mercredi 7 août 2013

Yémen : Washington et Londres évacuent leurs diplomates du pays

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont fait évacuer mardi des dizaines d’employés de leurs ambassades au Yémen et exhorté leurs ressortissants à quitter "immédiatement" ce pays de la péninsule arabique, invoquant une "menace immédiate" d’attentats d’Al-Qaïda.
Ces mesures exceptionnelles, imitées en partie par d’autres pays européens, surviennent au moment où une vingtaine d’ambassades et de consulats américains au Moyen-Orient et en Afrique sont fermés depuis dimanche et jusqu’au 10 août en raison de menaces "crédibles" d’attentats.
Simultanément à ces évacuations, quatre membres présumés d’Al-Qaïda ont été tués à l’est de Sanaa par des tirs de drone. L’un d’eux ferait partie d’une liste de 25 militants d’Al-Qaïda que Sanaa accuse de fomenter un attentat pour la fin du ramadan en fin de semaine.
A Sanaa, 75 membres du personnel non essentiel de l’ambassade des Etats-Unis ont été exfiltrés mardi à l’aube à bord d’un avion militaire américain, a indiqué à l’AFP un responsable américain. Ces diplomates et employés sont maintenant réfugiés sur une base militaire dont les Etats-Unis disposent à Ramstein, en Allemagne, selon le département d’Etat.
Parlant d’un niveau de risque "extrêmement élevé" au Yémen, la diplomatie américaine a "réduit" à un niveau minimal le nombre de personnes restant dans son ambassade. Cette chancellerie avait déjà été frappée en septembre 2008 par un attentat attribué à Al-Qaïda et qui avait fait 19 morts.
Les Etats-Unis ont également pressé tous leurs ressortissants vivant au Yémen à "partir immédiatement".
"C’est une réponse à une menace immédiate et précise", a justifié la porte-parole du département d’Etat Jennifer Psaki, évoquant des "inquiétudes face à la menace d’Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA)", une organisation basée au Yémen et affiliée à Al-Qaïda.
D’après le chef d’état-major américain Martin Dempsey, les risques posés par la filiale d’Al-Qaïda concernent tous les intérêts occidentaux et les pays européens ont d’ailleurs emboîté le pas à leurs alliés américains.
Londres a fait évacuer tout son personnel de son ambassade à Sanaa et placé sa marine marchande en état d’alerte maximum. La France et l’Allemagne ont fermé leurs ambassades dans ce pays. Les Pays-Bas, tout comme la Belgique, ont conseillé à leurs ressortissants de quitter le Yémen "au plus vite" et Rome a mis en garde face au "risque particulièrement élevé" d’enlèvements d’Italiens.
Mais Sanaa a déploré toutes ces mesures, estimant qu’elles "servaient les intérêts des extrémistes" et "sapaient l’exceptionnelle coopération entre le Yémen et l’alliance internationale contre le terrorisme".
Dans le même temps, l’attaque de drone à l’est de Sanaa a tué quatre membres présumés d’Al-Qaïda qui étaient à bord d’un véhicule pulvérisé par quatre missiles, a indiqué à l’AFP un responsable tribal. D’après le ministère yéménite de la Défense, au moins l’un d’eux figure sur une liste de 25 suspects qui "planifiaient des attaques terroristes durant les derniers jours du ramadan et pendant la fête du Fitr".
Le responsable tribal a désigné deux victimes sous les noms de Saleh al-Tays al-Waeli et Saleh Ali Guti. Le premier figure sur cette liste des 25 que Sanaa avait rendu publique lundi.
C’est l’interception de messages entre le numéro un d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, et Nasser al-Whaychi, le chef d’AQPA, qui a décidé les Etats-Unis à fermer une vingtaine d’ambassades et de consulats depuis dimanche, selon le New York Times et CNN.
Le premier aurait ordonné au second de perpétrer un attentat dès dimanche 4 août, rapporte le NYT. D’après CNN, Zawahiri aurait demandé à Whaychi de "faire quelque chose".
Le département d’Etat a refusé de commenter ces informations.
Le ministère a confirmé sa liste de 19 ambassades et consulats devant être ou rester fermés jusqu’au 10 août dans des pays du monde arabe et en Afrique.
Washington avait lancé son alerte jeudi dernier, annonçant que 25 représentations diplomatiques et consulaires —sur 222 dans le monde— allaient fermer à compter du 4 août.
Michael McCaul, président de la Commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants, a jugé sur CBS qu’il s’agissait "d’une des menaces les plus crédibles et les plus précises (...) depuis le 11-Septembre".

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