vendredi 6 juillet 2012

Syrie : L’opposition syrienne plaide sa cause dans la tourmente

Les Amis du peuple syrien se réunissent vendredi à Paris, où l’opposition tentera d’enterrer ses divisions avec en toile de fond l’intensification des combats et l’échec persistant de la diplomatie.
Les représentants des pays opposés à la répression orchestrée par le régime de Bachar al Assad y côtoieront, pour la troisième fois après des réunions similaires à Tunis et Istanbul, des membres d’une opposition qui paraît plus hétéroclite et divisée que jamais.
Les querelles entre opposants syriens sont apparues au grand jour lorsqu’ils en sont venus aux mains cette semaine lors d’une réunion dans un palace du Caire.
La recherche d’une solution diplomatique ne progresse guère plus, la Russie et la Chine ayant à nouveau refusé, lors d’une réunion à Genève le week-end dernier, d’appuyer une déclaration réclamant une transition politique prévoyant la mise à l’écart de Bashar al Assad.
Le plan de l’émissaire de l’Onu Kofi Annan, qui prône un désengagement militaire des forces de la répression et l’établissement d’un dialogue politique, paraît lui aussi dans l’impasse. Il faudrait en effet, pour l’imposer, une résolution contraignante de l’Onu à laquelle la Russie et la Chine risqueraient d’opposer à nouveau leur veto.
Sur le terrain, l’armée syrienne a continué ces derniers jours de bombarder les positions rebelles, notamment à Douma, dans la banlieue de Damas. Le conflit, qui dure depuis mars 2011, a fait plus de 15.000 morts, dit-on de sources syriennes et occidentales et aucune accalmie ne se dessine.
Dans ces conditions, une troisième réunion des Amis de la Syrie sert-elle vraiment à quelque chose ?
Oui, insiste-on à Paris, où l’on souligne qu’une centaine de délégations seront présentes vendredi et que la mobilisation contre le régime syrien marque des points.
A part une petite poignée de chefs de gouvernement, les participants ne seront cependant "que" des ministres des Affaires étrangères, voire des officiels d’un grade inférieur.
La Russie, soutien militaire du régime de Bashar al Assad, a décliné l’invitation et la Chine, qui s’aligne depuis le début de la crise sur les positions de Moscou, ne sera pas présente non plus.
François Hollande, qui lancera les débats par un discours, n’en aura pas moins l’occasion de faire entendre sa voix sur la scène internationale après une séquence domestique chargée.
Quant au chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, il présentera les conclusions de la réunion qui, dit-on de source diplomatique à Paris, devraient comporter des mesures concrètes de soutien aux opposants et aux victimes de la répression, notamment sous la forme d’une aide humanitaire.
La position de la France est connue : elle souhaite le départ de Bashar al Assad et une transition politique. Consciente des difficultés rencontrées dans la recherche d’une solution négociée, elle veut croire à une victoire claire et nette de l’opposition sur le terrain.
"Le rapport de forces a changé depuis trois semaines", note une source diplomatique française. "Il existe des zones dans lesquelles les forces de sécurité n’ont plus accès. Elles ne sont pas très grandes mais certaines sont connectées."
Autre option envisagée par Paris : une intervention de la Russie, qui fournit des armes à la Syrie, pour faire pression sur Bashar al Assad afin qu’il s’écarte.
Là encore, la France constate une évolution qu’elle juge encourageante. "Nous entendons, dans les cercles politiques et militaires russes, des choses surprenantes que nous n’entendions pas jusqu’à présent", confie un diplomate français.
En clair, Moscou pourrait consentir bientôt, du bout des lèvres, à discuter de l’après-Bashar al Assad.
Quant aux opposants, au moins pourront-ils témoigner des horreurs qu’ils endurent.
La réunion de Paris, insiste la France, sera politique. Les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) n’y seront donc pas représentés et tandis que l’avenir de leur pays sera évoqué dans la capitale française, il seront engagés sur le terrain dans d’intenses combats, chaque jour plus meurtriers.

