jeudi 1 mai 2014

Irak : le Premier ministre irakien optimiste sur un 3e mandat

Le Premier ministre irakien sortant Nouri al-Maliki s’est dit jeudi optimiste sur un 3e mandat, au lendemain des législatives, mais dans l’attente des résultats et face à la multiplication des groupes politiques, la formation d’un gouvernement prendra du temps.
"Nous avons les moyens de réunir les 165 (sièges nécessaires) pour former un gouvernement", a déclaré, confiant, le chiite Nouri al-Maliki, devant des journalistes à Bagdad.
Si sa coalition, l’Alliance pour l’Etat de droit, est donnée favorite, la division de la vie politique irakienne va l’obliger à courtiser plusieurs groupes, au sein de sa propre communauté, mais aussi des sunnites et des Kurdes, loin d’être satisfaits par son dernier mandat.
Après les dernières législatives en 2010, ces tractations avaient pris plusieurs mois.
"Trouver un compromis entre sunnites, chiites et Kurdes n’est pas chose aisée", explique Ayham Kamel, directeur régional pour l’Eurasia group, soulignant qu’aucun accord pré-électoral n’a été conclu, et qu’il faudra donc attendre les résultats officiels pour entamer les négociations.
Ces résultats ne seront pas connus avant la mi-mai, et même le taux de participation exact n’a pas encore été annoncé.
Experts et diplomates craignaient que la vague de violences dans laquelle le pays est plongé et qui a déjà fait plus de 3.000 morts depuis le début de l’année, n’aient pesé sur la participation.
Selon des chiffres officiels publiés jeudi, le mois d’avril a été l’un des plus meurtriers depuis 2008, alors que le pays sortait d’un conflit confessionnel (2006-2007) ayant fait des dizaines de milliers de morts.
Mais selon les premières estimations, environ 60% des 20 millions d’électeurs inscrits ont voté, soit un niveau comparable à 2010, où le taux de participation s’était établi à 62,4%.
Comme presque chaque jour dans le pays, le scrutin a été marqué par des violences qui ont fait 14 morts, dont deux membres de la commission électorale.
Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a félicité les millions d’Irakiens qui ont "courageusement voté", et le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à former un gouvernement "qui représente la volonté et la souveraineté du peuple irakien".
Nombre d’Irakiens s’étaient rendus aux urnes espérant "changer les choses". "Je prie pour que l’Irak ait un meilleur avenir, que le chômage diminue, que l’industrie, l’agriculture et le commerce renaissent", expliquait Jawad Said Kamal al-Din, 91 ans.
"J’espère que tous les politiciens vont changer, notamment les députés. Ce sont tous des voleurs, qui détournent l’argent du pays", ajoutait-il. Paradoxalement, M. Maliki a aussi fait campagne sur le changement, fatigué de la coalition hétéroclite qu’il tente de gouverner depuis 2010.
Après les élections de 2005 et 2010, les dirigeants irakiens s’étaient mis d’accord pour former un gouvernement d’unité nationale, ce dont Maliki, ne veut plus. "Je mets en garde contre un retour aux (quotas) communautaires, et je ne ferai pas partie" d’un tel gouvernement, a-t-il déclaré.
Malgré un bilan très critiqué en matière de lutte contre le chômage et la corruption, ou encore de modernisation des services publics, Maliki a su capitaliser sur son image d’homme fort au milieu de la spirale de violences. Attaques et attentats sont alimentés en partie par les tensions confessionnelles entre chiites et sunnites, de plus en plus profondes.
Des insurgés, dont des jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), tiennent depuis début janvier la ville de Fallujah, dans la province d’Anbar (ouest), majoritairement sunnite.
Ces violences sont devenues un argument politique : pour convaincre les électeurs, les 9039 candidats ont surtout mis en avant leur appartenance ethnique et confessionnelle.
A la fermeture des bureaux de vote mercredi soir, alors que la nuit tombait sur Bagdad, des dizaines d’Irakiens se sont précipités pour s’emparer des cadres métalliques servant de support aux affiches des candidats, afin de ses revendre ou de les recycler.
"Nous les utilisons pour faire des toits pour nos maisons, et le reste, nous le vendons. La plupart des députés ont de l’argent plein les poches — l’argent qu’ils ont volé au peuple. Les pauvres, il ne leur reste que les petites choses", expliquait Abu Hazim, près de la place Karamana à Bagdad.

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