Etat.
Ces déclarations interviennent alors que des militants ont lancé un appel à la "désobéissance civile" et à des grèves samedi pour marquer le premier anniversaire de la chute de l’ancien président. Ce dernier avait démissionné sous la pression de la rue le 11 février 2011 et remis le pouvoir à l’armée.
"Jamais nous ne céderons à des menaces, nous ne céderons pas aux pressions, et nous n’accepterons pas les diktats", a affirmé le Conseil suprême des forces armées (CSFA) dans un communiqué lu à la télévision publique.
"Nous vous disons franchement que notre chère Egypte fait face à des plans visant à frapper notre révolution au coeur", a-t-il ajouté.
"Nous faisons face à des complots contre la nation dont le but est de saper les institutions de l’Etat égyptien, et de faire tomber l’Etat lui-même pour que le chaos règne", a-t-il poursuivi.

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Manifestation près du ministère de la Défense
Des milliers d’Egyptiens ont manifesté vendredi près du ministère de la Défense pour réclamer le départ de l’armée du pouvoir, à la veille du premier anniversaire de la chute de Hosni Moubarak, selon un journaliste de l’AFP.
Pendant la journée, plusieurs rassemblements ont convergé vers le ministère, traversant des zones résidentielles pour éviter les barrages établis par les militaires sur plusieurs kilomètres autour du ministère.
En fin d’après-midi, les manifestants ont cependant été bloqués à une centaine de mètres derrière le bâtiment, la police militaire ayant placé des barbelés et des blindés pour empêcher le passage.
Derrière le cordon de police résonnait de la musique militaire, tandis qu’en face, les manifestants scandaient : "Le peuple veut l’exécution du maréchal" Hussein Tantawi, chef d’Etat de facto depuis que Moubarak a remis ses pouvoirs à l’armée le 11 février 2011. A la fin de la grande prière hebdomadaire du vendredi dans la mosquée al-Fath, dans le centre du Caire, les manifestants avaient crié "A bas le pouvoir militaire" avant de se diriger vers le ministère.
"Nous marchons sur le ministère de la Défense, nous voulons le départ des militaires", a affirmé devant la mosquée Asmaa Mahfuz, militante connue pour avoir enregistré l’an dernier une vidéo appelant à un soulèvement contre Hosni Moubarak.
Les militants ont aussi appelé à une journée de "désobéissance civile" et de grèves samedi, jour anniversaire de la chute de Moubarak.
Acclamés il y a un an, les militaires sont très critiqués depuis plusieurs mois pour leur gestion de la transition, en particulier par les jeunes militants comme Asmaa Mahfuz, lauréate en décembre avec d’autres artisans du Printemps arabe du Prix Sakharov décerné par le Parlement européen.
Après les appels à la désobéissance civile, l’armée a annoncé qu’elle se déploierait à travers le pays pour assurer la sécurité.
Ces appels à la mobilisation ont divisé les forces politiques. Les Frères musulmans, grands gagnants des dernières législatives, s’y sont opposés.
Tarek al-Kholi, un porte-parole du groupe du 6 avril, l’un des mouvements qui avaient lancé la révolte anti-Moubarak, a précisé qu’un seul jour de grève était prévu mais que la mobilisation pourrait être prolongée.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Hussein Tantawi, a promis de rendre le pouvoir aux civils après l’élection d’un président de la république, prévue avant la fin juin.

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