lundi 5 janvier 2015

Israël/Palestine : Netanyahou s'opposera par tous les moyens à la demande d'adhésion de l'Autorité palestinienne à la CPI.

Nouvelle sortie de Benyamin Netanyahou contre la demande d'adhésion de l'Autorité palestinienne à la Cour pénale internationale. Après avoir pressé jeudi la Cour de rejeter une demande "hypocrite", le Premier ministre israélien a prévenu dimanche que son pays s'opposerait à toute poursuite de ses soldats par la CPI. "Nous ne permettrons pas que les soldats et les officiers de Tsahal soient traînés devant le tribunal de La Haye", a déclaré Benyamin Netanyahou à l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire. Samedi, l'État hébreu avait pris ses premières mesures de rétorsion en gelant le versement de plus de 100 millions d'euros de taxes dues à l'Autorité palestinienne.
"Ceux qui doivent être poursuivis sont les dirigeants de l'Autorité palestinienne qui ont fait une alliance avec les criminels de guerre du Hamas", a martelé le Premier ministre israélien, qui accuse le mouvement islamiste notamment d'avoir utilisé les Gazaouis comme bouclier humain lors du conflit de l'été dernier, qui a fait près de 2 200 morts du côté palestinien, en majorité des civils, et 73 du côté israélien, dont 67 soldats. "Les soldats de Tsahal continueront de défendre l'État d'Israël avec courage et détermination, et de la même façon qu'ils nous protègent, nous les protégerons avec courage et détermination", a-t-il aussi dit.
"L'Autorité palestinienne a décidé de se confronter avec l'État d'Israël et nous ne resterons pas les bras croisés", a encore prévenu le chef du gouvernement israélien. Le gel, samedi, de 106 millions de taxes collectées par Israël pour le compte des Palestiniens pourrait n'être que la première d'une série de mesures de rétorsion israéliennes après la demande d'adhésion des Palestiniens à la CPI, selon les commentateurs. "Si les Palestiniens ne reviennent pas en arrière nous devrons prendre des mesures encore plus dures jusqu'à une dissolution progressive, une neutralisation progressive de l'Autorité palestinienne", a ainsi déclaré le ministre des Renseignements Youval Steinitz, considéré comme un proche de Netanyahou.
Officiellement, l'Autorité palestinienne ne peut être dissoute que par les Palestiniens. La dissolution constitue, selon les observateurs, la dernière carte que M. Abbas peut abattre dans son bras de fer diplomatique avec les Israéliens. Ex-ministre israélienne de la Justice récemment limogée et chef du parti de centre gauche HaTnuah, Tzipi Livni s'est montrée plus modérée. Si le gouvernement "pense à des solutions comme des constructions (dans les colonies, NDLR) ou le démantèlement de l'Autorité palestinienne, c'est nous qui serons punis", a-t-elle dit. Fin 2012, lorsque l'État de Palestine avait obtenu le statut d'observateur à l'ONU, Israël avait en effet annoncé la construction de plusieurs milliers de logements dans les colonies de Cisjordanie occupée, y compris dans la zone ultra-sensible E1 proche de Jérusalem, provoquant un tollé international.
Benyamin Netanyahou prépare cette fois une réponse "plus dure et globale" que le seul gel du versement des taxes mais qui ne comprendra pas de constructions dans les colonies, a assuré Nissim Ben Sheetrit, un haut responsable du ministère des Affaires étrangères. "Israël est sur le point de passer de la défense à l'attaque" après les initiatives palestiniennes, a prévenu Ben Sheetrit, s'adressant à un parterre d'ambassadeurs israéliens en Europe, réunis à Jérusalem. Dans le passé, l'État hébreu a également utilisé l'arme du retrait des permis VIP, qui permettent aux responsables palestiniens de se déplacer notamment de la Cisjordanie à la bande de Gaza.
Le gel des versements à l'Autorité palestinienne avait promptement été qualifié samedi de "nouveau crime de guerre" par un haut responsable palestinien. Après leur récente demande d'adhésion, les Palestiniens pourraient déposer début avril leur demande de saisie du tribunal de La Haye afin de poursuivre en justice des responsables, notamment militaires, israéliens. La première plainte que les Palestiniens entendent déposer auprès de la Cour pénale internationale (CPI) portera sur des "crimes" perpétrés après le 13 juin 2014, quand Israël a lancé une vaste campagne d'arrestations suivie de la guerre à Gaza, a d'ores et déjà indiqué un juriste palestinien.

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