dimanche 1 juillet 2012

Syrie : "Une transition du pouvoir en Syrie doit être décidée par les Syriens" (Sergueï Lavrov)

Un accord sur les principes d’une transition en Syrie a été obtenu samedi à Genève au cours de la réunion du groupe d’action sur la Syrie, ouvrant la voie à l’ère "post-Assad" selon les Etats-Unis alors que la Russie et la Chine ont réaffirmé qu’il revenait aux Syriens de choisir leur avenir.
La réunion de Genève a "ouvert la voie à l’ère post-Assad" et les Etats-Unis vont saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour lui soumettre cet accord, a déclaré la secrétaire d’Etat Hillary Clinton dans une conférence de presse.
L’accord prévoit notamment que le gouvernement de transition puisse inclure des membres du gouvernement actuel, Kofi Annan précisant ensuite qu’il doutait que les Syriens choisissent pour les diriger des personnes "qui ont du sang sur les mains".
"L’organe de gouvernement transitoire exercera les pouvoirs exécutifs. Il pourra inclure des membres du gouvernement actuel et de l’opposition et d’autres groupes et doit être formé sur la base d’un consentement mutuel", a indiqué Kofi Annan, émissaire spécial des Nations Unies et de la Ligue arabe pour la Syrie.
"Je doute que les Syriens choisissent des gens ayant du sang sur les mains pour les diriger", a-t-il précisé dans une conférence de presse.
Interrogé sur l’avenir du président syrien Bashar al-Assad, il a souligné que le "document est clair sur les lignes directrices et les principes pour assister les parties syriennes alors qu’elles (...) établissent un gouvernement de transition et effectuent les changements nécessaires". L’avenir de Bashar al-Assad "sera leur affaire", a-t-il dit.
Pour Hillary Clinton, "Assad doit partir". Elle compte faire passer son message pour l’opposition syrienne et l’encourager à suivre le plan en participant à la réunion des amis du peuple syrien qui se tiendra début juillet à Paris.
Côté russe et chinois, le propos était différent même s’ils ont accepté le plan. Une transition du pouvoir en Syrie doit être décidée par les Syriens, a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ajoutant qu’aucun groupe ne devait être exclu du processus. Il a aussi réitéré son refus du recours au chapitre 7 de la Charte des Nations, qui inclut le possible recours à la force, évoqué par les Occidentaux pour faire pression sur Damas.
Même tonalité pour la Chine : un plan de transition "ne peut qu’être dirigé par les Syriens et être acceptable pour toutes les parties importantes en Syrie. Des personnes de l’extérieur ne peuvent pas prendre des décisions pour le peuple syrien", a souligné le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi.
Le Groupe d’action sur la Syrie, constitué par Kofi Annan, rassemble des chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité - Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne -, de pays représentant la Ligue arabe, Irak, Koweït et Qatar, de la Turquie et les secrétaires généraux de la Ligue Arabe et de l’ONU ainsi que la Haute représentante aux Affaires étrangères de l’Union européenne.
En plus de 15 mois de révolte, la répression et, depuis quelques mois, les combats entre armée et rebelles ont fait plus de 15.800 morts, en majorité des civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
Kofi Annan, l’initiateur de cette réunion au format inédit, avait mis en garde les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, les exhortant à l’unité pour trouver un accord sur la transition en Syrie, faute de quoi "l’histoire nous jugera sévèrement".
Les discussions butaient entre Russes et Occidentaux sur le sort du président Assad. Les Etats-Unis réclament son départ alors que la Russie, un allié de longue date du pouvoir syrien, estime que les puissances étrangères ne doivent pas décider des résultats de la transition en Syrie.
Les prochaines étapes sont maintenant en principe la saisie du Conseil de sécurité pour approuver le plan et lui donner plus de poids, l’application du cessez le feu, la nomination d’un représentant du gouvernement actuel pour la transition et d’un interlocuteur de l’opposition. Kofi Annan a indiqué qu’il comptait se rendre à Damas "mais une date n’a pas encore été fixée".
Sur le terrain, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a lancé un appel au Comité international de la Croix rouge (CICR) pour envoyer des équipes médicales dans la ville de Douma, près de Damas, théâtre d’opérations militaires d’envergure depuis le 21 juin.
La répression et les combats entre armée et rebelles ont fait au moins 82 morts samedi en Syrie, dont 30 civils tués par un obus alors qu’ils participaient à un cortège funéraire à Zamalka, à 10 km à l’est de Damas, a annoncé la même ONG syrienne.

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La presse officielle et des opposants s’accordent sur l’échec de Genève
Les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la mobilisation sur le terrain, ont estimé que les "tournures obscures" employées dans l’accord permettaient au régime "de jouer avec le temps pour réprimer le mouvement de révolution populaire et le faire taire par la violence et les massacres".
"La communauté internationale a une fois de plus échoué à adopter une position commune pour faire cesser les crimes du régime d’Assad", ont insisté les LCC dans leur communiqué.
La presse officielle syrienne a elle aussi parlé d’"échec". "La réunion du Groupe d’action sur la Syrie à Genève hier ressemblait à une réunion élargie du Conseil de sécurité de l’ONU, où les positions des participants sont restées les mêmes", selon le journal du parti au pouvoir, al-Baas.
"Aucun règlement de la crise n’aboutira s’il n’est pas basé sur l’avis du peuple syrien, source de la légalité. Les Syriens sont capables d’engager un dialogue national où il n’y a pas de place pour les pays voisins et les autres pays plus lointains, en particulier ceux qui incitent à tuer les Syriens", insiste un éditorial du journal.

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