Les résultats officiels du référendum sur le projet de Constitution
controversé en Égypte qui a recueilli environ deux tiers des voix selon
les islamistes doivent être annoncés mardi soir, après des semaines de
contestation qui ont parfois dégénéré en violences. Une conférence de
presse de la commission électorale est prévue vers 18 heures pour
l’annonce officielle des résultats du scrutin qui s’est tenu les 15 et
22 décembre. Les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed
Morsi, et les médias d’État ont d’ores et déjà rapporté que 64 % des
votants avaient approuvé la Constitution qu’ils défendent, sur les deux
phases, avec un taux de participation avoisinant les 32 %.
Une fois la Constitution ratifiée, le Sénat dominé par les islamistes
récupèrera le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’une nouvelle
Assemblée (chambre des députés). L’ancienne, où les islamistes étaient
aussi majoritaires, avait été dissoute en juin. Des élections
législatives doivent se tenir dans les deux mois suivant l’adoption de
la Constitution. Le président Morsi a, dans ce contexte, signé lundi un
décret convoquant pour mercredi une réunion du Sénat, a rapporté
l’agence de presse égyptienne Mena. Pour les islamistes, l’adoption du
texte doterait le pays d’un cadre institutionnel stable après la
transition tumultueuse qui a suivi la chute de Hosni Moubarak en février
2011. L’opposition laïque, de gauche et libérale dénonce de son côté un
texte adopté par une commission dominée par les islamistes, qui ouvre
selon elle la voie à des interprétations rigoristes de l’islam et offre
peu de garanties pour certaines libertés.
Dimanche, le Front du salut national (FSN), la principale coalition de
l’opposition, a vivement contesté les résultats préliminaires dus selon
lui "à la fraude et aux irrégularités" et promis de faire appel du
résultat. Ce référendum "n’est pas la fin du chemin", mais "n’est qu’une
bataille" dans le combat contre le pouvoir du président Morsi, affirmé
le FSN dans un communiqué. Le Prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradei,
chef de file du FSN, a admis que le texte va être adopté, dans un
entretien lundi avec la chaîne américaine PBS. "Le texte va passer. À
mon avis, ce sera vraiment un triste jour pour l’Égypte parce que ce
vote va institutionnaliser l’instabilité", a-t-il dit. La nouvelle
Constitution devra être considérée comme un texte "intérimaire" jusqu’à
la rédaction d’un nouveau projet sur la base d’un consensus, a-t-il
ajouté.
Dimanche, la républicaine Ileana Ros-Lehtinen, présidente de la
commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants,
avait qualifié le vote de "défaite pour le peuple égyptien". "Nous ne
pouvons célébrer le fait d’échanger un régime autoritaire contre une
dictature islamiste", avait-elle dit dans un communiqué. Selon des
analystes, l’adoption de la nouvelle loi fondamentale a peu de chances
de conduire à un redressement de l’économie du pays en proie à de graves
difficultés depuis la chute de Moubarak. Avec 83 millions d’habitants,
l’Égypte est le plus peuplé du monde arabe, mais aussi l’un des plus
pauvres, avec 40 % de sa population vivant avec deux dollars ou moins
par jour.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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