dimanche 4 mai 2014

Syrie : accord à Homs entre régime et rebelles, avancée de l’armée près de Damas

Un accord inédit a été conclu dimanche entre le régime syrien et les rebelles pour leur retrait de Homs (centre), à un mois de la présidentielle où l’archi-favori Bashar al-Assad affrontera deux adversaires quasi-inconnus. Au sud-est de la capitale, l’armée a par ailleurs effectué une importante percée dans la ville stratégique de Mleiha, selon une source de sécurité et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
A Homs, "un accord est intervenu entre les représentants des rebelles et des chefs des services de sécurité, en présence de l’ambassadeur d’Iran, pour le retrait des insurgés de la Vieille ville", assiégée depuis plus de deux ans par l’armée, a affirmé à l’AFP le négociateur rebelle Aboul Hareth, joint via internet.
"La discussion aujourd’hui porte maintenant sur son application", a-t-il ajouté.
L’accord concerne aussi les civils et les blessés qui s’y trouvent, soit au total 2250 personnes, et prévoit la libération de 70 prisonniers libanais et iraniens détenus par des islamistes à Alep (nord) de même que l’entrée d’une aide humanitaire dans deux villages chiites favorables au régime dans la province d’Alep.
Un autre militant, qui a refusé d’être identifié, a confirmé la conclusion d’un accord "sur le modus opérandi du retrait". Mais, a-t-il ajouté, "il y a beaucoup de peur des deux côtés" concernant sa mise en application.
Le gouverneur de la province Talal al-Barazi a minimisé l’impact de cet accord, dont la conclusion a réuni pour la première fois les rebelles, les différentes branches des services de sécurité et même l’ambassade d’Iran.
"Il n’y a pas d’accord, il s’agit d’arrangements (...) qui conduiront si tout se passe bien à la remise (aux autorités) de la ville, débarrassée d’armes et des hommes armés", a-t-il dit à l’AFP.
"Je pense que dans deux ou trois jours, les discussions pourraient porter leurs fruits en commençant par (la Vieille ville de) Homs, puis al-Waer (quartier de Homs) avant Talbissé et Rastan", deux villes rebelles de la province.
Saluant la "résistance légendaire durant plus de deux ans" des rebelles de Homs, l’opposition s’est pour sa part félicitée de l’accord et a appelé l’ONU à "s’assurer que le régime (le) respecte (...) et garantisse la sécurité des civils".
Selon une version du texte obtenue par l’AFP auprès d’une source de l’opposition, les insurgés pourront quitter le centre de Homs avec leur famille, en conservant leur arme individuelle. Ils pourront aussi emporter leurs affaires personnelles dans des valises et seront transportés vers le nord de la province dans des bus aux vitres teintées, escortés par des policiers.
"Un représentant de l’ONU et un autre de l’ambassade d’Iran seront présents comme garants dans chaque bus", précise le texte, alors que plusieurs localités de la province de Homs sont aux mains des rebelles.
"Les blessés, s’ils sont d’accord, seront transportés dans des ambulances du Croissant rouge syrien. Les combattants devront remettre avant de partir la carte des mines qu’ils ont posées", ajoute l’accord.
Cet accord est intervenu peu après que la Cour constitutionnelle a annoncé les noms des deux challengers de Bashar al-Assad à la présidentielle du 3 juin, dont le résultat ne fait aucun doute.
Il s’agit de Maher al-Hajjar, un député indépendant qui fut longtemps membre du parti communiste, et de Hassan Abdellah al-Nouri, un homme d’affaires de Damas qui a été membre d’une formation de l’opposition de l’intérieur tolérée par le pouvoir.
Alors que la guerre a fait en trois ans plus de 150 000 morts, ce scrutin se tiendra dans les zones contrôlées par le régime.
Sur le terrain, l’armée a conquis plus de la moitié de Mleiha dimanche, une avancée importante pour elle dans sa tentative de reprendre le contrôle de la Ghouta orientale, une région à l’est de la capitale où les rebelles sont bien implantés.
Dans le Sud, le Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, a enlevé un commandant militaire rebelle modéré - qui s’est était pris aux jihadistes dans une vidéo - et cinq autres officiers dans la province de Deraa, a affirmé l’OSDH.
Par ailleurs, Al-Nosra a posé des conditions pour l’arrêt des combats contre ses rivaux jihadistes de l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL), malgré l’appel du chef d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri. Indiquant "suivre (son) ordre" de cesser les attaques, il a néanmoins précisé qu’il continuerait à répondre "quand ils attaquent les musulmans et tout ce qui est sacré pour eux".

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