vendredi 21 décembre 2012

Tunisie : le Qatar offre 20 millions de dollars aux "martyrs" de la révolution

La Tunisie a annoncé vendredi un don de 20 millions de dollars du Qatar pour l’indemnisation des familles des "martyrs" et des blessés de la révolution de 2011, alors que l’adoption d’une loi à ce sujet a suscité des remous dans l’ouest du pays. La subvention qatarie, destinée à alimenter le "Fonds pour les blessés et martyrs de la révolution", a été annoncée par le chef du gouvernement Hamadi Jebali, cité vendredi par la presse tunisienne.
L’annonce intervient alors que l’Assemblée nationale constituante (ANC) a adopté jeudi dans sa globalité un projet de loi relatif aux indemnisations des blessés et des familles des "martyrs", deux ans après le déclenchement du soulèvement populaire qui a chassé en janvier 2011 l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Le texte, qui doit encore faire l’objet d’une adoption article par article, fixe la période de comptabilisation des réparations du 17 décembre 2010 au 28 février 2011 et abaisse à 6 % le taux d’incapacité minimum donnant droit à un dédommagement.
La loi votée à 107 voix pour, parmi les 217 députés de l’ANC, exclut l’octroi de réparations aux victimes de la révolte du bassin minier de Gafsa (sud-ouest) de 2008, durant laquelle quatre manifestants avaient été tués lors de la répression du mouvement, sous le règne de Ben Ali. Des habitants de la localité minière de Redeyef ont manifesté jeudi soir contre un "déni de droits" par le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda et décidé d’organiser une grève le 3 janvier.
Le traitement réservé aux "martyrs" et blessés de la révolution de 2011 a souvent provoqué des manifestations, parfois violentes, aucune liste complète et définitive des victimes n’ayant pu être établie. L’État a versé 20 000 dinars (10 000 euros environ) à chaque famille des personnes tuées et 3 000 dinars (1 500 euros environ) aux blessés. Le gouvernement et des associations de défense des "martyrs" ont cependant dénoncé l’existence de "faux blessés" ayant touché indûment des indemnisations.
Les familles manifestent régulièrement contre la lenteur des procès pour le jugement des responsables de la répression du soulèvement dans plusieurs régions du pays. Réfugié en Arabie saoudite depuis sa fuite le 14 janvier 2011, le président déchu Ben Ali a été condamné deux fois par contumace à la prison à perpétuité en 2012 pour son rôle dans la répression à Thala et Kasserine, deux villes du centre du pays emblématiques de la révolution, et pour complicité de meurtre de manifestants.

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