L’opposition égyptienne a tenté mardi de maintenir la pression contre un
projet de Constitution controversé mais la mobilisation des
manifestants a été faible, à quatre jours de la seconde phase d’un
référendum sur ce texte qui semble en voie d’être adopté.
En soirée, environ 2.000 personnes seulement étaient rassemblées devant
le palais présidentiel dans la capitale égyptienne, selon un journaliste
de l’AFP, loin des manifestations de masse des dernières semaines qui
avaient obligé le président islamiste Mohamed Morsi à retirer un décret
par lequel il s’était accordé des pouvoirs exceptionnels.
Quelques centaines de manifestants se sont aussi rendus place Tahrir
dans le centre du Caire, à l’appel de la principale coalition de
l’opposition de gauche et libérale qui a demandé à ses partisans de
défiler "pour défendre les libertés, empêcher la fraude et rejeter le
projet de Constitution" qui divise le pays.
"Nous ne sommes pas d’accord avec cette Constitution et nous ne
reconnaissons pas la validité de ce référendum. Il n’y a pas de
véritable supervision judiciaire et nous avons vu beaucoup de fraudes", a
affirmé à l’AFP un manifestant, Ayyub Lawindi.
Selon des chiffres officieux, près de 57% des quelque 26 millions
d’électeurs ayant voté durant la première phase de la consultation le 15
décembre, ont dit "oui" au projet de loi fondamentale. L’autre moitié
des électeurs inscrits est appelée aux urnes le 22 décembre.
Les chiffres officiels ne seront communiqués qu’après cette dernière date.
L’opposition et plusieurs ONG ont affirmé que le scrutin avait été entaché par des irrégularités.
Le ministère de la Justice a annoncé avoir délégué des juges pour
enquêter sur ces violations présumées. Et la commission électorale a
défendu le processus, démentant que des personnes se soient fait passer
pour des juges dans certains bureaux de vote comme l’ont assuré les ONG.
"Il n’y a pas de place au doute. N’écoutez pas ces mensonges. Les juges
veillent, et nous veillons, à ce que votre voix soit intacte", a dit à
l’adresse des électeurs Mahmoud Abou Choucha, membre de la commission,
dans une conférence de presse.
Le projet de loi fondamentale est au coeur de la plus grave crise en
Egypte depuis l’élection en juin de M. Morsi, premier président
islamiste et civil du pays.
Le camp présidentiel fait valoir que le texte doit enfin apporter une
stabilité institutionnelle à l’Egypte et clore la transition mouvementée
qui a suivi la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011.
L’opposition, elle, affirme qu’il menace certains droits fondamentaux et
ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation. Elle réclame
le report du scrutin, le temps qu’un texte consensuel soit élaboré.
Les chiffres officieux laissent présager que le texte sera adopté, mais
avec une courte avance du "oui", le référendum est à ce stade loin de
constituer le plébiscite envers le président espéré par les islamistes.
La crise s’est doublée de tensions entre le pouvoir et la magistrature
qui l’accuse d’ingérence dans ses affaires. Un nouveau groupe de juges a
annoncé qu’il se joignait au boycott de la supervision du scrutin.
Lundi, le procureur général, nommé il y a moins d’un mois par M. Morsi, a
remis sa démission sous la pression de centaines de membres du Parquet
qui exigeaient son départ.
Pour le professeur de sciences politiques Moustafa Kamel el-Sayyed, cela
démontre que les "décisions (de M. Morsi) ne sont pas acceptées par des
secteurs importants dans l’appareil de l’Etat".
Devant la situation incertaine en Egypte, l’Allemagne a suspendu un
effacement partiel de la dette égyptienne et la justice suisse a décidé
de ne pas permettre pour le moment aux autorités égyptiennes l’accès
sans restriction au dossier de la procédure pénale ouverte contre des
personnes liées à l’ex-régime.
La semaine dernière, le Fonds monétaire international a annoncé le gel
d’une demande du Caire pour un prêt de 4,8 milliards de dollars.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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