mardi 25 décembre 2012

Égypte : la nouvelle Constitution approuvée avec 63,8 % des voix

Le projet de Constitution défendu par les islamistes au pouvoir en Égypte a été approuvé par 63,8 % des votants, au terme d’un référendum qui s’est déroulé en pleine crise politique, a annoncé mardi la commission électorale. Le taux de participation a été de 32,9 %, a précisé Samir Abul Maati, le président de la commission, lors d’une conférence de presse.
Une fois la Constitution ratifiée, le Sénat dominé par les islamistes récupèrera le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée (chambre des députés). L’ancienne, où les islamistes étaient aussi majoritaires, avait été dissoute en juin. Des élections législatives doivent se tenir dans les deux mois suivant l’adoption de la Constitution. Le président Morsi a, dans ce contexte, signé lundi un décret convoquant pour mercredi une réunion du Sénat, a rapporté l’agence de presse égyptienne Mena. Pour les islamistes, l’adoption du texte doterait le pays d’un cadre institutionnel stable après la transition tumultueuse qui a suivi la chute de Hosni Moubarak en février 2011. L’opposition laïque, de gauche et libérale dénonce de son côté un texte adopté par une commission dominée par les islamistes, qui ouvre selon elle la voie à des interprétations rigoristes de l’islam et offre peu de garanties pour certaines libertés.
Dimanche, le Front du salut national (FSN), la principale coalition de l’opposition, a vivement contesté les résultats préliminaires dus selon lui "à la fraude et aux irrégularités" et promis de faire appel du résultat. Ce référendum "n’est pas la fin du chemin", mais "n’est qu’une bataille" dans le combat contre le pouvoir du président Morsi, affirmé le FSN dans un communiqué. Le Prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradei, chef de file du FSN, a admis que le texte va être adopté, dans un entretien lundi avec la chaîne américaine PBS. "Le texte va passer. À mon avis, ce sera vraiment un triste jour pour l’Égypte parce que ce vote va institutionnaliser l’instabilité", a-t-il dit. La nouvelle Constitution devra être considérée comme un texte "intérimaire" jusqu’à la rédaction d’un nouveau projet sur la base d’un consensus, a-t-il ajouté.
Dimanche, la républicaine Ileana Ros-Lehtinen, présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, avait qualifié le vote de "défaite pour le peuple égyptien". "Nous ne pouvons célébrer le fait d’échanger un régime autoritaire contre une dictature islamiste", avait-elle dit dans un communiqué. Selon des analystes, l’adoption de la nouvelle loi fondamentale a peu de chances de conduire à un redressement de l’économie du pays en proie à de graves difficultés depuis la chute de Moubarak. Avec 83 millions d’habitants, l’Égypte est le plus peuplé du monde arabe, mais aussi l’un des plus pauvres, avec 40 % de sa population vivant avec deux dollars ou moins par jour.

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