En grève de la faim depuis plus de 157 jours (5 mois) et 125 jours
(4 mois), les résistants palestiniens Ayman Sharawneh et Samer Issawi
agonisent. Le directeur du centre Ahrar, Fouad Khafech, lui-même détenu
administratif à plusieurs reprises, a confirmé la détérioration
alarmante de l’état de santé des deux résistants, où les séquelles de
leur longue grève de la faim sont devenues irrémédiables.
Ils réclament, comme beaucoup d’autres prisonniers, détenus
administratifs, leur libération immédiate. Ayman Sharawneh et Samer
Issawi, des villes occupées d’al-Khalil et d’al-Qods, avaient été
libérés lors de l’échange de prisonniers « Fidélité des hommes libres »
en octobre 2011. Mais ils furent de nouveau arrêtés et plaçés en
détention administrative (c’est-à-dire sans aucune charge autre que
« secrète » décrétée par les services de renseignements sionistes), dans
une campagne hystérique de l’occupation consistant à emprisonner de
nombreux prisonniers libérés, par vengeance d’abord, et ensuite pour
mesurer l’état de disponibilité de l’Etat égyptien à suivre le dossier
en tant que garant de l’accord d’échange. Or, en dépit de nombreux
appels de la part des prisonniers et des ministères chargés des
prisonniers (de Ramallah et de Gaza), il s’avère que le pouvoir
égyptien est incapable de garantir cet accord et que les prisonniers et
leurs familles devraient compter sur leurs propres forces, comme
d’habitude, et sur leur peuple avant tout pour assurer la liberté des
détenus administratifs, notamment ceux qui sont en grève de la faim.
Aujourd’hui, 7 prisonniers mènent la grève de la faim réclamant leur
libération immédiate, la dignité pour les prisonniers et le peuple
palestinien, par la suppression de la détention administrative,
détention arbitraire et criminelle pratiquée par l’occupant sioniste et
avant lui, par l’occupant britannique. Les sept prisonniers sont : Ayman
Sharawneh, Samer Issawi, Uday Zayd Kilani (Toubas), en grève de la faim
depuis le 23 octobre dernier. Les deux cadres du Jihad islamique, Tareq
Qaadan et Jaafar Izziddine (Arrabe, près de Jénine) arrêtés puis
libérés au cours de cette année, ont de nouveau été arrêtés au cours de
la guerre contre Gaza. Ils ont décidé de mener la grève de la faim dès
le 25 novembre, jour de leur arrestation. Jaafar Izzidine avait mené une
lutte de 56 jours avant d’être libéré, au cours de l’été dernier. Deux
autres prisonniers, Saleh Kumayl (Qabbatya, 44 ans) et Youssef Sha’bane
(‘Anine, 32 ans) protestent également contre leur détention arbitraire
en menant la grève de la faim.
Quant à Samer al-Barq, qui avait mené une grève de la faim de quatre
mois et qui est toujours en hospitalisation, sa détention administrative
a été renouvelée de trois mois, malgré la promesse faite par
l’administration pénitentiaire sioniste qu’il serait libéré. Il semble
que l’Egypte n’ait pas donné suite à la proposition de le recevoir. Mais
une fois encore, l’entité de l’occupation prouve qu’elle est incapable
de respecter un quelconque accord : seule la pression de la résistance
est en mesure de l’obliger à cesser l’arrestation des prisonniers
libérés et de la détention administrative, comme elle est seule en
mesure de lui faire respecter les droits humains des résistants
prisonniers. Compter sur les organismes internationaux, sur les Etats du
« printemps arabe » ou sur les conférences de soutien, qui se tiennent
ici et là, relève de l’illusion.
L’élan de solidarité avec les prisonniers et leur combat a fortement
reculé, en Palestine et ailleurs, estiment les nombreux centres de
soutien aux prisonniers. Cependant, rares sont ceux qui réfléchissent ou
qui osent s’exprimer sur les causes, par refus de remettre en cause
l’Autorité palestinienne et ses divers appareils. Ceux-ci n’ont cessé,
depuis des mois, de reporter ou de temporiser toute action, dans
l’attente de la reconnaissance internationale de « l’Etat de
Palestine », comme si une telle « victoire diplomatique » allait
remplacer la résistance. L’illusion ancrée dans les esprits de tous les
fonctionnaires de l’AP sur les possibilités de remporter des victoires,
quant à la question des prisonniers, ou de l’arrêt de la colonisation
et de la judaïsation d’al-Qods et de la Cisjordanie, sont une lourde
entrave à un mouvement de résistance, qui a prouvé, par les armes à
Gaza, qu’il est en mesure de prendre l’initiative, de frapper et de
faire reculer l’ennemi.
Dans une lettre adressée par les deux cadres du Jihad islamique,
Jaafar Izzidine et Tareq Qaadane, à sheikh Khodr Adnane, qui avait
insufflé au mois de janvier dernier, par sa victoire contre les geôliers
et l’Etat sioniste, la révolte des prisonniers pour la dignité, les
deux résistants affirment vouloir poursuivre leur grève de la faim, pour
la dignité du peuple palestinien et de ses résistants emprisonnés. « Il
s’agit d’un immense acquis obtenu grâce à des kilogrammes de notre
chair et de notre sang. C’est sur cet acquis que nous devons construire
notre avenir, et la bataille doit continuer. Par notre combat, nous
constituons un nouvel espoir, une lueur, une espérance et une
détermination, et remporterons une nouvelle victoire, mais surtout, nous
transmettons cet espoir à nos frères Sharawneh et Issawi. Nous
constituons une réponse naturelle et insistante, et une énergie
renouvelée face à tous les désespérés, les impuissants et les effondrés,
leur disant que celui qui parvient à 157 jours de grève de la faim ne
nous plonge pas dans le désespoir ni l’effondrement, mais nous confirme
que Sharawneh et Issawi ne sont que détermination et foi. Ni la peur, ni
la crainte, ni la lâcheté ne nous empêcheront de poursuivre notre
combat jusqu’à l’obtention de notre liberté. Notre espoir en Dieu est
immense et notre certitude qu’Il nous accordera Son soutien est ferme.
Nous avons été arrêtés pour nous empêcher de goûter à notre victoire à
Gaza, et pour nous faire croire à des victoires fictives en réponse aux
frappes de la résistance à Gaza, de son unité et de l’unité de son
peuple, et pour donner l’illusion au public sioniste qu’il a remporté
des acquis. Toutes leurs tentatives sont vaines, car nous savons que
c’est le temps des victoires, et que nous irons de victoire en victoire.
Nous sommes certains que le peuple palestinien se lèvera à nouveau pour
la défense de ses fils prisonniers, dans leur bataille incessante. »
Que ce soit au cours de la guerre contre Gaza, ou dans les prisons
sionistes, le peuple palestinien et ses résistants ne craignent pas
l’ennemi, ni les bombardements sauvages, ni les arrestations
arbitraires, ni les mesures punitives et le désir de vengeance de
l’occupant. Que ce soit à Gaza, à al-Qods, à al-Araqib dans al-Naqab ou
dans les prisons de l’occupation, les enfants de la Palestine forgée
dans la résistance défient l’occupant. Dans leurs yeux, se lisent les
signes de la victoire.
Fadwa Nassar
6 décembre 2012
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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