mercredi 14 août 2013

Algérie : Un ancien ministre poursuivi pour corruption

(Crédits photo : Hans Punz/AP)

La justice algérienne a lancé un mandat d'arrêt international contre Chakib Khelil, ancien ministre de l'Énergie, ex-PDG du groupe pétrolier Sonatrach, et contre huit autres personnes, dont son épouse, ses deux enfants, un de ses hommes de confiance, Farid Bedjaoui, et son ex-directeur de cabinet Réda Hemch. Tous sont recherchés dans le cadre d'une énième affaire de corruption liée à la Sonatrach, cette fois avec l'entreprise italienne d'ingénierie Saipem, filiale du géant pétrolier ENI.

Chakib Khelil, dont les comptes et les biens immobiliers en Algérie ont été gelés, est poursuivi pour «corruption, trafic d'influence, blanchiment d'argent et direction d'une association de malfaiteurs et d'une organisation criminelle internationale». «Une pieuvre dont les tentacules s'étendent jusqu'au Liban, en Italie, aux Émirats arabes unis, en France et en Suisse», a déclaré lundi le procureur général Belkacem Zeghmati.

Des responsables italiens ont évoqué 197 millions d'euros de pots-de-vin versés pour l'obtention de sept marchés en Algérie, présentés comme frais d'intermédiation de la société Pearl Partners Limited, domiciliée à Hongkong et appartenant à Farid Bedjaoui. Ce dernier, poursuivi au Canada pour avoir aidé le groupe SNC Lavalin à obtenir des marchés en Algérie en contrepartie de commissions, se trouverait actuellement à Dubaï, où il fait depuis début août l'objet d'un mandat international lancé par le parquet de Milan.

Un protégé de Bouteflika
Si aujourd'hui les Algériens sonnent l'hallali contre celui qui fut pendant plus de dix ans un des décideurs les plus influent du pays, protégé par le président Bouteflika, c'est, selon Hocine Malti, cofondateur de la Sonatrach, parce que «la justice italienne, en poursuivant Bedjaoui et en citant Khelil, ne leur a pas laissé le choix». «Mais l'Algérie a fait en sorte que l'ancien ministre Khelil - réfugié aux États-Unis, qui ne l'extraderont jamais, car il est aussi citoyen américain - ne soit jamais arrêté et ne dénonce jamais l'entourage du président, en particulier son frère, Saïd Bouteflika».
Pour un proche du dossier, une telle «lecture politique» fait oublier que «si l'affaire a éclaté en Italie, c'est grâce à une enquête ouverte par le pôle pénal d'Alger en 2012» et que le seul tort des Algériens a été de «ne pas communiquer sur les évolutions de l'instruction».
Mais cette version ne convainc pas non plus Djilali Hadjadj, porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption. «Cette annonce est un non-événement. Lorsque des mesures pouvaient être prises contre Chakib Khelil, elles ne l'ont pas été. Il est évident que la justice algérienne a reçu un ordre du pouvoir, pour ne pas dire du DRS (les services secrets, NDLR), dit-il. Nous avons aussi des informations selon lesquelles le gouvernement algérien est en train de faire pression sur la justice algérienne pour qu'elle freine les enquêtes judiciaires, en exerçant un chantage commercial comme il a l'habitude de le faire avec tous les pays qui sont ses clients. Quant à Chakib Khelil, il reste sous la protection des Américains.»

(Mélanie Matarese, Figaro)

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