mercredi 14 août 2013

Israël/Palestine : Négociations israélo-palestiniennes à l’ombre de la colonisation (Assawra)


A dix minutes de voiture de l’hôtel qui accueillera mercredi les négociateurs pour la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens gelés depuis 2010, des bulldozers israéliens redessinent la terre que les Palestiniens veulent intégrer dans leur futur Etat.
Les nouveaux logements destinés aux colons sortent de terre comme des champignons à Jérusalem-Est, pendant que des routes sont construites pour relier entre elles les implantations juives en Cisjordanie occupée. Israël vient d’approuver la construction de 3.100 logements supplémentaires sur des territoires conquis en 1967.
La poursuite de la colonisation, qui avait déjà entraîné l’interruption des négociations il y a trois ans, soulève de sérieux doutes sur les chances des négociateurs de conclure un accord conduisant à la création d’un Etat palestinien au côté de celui d’Israël.
"La solution de deux Etats est devenue inaccessible", assène même Dani Dayan, ancien président du mouvement des colons, arguant du fait qu’un accord supposerait l’évacuation de tellement de colons qu’il serait impossible à mettre en oeuvre.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, grand artisan de cette reprise des négociations de paix, reconnaît que la poursuite "illégitime" de la colonisation est un obstacle de taille, mais il veut croire que celui-ci peut encore être surmonté.
"Cela démontre à quel point il est important de s’asseoir autour de la table des négociations, et de le faire vite", a-t-il répondu lundi au cours d’un déplacement en Colombie, où la presse l’interrogeait sur le signal envoyé par les annonces israéliennes.
Israël a rejeté en bloc les critiques, en expliquant que les nouveaux projets de logements se situent dans des implantations que l’Etat juif a l’intention de conserver quelle que soit l’issue des négociations.
Le nombre de colons a fortement augmenté ces dernières années. Il y a trois ans, lorsque les Palestiniens se sont retirés des pourparlers pour protester contre le refus du gouvernement israélien de prolonger un moratoire sur la construction de logements neufs, 311.110 colons vivaient en Cisjordanie. Aujourd’hui, selon la radio de l’armée israélienne, ils seraient 367.000.
Si l’on ajoute Jérusalem-Est, ce chiffre s’élève à 600.000, dont très peu seraient prêts à abandonner leur logement en cas d’accord de paix.
Après une série de discussions préliminaires fin juillet à Washington, les négociations devraient entrer dans le vif du sujet mercredi lorsque la ministre israélienne de la Justice, Tzipi Livni, recevra le chef des négociateurs palestiniens, Saëb Erekat, à l’hôtel King David de Jérusalem.
L’émissaire américain Martin Indyk jouera les médiateurs. Une deuxième session de négociations est d’ores et déjà programmée avant la fin du mois à Jéricho, en Cisjordanie.
Soucieux de ne pas indisposer davantage Washington, Israël a accepté la condition posée par l’Autorité palestinienne pour revenir à la table des négociations en consentant à la libération de 104 prisonniers palestiniens, la plupart condamnés pour meurtre.
Un premier groupe de 26 détenus doit être élargi mercredi et selon les analystes politiques, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a approuvé l’extension des colonies de peuplement pour faire passer la pilule auprès de ses partisans, nombreux à rejeter la solution de deux Etats.
L’ampleur des nouvelles constructions a cependant stupéfait les observateurs, y compris à Washington, et incité les Palestiniens à lancer une mise en garde à Israël.
"Si le gouvernement israélien pense qu’il peut franchir une ligne rouge par semaine en lançant des implantations, s’il persiste dans cette attitude, il ne fera que souligner le caractère intenable des négociations", a déclaré dimanche Saëb Erekat.
Selon Daniel Seidemann, un avocat et expert en colonisation, les projets de construction approuvés au cours des 24 dernières heures représentent une hausse de 3,26% du nombre de logements rien qu’à Jérusalem-Est, ce qui pourrait torpiller les espoirs de paix.
"Je crois que M. Netanyahu a fait une erreur de calcul. Il ne pleurera pas si les négociations échouent, mais il aura à en payer le prix s’il en est tenu pour responsable", dit-il.
Israéliens et Palestiniens se sont donnés neuf mois pour parvenir à un accord qui engloberait la question des frontières, le statut de Jérusalem, celui des réfugiés palestiniens ou encore le partage des ressources en eau.
Si le pessimisme l’emporte, certains, comme le président israélien Shimon Peres, veulent croire que l’instabilité régionale née des printemps arabes a changé la donne.
"Les sceptiques ont tort. Il y a une différence entre ces négociations et les tentatives précédentes", assure-t-il.

(13-08-2013 - Assawra avec les agences de presse)

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