Les pourparlers de paix sur la création d’un Etat palestinien ont
repris mercredi à Jérusalem dans un climat de scepticisme après les
annonces israéliennes de construction de milliers de nouveaux logements
dans des colonies juives de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Quelques heures avant la reprise de ces discussions après une première
prise de contact fin juillet à Washington, Israël a libéré au cours de
la nuit 26 prisonniers palestiniens sur les 104 que l’Etat hébreu s’est
engagé à élargir conformément à une exigence du président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas.
Ces Palestiniens purgeant de longues peines pour des attaques contre des
Israéliens ont été sortis de prison à bord de véhicules aux vitres
teintées qui les ont rapidement amenés aux frontières de la Cisjordanie
et de la bande de Gaza, où ils ont été accueillis triomphalement.
L’atmosphère était beaucoup moins festive lorsque les négociateurs
palestiniens et israéliens se sont retrouvés dans l’après-midi à l’hôtel
King David de Jérusalem.
"Israël va recourir à des esquives et à des dérobades et formuler des
demandes impossibles à satisfaire pour pouvoir dire que ces discussions
sont stériles et poursuivre la politique de vol de terres menée en ce
moment", a déclaré Yasser Abed Rabbo, un des négociateurs mandatés par
le président palestinien Mahmoud Abbas.
Israël vient de donner son feu vert à la construction de 3.100 nouveaux
logements dans les colonies de peuplement juives en Cisjordanie, malgré
les critiques internationales.
La ministre de la Justice israélienne Tzipi Livni, chef des négociateurs
de son pays, a promis sur sa page Facebook d’oeuvrer en faveur de la
"sécurité" d’Israël.
"Aujourd’hui, je vais poursuivre la mission importante que j’ai entamé :
conclure un accord de paix qui maintiendra le pays juif et démocratique
et offrira la sécurité (...) à Israël et à ses citoyens", a-t-elle
écrit.
Le ministre des Sciences, Yaakov Peri, a de son côté évoqué le "périple
long et épuisant" qui attend les négociateurs. "Le compte à rebours est
enclenché pour les Palestiniens comme pour nous. Nous n’aurons pas
beaucoup d’autres occasions de résoudre ce conflit", a-t-il dit à la
radio de l’armée israélienne.
Pour éviter une trop forte contestation interne, le gouvernement est
resté discret sur les noms des Palestiniens qui doivent encore être
libérés.
Aux premières heures de mercredi, les 11 anciens prisonniers ramenés en
Cisjordanie ont été accueillis par les chants et les larmes de centaines
de proches agitant des drapeaux palestiniens dans le complexe
présidentiel de Ramallah, où une grande scène avait été installée.
Mahmoud Abbas a embrassé chacun d’eux sur les deux joues et s’est joint à
eux pour effectuer le V de la victoire sous les flashs des
photographes.
"Nous nous félicitons et nous félicitons nos familles pour nos frères
qui ont quitté l’obscurité des prisons pour le soleil lumineux de la
liberté. Nous leur disons, à eux et à vous, que les autres vont suivre,
qu’ils ne sont que les premiers", a lancé le président palestinien à la
foule.
Dans la bande de Gaza, où sont arrivés les 15 autres anciens prisonniers
après avoir franchi un barrage israélien, des Palestiniens ont tiré en
l’air et allumé des feux d’artifice pour fêter leur libération.
"Je croyais ne jamais le revoir. Il n’y a pas de mots pour décrire ce
que je ressens, toute la joie du monde est avec moi", a dit Adel Mesleh,
dont le frère Salama a été condamné en 1993 à la prison à vie pour le
meurtre d’un Israélien.
Ces démonstrations de joie ont été accueillies avec amertume en Israël.
"C’est un triste jour pour commencer à négocier avec des gens qui
accueillent des meurtriers comme des héros", a réagi Erez Goldman, un
habitant de Jérusalem. "Je ne pense de toute façon pas que ces
négociations nous mènent quelque part."
Si le pessimisme est de mise dans les deux camps, ni Mahmoud Abbas, ni
Benjamin Netanyahu ne veulent porter la responsabilité de l’échec
éventuel des pourparlers.
A l’origine de la reprise des discussions après trois ans de suspension,
John Kerry a pris la peine mardi de téléphoner aux dirigeants des deux
camps en marge de sa première visite en Amérique du Sud en tant que
secrétaire d’Etat américain.
Du Brésil, John Kerry dit avoir eu une "discussion très franche et
ouverte, directe au sujet des colonies" avec le Premier ministre
israélien, Benjamin Netanyahu.
Il s’est également dit certain que Mahmoud Abbas "continuait de vouloir
venir à cette négociation", que le secrétaire d’Etat américain a arraché
aux Israéliens et aux Palestiniens à l’issue d’une intense navette
diplomatique.
John Kerry a toutefois semblé se résigner à ce qu’Israël continue de
développer les colonies qu’il compte conserver dans le cadre d’un
éventuel accord de paix.
"Nous continuons de penser que ce serait mieux de ne pas le faire",
a-t-il dit. "Mais il y a des réalités dans la vie d’Israël qu’il faut
prendre en compte."
(14-08-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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