"Bibi le bâtisseur !" L’image peut paraître un tantinet familière.
Pourtant, elle illustre bien le foisonnement d’annonces de ces dernières
semaines sur la construction dans les colonies juives de Cisjordanie -
plus 1 200 logements - et surtout à Jérusalem-Est où 5 000 nouvelles
unités d’habitations sont programmées.
Pour Benyamin Netanyahou, l’important est que l’électeur se rende le 22
janvier prochain aux urnes avec une conviction : le Premier ministre
sortant et chef du Likoud est un homme que rien ne vient écarter de son
slogan de campagne : "Un leader fort à la tête d’un pays fort".
Sous-entendu : "Vous pouvez avoir confiance en moi. Le monde a beau
multiplier les déclarations entre regrets, condamnations et
exaspération, je ne cède pas. La colonisation juive se poursuivra sur la
terre d’Israël et dans sa capitale éternelle et indivisible." Foin,
donc, des protestations internationales ! Au contraire, le Likoud les
accueille avec satisfaction. "C’est tout bénéfice pour nous, affirme une
personnalité du parti qui tient à garder l’anonymat. Cela fait tomber
les électeurs de droite dans notre escarcelle tout en créant dissensions
et polémiques dans le camp adverse. Que demander de plus ?"
Mais cette stratégie électorale du "à droite toute" mise au point par
l’homme le plus influent du moment auprès de Netanyahou, le conseiller
américain Arthur Finkelstein, a un autre but : stopper l’hémorragie des
voix de l’aile dure du Likoud au profit d’une liste encore plus à
droite, le "Foyer Juif", dirigée aujourd’hui par le fringant
quadragénaire Naftali Bennett. Ce commandant de réserve issu du
prestigieux commando d’état- major, millionnaire du high-tech, mais
aussi religieux ultranationaliste fait un tabac auprès des moins de 30
ans.
Lors d’une simulation de vote dans un grand lycée de Tel-Aviv, le Foyer
juif a été crédité de 13 mandats. Si, lors du scrutin, ce résultat était
avéré, ce serait alors le troisième parti du pays. On comprend mieux
pourquoi depuis quelques semaines l’ennemi numéro un de Netanyahou n’est
ni Shelly Yakhimovitch, la dirigeante travailliste, ni Tzipi Livni, qui
se présente à la tête d’une nouvelle formation, Tnoua (en français
"Mouvement"), et encore moins Eli Yishaï, "patron" de Shas, le parti
ultra orthodoxe sépharade, mais Naftali Bennett avec ses slogans
définitifs contre l’État palestinien et pour la colonisation.
Mais, pour les différentes ONG qui suivent le développement des
colonies, l’argument n’est pas qu’électoraliste. Selon Hagit Ofran, du
mouvement La paix maintenant, "les projets sont bien réels et le
gouvernement utilise la période électorale pour transformer la réalité
sur le terrain, considérant qu’après le scrutin la situation politique
pourrait changer en sa défaveur avec des pressions internationales plus
fortes". Cela reste à voir.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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