jeudi 15 août 2013

Une sécheresse a mis fin à des civilisations méditerranéennes

La disparition de civilisations florissantes dans l’est du bassin méditerranéen il y a 3200 ans aurait résulté d’une longue sécheresse, selon des chercheurs français, qui soulignent le rôle clé du climat dans l’histoire des sociétés humaines.
L’effondrement politique et économique de certaines des civilisations les plus avancées, mycénienne, minoenne ou du vaste empire Hittite à la fin de l’âge de bronze avait jusqu’à maintenant surtout été attribué à des destructions humaines consécutives pour partie aux invasions dans le delta du Nil, les côtes turques ou en Syrie et en Palestine.
Les auteurs de ces travaux, publiés dans la revue américaine PLOS ONE, ont analysé les grains de pollen retrouvés dans des sédiments du lac salé de Larnaka sur l’île de Chypre.
Le changement des isotopes de carbone, la "signature chimique" des plantes locales et de la région montre que le lac a connu une période humide avant de s’assécher progressivement. Cette période correspond à une sécheresse de quatre siècles à l’origine de l’anéantissement de ces civilisations.
Combinant ces données avec des indices archéologiques comme des tablettes cunéiformes et des correspondances entre monarques, les chercheurs concluent que la crise de la fin de l’âge de bronze en Méditerranée orientale a simplement été "un épisode complexe ayant résulté d’une sécheresse provoquée par un changement climatique. Ce dernier a entraîné des famines, des invasions étrangères et des conflits politiques".
Selon ces chercheurs, dont David Laniewski de l’Université Paul-Sabatier à Toulouse, le principal auteur, l’effondrement de ces civilisations méditerranéennes met en lumière la vulnérabilité climatique des sociétés dépendantes de l’agriculture.
"C’est l’un des meilleurs exemples montrant comment une entité économique et commerciale internationale, composée de multiples Etats, peut s’effondrer en raison du changement climatique", estime Lee Drake, professeur d’Archéologie à l’Université du Nouveau-Mexique au sud-ouest des Etats-Unis. "Cela nous donne une idée de la manière dont cela se produit", ajoute l’archéologue qui n’a pas participé à cette étude.
La fin de la civilisation Maya est également attribuée à une longue sécheresse. Les historiens estiment aussi qu’un événement climatique pourrait avoir été l’un des déclencheurs de la Révolution française en 1789.
Mais dans le cas de la sécheresse dans l’est du bassin méditerranéen à la fin de l’âge de bronze, les causes ne sont pas totalement établies.
Les températures de surface de la Méditerranée se sont rapidement refroidies durant cette époque réduisant l’évaporation et les précipitations dans les terres, selon Lee Drake.
Cela a correspondu à un refroidissement général de deux degrés dans l’hémisphère nord, précise-t-il.
"La grande question est de savoir pourquoi un important changement de la température globale a pu provoquer une réaction aussi rapide en Méditerranée" relève ce chercheur.
"Je pense qu’il est très important de comprendre ce mécanisme car il n’est pas inconcevable qu’un tel phénomène se reproduise", dit-il à l’AFP.
"Le plus grand danger au Proche-Orient n’est pas nécessairement représenté par un Etat ou un dictateur mais plutôt par le changement climatique", juge-t-il.

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