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Le chef des observateurs critique l’inaction internationale
Le chef des observateurs de l’ONU en Syrie, le général Robert Mood, a critiqué sur un ton inhabituel mercredi la communauté internationale qui ne fait selon lui que palabrer dans de "beaux hôtels" sans remédier à l’enlisement du conflit syrien.
Dans une nouvelle tentative de résoudre la crise, des pays occidentaux et arabes et des opposants syriens se réunissent vendredi à Paris pour tenter d’obtenir le départ du président Bashar al-Assad, en dépit de l’opposition de la Russie qui boycotte cette troisième rencontre des Amis du peuple syrien.
La France et la Grande-Bretagne ont exhorté Moscou à cesser de soutenir "le régime meurtrier" de Bachar al-Assad, soulignant qu’il était "condamné".
La Russie, alliée du régime, a de son côté démenti toute discussion avec Washington concernant l’avenir d'  Assad, à la suite d’informations de presse selon lesquelles les Etats-Unis tenteraient de convaincre le Kremlin d’accorder l’asile politique au chef d’Etat contesté.
Exprimant sa déception face à l’impasse dans le dossier syrien, le général Mood, chef d’une mission d’observateurs aujourd’hui suspendue en raison des violences, s’en est pris aux réunions stériles censées trouver une issue à près de 16 mois de violences, qui ont tué encore 70 personnes mercredi.
"Il y a beaucoup trop de discussions dans de beaux hôtels, dans d’agréables réunions, alors que l’on agit trop peu pour aller de l’avant et arrêter la violence", a-t-il affirmé à la presse à Damas. Il a toutefois reconnu la difficulté des pourparlers, estimant que la réunion du 30 juin à Genève préconisant un gouvernement de transition était "le meilleur résultat possible en vue d’une issue pacifique pour le peuple syrien".
A Genève, les grandes puissances, dont la Russie, la Turquie et des pays arabes, étaient arrivées à un consensus sur les principes d’une transition en Syrie avant de diverger sur l’interprétation de l’accord. Washington a estimé qu’il ouvrait la voie à l’ère "post-Assad", tandis que Moscou et Pékin, également allié de Damas, réaffirmaient qu’il revenait aux Syriens de déterminer leur avenir.
Le ministère syrien des Affaires étrangères, qui n’avait pas réagi jusque là, s’est félicité mercredi de la position russe et chinoise, saluant l’accord tout en émettant des réserves sur "certains points", sans élaborer.
A ces divisions, persistantes depuis le début de la révolte en mars 2011, s’ajoutent les divergences de l’opposition, dont les pourparlers au Caire se sont terminés dans une ambiance tendue au point que certains en sont venus aux mains.
Au bout de deux jours de réunions, 200 représentants de 30 mouvements d’opposition sont parvenus à se mettre d’accord sur une transition excluant Assad, mais ont laissé percer leurs divergences sur la façon d’y parvenir.
Des participants ont rapporté que des opposants avaient claqué la porte, accusant les autres de monopoliser les décisions.
Vendredi, la conférence de Paris consistera d’ailleurs à "encourager" l’opposition syrienne à s’unifier et à "accroître la pression sur le régime syrien pour que soit appliqué le plan de Genève" et un cessez-le-feu jamais respecté, selon une source diplomatique occidentale.
Sur le terrain, les combats entre rebelles et armée faisaient rage mercredi, notamment à proximité d’une branche des renseignements aériens, l’un des organes les plus redoutés du régime, près de la capitale, indique l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
Selon l’OSDH, 35 civils, 9 combattants rebelles, et 26 soldats syriens ont été tués mercredi.
Les 26 militaires ont péri dans des combats à Homs, Idleb (nord-ouest), Deir Ezzor (Est), et dans la province de Damas.
Face à la répression féroce, la contestation s’est militarisée au fil des mois, dégénérant en conflit armé, notamment entre les troupes syriennes et l’Armée syrienne libre, force d’opposition armée crée par des déserteurs.
Un général, le 15ème, et plusieurs officiers de l’armée syrienne ont fait défection et sont passés mercredi en Turquie selon un diplomate turc.
A Homs, les forces gouvernementales bombardaient deux quartiers rebelles selon un militant joint par Skype.
Par ailleurs, les corps des deux pilotes de l’avion de combat turc abattu le 22 juin par la défense syrienne ont été retrouvés en mer, selon l’armée turque.
Ankara soutient que l’avion s’entraînait dans l’espace aérien international, alors que Damas affirme qu’il était entré dans son espace aérien. Une source russe a indiqué que l’avion avait "provoqué" la défense antiaérienne syrienne, en violant "deux fois" l’espace aérien de ce pays.
Le dictateur Assad a regretté cet incident dans un entretien à un journal turc, en rejetant les accusations d’Ankara et reprochant de nouveau à son voisin turc de fournir un soutien logistique aux "terroristes" syriens.

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Timide mea culpa de Bashar al-Assad sur la répression
Le président syrien Bashar al-Assad a regretté les méthodes violentes utilisées par les forces qui lui sont loyales lors de la première vague de contestation l’an dernier dans son pays, affirmant jouir toujours d’un soutien populaire, dans des déclarations à un journal turc publiées jeudi.
"Bien sûr nous sommes humains, et nous pouvons faire des erreurs", a-t-il répondu au journaliste du quotidien Cumhuriyet qui l’interrogeait sur la répression violente des premiers mouvements pacifiques de contestation en Syrie, en mars 2011.
Le président syrien affirme cependant que les manifestants ont été "payés" par des forces étrangères pour déstabiliser la Syrie.
"Tout le monde doit savoir qu’il s’agit d’un jeu soutenu depuis l’étranger (...) Il y a beaucoup d’argent qui provient de l’étranger", a-t-il déclaré.
Le dirigeant syrien déclare aussi que c’est grâce au soutien de son peuple qu’il peut conserver ses fonctions après 15 mois de révolte et de répression qui ont coûté la vie à plus de 16.500 personnes, selon les organisations des droits de l’Homme.
"Si je ne disposais pas du soutien du peuple, j’aurais été renversé comme le Shah d’Iran (Reza) Pahlavi. Tout le monde pensait que je partagerais le même sort, on s’est trompé", a-t-il ajouté.
Les puissances étrangères, "avec en tête les Etats-Unis", doivent cesser de soutenir l’opposition, a-t-il dit, accusant des pays de la région, sans les nommer, de fournir un soutien logistique aux "terroristes" en Syrie. La veille, dans un autre volet de cet entretien, le président syrien avait ouvertement accusé la Turquie voisine d’aider les déserteurs de l’armée syrienne à combattre le régime.
Dans des propos rapportés jeudi par la presse turque, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a accusé le président syrien de "mensonge", dans cet entretien à Cumhuriyet.
"Il est impossible de croire à Assad, il a massacré près de 20.000 personnes en un an", a dit le ministre, dont le pays a coupé les ponts avec son ex-allié syrien en raison de la répression sanglante de la contestation.

(05 juillet 2012)

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