Un accord inédit a été conclu dimanche entre le régime syrien et les
rebelles pour leur retrait de Homs (centre), à un mois de la
présidentielle où l’archi-favori Bashar al-Assad affrontera deux
adversaires quasi-inconnus.
Au sud-est de la capitale, l’armée a par ailleurs effectué une
importante percée dans la ville stratégique de Mleiha, selon une source
de sécurité et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
A Homs, "un accord est intervenu entre les représentants des rebelles et
des chefs des services de sécurité, en présence de l’ambassadeur
d’Iran, pour le retrait des insurgés de la Vieille ville", assiégée
depuis plus de deux ans par l’armée, a affirmé à l’AFP le négociateur
rebelle Aboul Hareth, joint via internet.
"La discussion aujourd’hui porte maintenant sur son application", a-t-il ajouté.
L’accord concerne aussi les civils et les blessés qui s’y trouvent, soit
au total 2250 personnes, et prévoit la libération de 70 prisonniers
libanais et iraniens détenus par des islamistes à Alep (nord) de même
que l’entrée d’une aide humanitaire dans deux villages chiites
favorables au régime dans la province d’Alep.
Un autre militant, qui a refusé d’être identifié, a confirmé la
conclusion d’un accord "sur le modus opérandi du retrait". Mais, a-t-il
ajouté, "il y a beaucoup de peur des deux côtés" concernant sa mise en
application.
Le gouverneur de la province Talal al-Barazi a minimisé l’impact de cet
accord, dont la conclusion a réuni pour la première fois les rebelles,
les différentes branches des services de sécurité et même l’ambassade
d’Iran.
"Il n’y a pas d’accord, il s’agit d’arrangements (...) qui conduiront si
tout se passe bien à la remise (aux autorités) de la ville, débarrassée
d’armes et des hommes armés", a-t-il dit à l’AFP.
"Je pense que dans deux ou trois jours, les discussions pourraient
porter leurs fruits en commençant par (la Vieille ville de) Homs, puis
al-Waer (quartier de Homs) avant Talbissé et Rastan", deux villes
rebelles de la province.
Saluant la "résistance légendaire durant plus de deux ans" des rebelles
de Homs, l’opposition s’est pour sa part félicitée de l’accord et a
appelé l’ONU à "s’assurer que le régime (le) respecte (...) et
garantisse la sécurité des civils".
Selon une version du texte obtenue par l’AFP auprès d’une source de
l’opposition, les insurgés pourront quitter le centre de Homs avec leur
famille, en conservant leur arme individuelle. Ils pourront aussi
emporter leurs affaires personnelles dans des valises et seront
transportés vers le nord de la province dans des bus aux vitres
teintées, escortés par des policiers.
"Un représentant de l’ONU et un autre de l’ambassade d’Iran seront
présents comme garants dans chaque bus", précise le texte, alors que
plusieurs localités de la province de Homs sont aux mains des rebelles.
"Les blessés, s’ils sont d’accord, seront transportés dans des
ambulances du Croissant rouge syrien. Les combattants devront remettre
avant de partir la carte des mines qu’ils ont posées", ajoute l’accord.
Cet accord est intervenu peu après que la Cour constitutionnelle a
annoncé les noms des deux challengers de Bashar al-Assad à la
présidentielle du 3 juin, dont le résultat ne fait aucun doute.
Il s’agit de Maher al-Hajjar, un député indépendant qui fut longtemps
membre du parti communiste, et de Hassan Abdellah al-Nouri, un homme
d’affaires de Damas qui a été membre d’une formation de l’opposition de
l’intérieur tolérée par le pouvoir.
Alors que la guerre a fait en trois ans plus de 150 000 morts, ce scrutin se tiendra dans les zones contrôlées par le régime.
Sur le terrain, l’armée a conquis plus de la moitié de Mleiha dimanche,
une avancée importante pour elle dans sa tentative de reprendre le
contrôle de la Ghouta orientale, une région à l’est de la capitale où
les rebelles sont bien implantés.
Dans le Sud, le Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, a enlevé
un commandant militaire rebelle modéré - qui s’est était pris aux
jihadistes dans une vidéo - et cinq autres officiers dans la province de
Deraa, a affirmé l’OSDH.
Par ailleurs, Al-Nosra a posé des conditions pour l’arrêt des combats
contre ses rivaux jihadistes de l’État islamique d’Irak et du Levant
(EIIL), malgré l’appel du chef d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri. Indiquant
"suivre (son) ordre" de cesser les attaques, il a néanmoins précisé
qu’il continuerait à répondre "quand ils attaquent les musulmans et tout
ce qui est sacré pour eux".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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