Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi soir
pour soutenir le gouvernement islamiste modéré en Tunisie lors de l’une
des plus importantes mobilisations de rue depuis la révolution de 2011.
Les militants d’Ennahda, au nombre d’au moins 150.000 selon le parti,
ont défilé sur la place de la Casbah près des bâtiments du Premier
ministre à Tunis en chantant "non aux coups d’Etat, oui aux élections".
Ennahda a appelé à la mobilisation de ses partisans afin de soutenir le
gouvernement face à la contestation de l’opposition qui demande le
départ des dirigeants en place.
"Nous soutenons la légitimité de ce gouvernement parce nous nous aimons
la Tunisie, nous aimons la démocratie, pas Ennahda", a commenté Suad
Nasri, une jeune femme de 40 ans, portant un drapeau tunisien. "Je ne
suis pas une militante d’Ennahda mais je veux que notre démocratie
réussisse".
Rachid Ghannouchi, chef de file du parti islamiste, s’est exprimé devant
les manifestants comparant la révolution tunisienne à une bougie "qui
éclaire le monde".
"Aujourd’hui, (l’opposition) veut essayer de l’éteindre en organisant un
coup d’Etat", a lancé le dirigeant. "La contre-révolution ne
l’emportera pas", a-t-il promis.
Pour l’opposition, qui a rassemblé environ 10.000 partisans, le
gouvernement "a perdu sa légitimité". Les opposants dénoncent les
assassinats de deux importants leaders laïques, Mohamed Brahmi abattu
devant chez lui il y a 10 jours et Chokri Belaïd, tué il y a six mois.
L’opposition a promis de nouvelles manifestations dimanche mais
également mercredi marquant le sixième mois de la mort de Belaïd.
La place de la Casbah était le lieu des principaux rassemblements à
Tunis dans les jours qui ont suivi la chute du président Zine ben Ali en
2011.
Plus tôt dans la soirée, le Premier ministre Ali Larayedh a appelé au
calme alors que partisans et adversaires de son gouvernement avaient
prévu d’organiser d’importantes manifestations.
Les soutiens d’Ennahda prévoyaient "une marche d’un million" de
personnes dans la soirée de samedi, tandis que l’opposition, qui
manifeste presque quotidiennement, a appelé à descendre dans la rue
dimanche.
"La Tunisie a besoin d’unité nationale (...) J’appelle au calme afin que
l’armée et les forces de sécurité puissent combattre le terrorisme et
ne dispersent pas leurs efforts", a déclaré le chef du gouvernement lors
d’une conférence de presse.
Vendredi, les forces de l’ordre ont lancé une opération aéroterrestre de
grande envergure dans le djebel Châambi, dans l’ouest du pays
frontalier de l’Algérie, pour débusquer des maquisards djihadistes qui
s’y cachent et qui ont tué en début de semaine huit militaires dans une
embuscade.
Les principaux groupes d’opposition ont refusé de participer samedi à
des pourparlers pour sortir de la crise politique dans laquelle a
replongé le pays depuis le deuxième assassinat en six mois d’un opposant
laïc de premier plan fin juillet.
Le ministère tunisien de l’Intérieur a annoncé samedi que les forces de
sécurité ont déjoué vendredi une tentative d’assassinat visant un
important représentant politique dans la ville de Sousse.
Le ministère a ajouté que deux "dangereux terroristes" avaient été
interpellés pour leur implication présumée dans cette attaque. Un
troisième suspect est toujours en fuite après avoir échangé des coups de
feu avec les forces de l’ordre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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