L’état d’urgence a été décrété mercredi pour un mois en Egypte par le
pouvoir mis en place par l’armée, après l’intervention sanglante des
forces de l’ordre pour déloger les manifestants islamistes pro-Morsi de
deux places du Caire, a annoncé la présidence. Au moins 124 manifestants
ont été tués sur la seule place Rabaa al-Adawiya, selon le décompte
d’un journaliste de l’AFP sur place, et les partisans du président
Mohamed Morsi destitué par l’armée le 3 juillet multiplient les
manifestations dans toute la capitale et d’autres grandes villes du
pays.
Démission de Mohamed ElBaradei
Le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, qui avait apporté sa caution
morale à la destitution de M. Morsi le 3 juillet par les militaires, a
présenté sa démission. Il avait à plusieurs reprises plaidé pour une
solution politique à la crise, répétant que les Frères musulmans
devaient participer à la transition.
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Au moins 95 morts en Egypte, selon le ministère de la Santé
L’intervention des forces de sécurité égyptiennes au Caire et les
affrontements avec des partisans du président destitué Mohamed Morsi ont
fait au moins 95 morts dans toute l’Egypte, annonce le ministère
égyptien de la Santé.
"Les morts sont à la fois des policiers et des civils. Nous attendons
davantage de détails", a déclaré un porte-parole du ministère.
Les autorités font également état de 874 blessés.
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La fille d’un chef des Frères musulmans a été tuée
La fille de 17 ans d’un des principaux leaders des Frères musulmans,
dont est issu le président déchu Mohamed Morsi, a été tuée par balles
mercredi dans l’opération sanglante de la police et de l’armée pour
disperser les manifestants islamistes au Caire, a annoncé la confrérie.
Asmaa al-Beltagui, dont le père, Mohammed al-Beltagui, est l’un des
rares principaux chefs de l’influente confrérie à n’avoir pas encore été
arrêté, a reçu une balle dans la poitrine et une dans le dos lors de
l’assaut de la police contre Rabaa al-Adawiya, occupée depuis plus d’un
mois par les manifestants islamistes, a déclaré un porte-parole des
Frères musulmans.
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Union européenne : "L’intervention policière" condamnée
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a "fermement
condamné" l’intervention policière. "Les nombreuses morts dénombrées ce
matin au Caire ne sont pas acceptables", a-t-il dénoncé, cité par un
communiqué. Avant d’appeler le gouvernement égyptien à "assurer à tous
les Égyptiens (...) la liberté de manifester de façon pacifique". "C’est
la responsabilité du gouvernement actuel de trouver une issue juste et
pacifique à la crise actuelle", a-t-il insisté. "La violence ne mènera à
aucune solution et nous exhortons toutes les parties à faire preuve de
la plus grande retenue", a déclaré un porte-parole de la Commission
européenne au cours d’un point de presse. "Les informations sur le
nombre de victimes et de morts sont extrêmement préoccupantes", a dit
Peter Stano s’exprimant au nom du porte-parole de la chef de la
diplomatie européenne, Catherine Ashton.
Iran : Une "guerre civile" est possible
L’Iran a condamné un "massacre" en Égypte, après l’opération des forces
de l’ordre qui a fait des dizaines de morts parmi les Frères musulmans,
dans un communiqué publié mercredi par l’agence Fars. "L’Iran suit de
près les événements amers en Égypte, désapprouve les actions violentes,
condamne le massacre de la population et met en garde contre ses graves
conséquences", affirme le ministère iranien des Affaires étrangères dans
le communiqué. "Cette approche renforce la possibilité d’une guerre
civile dans le grand pays islamique de l’Égypte", affirme le ministère
qui appelle "toutes les parties à la retenue" en encourageant "le
dialogue national et le processus démocratique" pour mettre fin à la
crise. Les forces de l’ordre égyptiennes ont mis mercredi leurs menaces à
exécution et ont commencé à disperser les partisans du président
islamiste déchu Mohamed Morsi, dans une opération qui a rapidement
tourné au bain de sang avec des dizaines de morts. L’Iran et l’Égypte
n’ont pas de relations diplomatiques depuis plus de 30 ans à cause de
l’accord de paix signé entre l’Égypte et Israël. La chute de l’ancien
président Hosni Moubarak n’a pas permis de renouer ces liens.
Qatar : Des "innocents sans armes" ont perdu la vie
Principal soutien des Frères musulmans, le Qatar a dénoncé mercredi avec
force l’intervention de la police égyptienne contre les partisans du
président islamiste déchu, Mohamed Morsi. "Le Qatar dénonce avec force
la méthode utilisée contre les manifestants pacifiques (...) qui a coûté
la vie à un certain nombre d’innocents sans armes", a déclaré un
porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar.
Allemagne : "Empêcher une escalade de la violence"
"Nous appelons toutes les forces politiques à reprendre immédiatement le
dialogue et les négociations et à empêcher une escalade de la
violence", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido
Westerwelle. "Toute nouvelle effusion de sang en Égypte doit être
empêchée. Nous appelons toutes les parties à retourner à un processus
politique, qui inclut toutes les forces politiques", a-t-il ajouté.
"Nous attendons du gouvernement de transition et des autorités
égyptiennes qu’ils autorisent les manifestations pacifiques", a-t-il
continué. "Et de la même façon, nous attendons de toutes les autres
forces politiques qu’elles prennent clairement leur distance vis-à-vis
de la violence et qu’elles n’agissent pas de manière violente", a-t-il
dit.
Grande-Bretagne : "Agir avec retenue"
Le ministère britannique des Affaires étrangères a condamné mercredi
"l’utilisation de la force pour disperser les manifestations" pro-Morsi
au Caire et a appelé "les forces de sécurité à agir avec retenue" après
les violences qui ont fait des dizaines de morts. "Je condamne
l’utilisation de la force pour disperser les manifestations et appelle
les forces de sécurité à agir avec retenue", a déclaré dans un
communiqué le chef de la diplomatie britannique William Hague, qui s’est
dit "profondément inquiet de l’escalade de la violence en Égypte".
Turquie : Une situation qui pourrait virer au "chaos"
"La communauté internationale avec en tête le Conseil de sécurité de
l’Onu et la Ligue arabe doivent immédiatement passer à l’acte pour faire
cesser ce massacre", souligne un texte publié par le service de presse
du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Recep
Tayyip Erdogan, chef du parti islamo-conservateur de la Justice et du
développement (AKP), ainsi que le président Abdullah Gül ont dès le
début qualifié de "coup d’État" la destitution par l’armée du président
égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, provoquant l’ire de
la nouvelle direction au Caire. Abdullah Gül a, pour sa part, dénoncé
une opération "inacceptable" de la police égyptienne contre les
partisans de Mohamed Morsi, qui a tourné au bain de sang, craignant que
la situation en Égypte ne dégénère en conflit comme en Syrie. "Ce qui
s’est passé en Égypte, cette intervention armée contre des civils qui
manifestent ne peut absolument pas être acceptée", a indiqué le chef de
l’État devant la presse à Ankara, exhortant toutes les parties au calme.
Abdullah Gül a dit redouter une situation qui pourrait virer au "chaos"
en Égypte. "Nous voulons rappeler à tout le monde comment les violences
avaient commencé chez notre voisin" syrien, a-t-il continué, appelant
une nouvelle fois à la libération du président déchu et à l’organisation
dans les plus brefs délais d’élections "transparentes" en Égypte.
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