Les dirigeants des monarchies du Golfe, réunis lundi en sommet annuel à
Manama, devaient faire le point sur la coopération économique et
sécuritaire entre leurs pays sur fond de tension régionale.
Le sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se focalise sur le
renforcement de "l’action commune économique, dont le marché commun et
l’union douanière", a déclaré le ministre bahreïni des Affaires
étrangères, Khaled Ben Ahmed Al-Khalifa, dont le pays prend la
présidence tournante du groupe.
La crise syrienne, l’instabilité au Yémen et les relations tumultueuses
avec l’Iran sont également au menu de la rencontre, qui se tient en
l’absence de quatre des six chefs d’Etat des pays membres, dont le roi
Abdallah d’Arabie saoudite en convalescence après avoir été opéré du dos
en novembre, selon des participants.
"Le sommet se tient dans des circonstances extrêmement sensibles et
délicates, dont il faut étudier l’impact" sur les Etats membres, a
averti le secrétaire général du CCG, Abdellatif Zayani dans un
communiqué.
L’Iran, dont les relations sont tendues avec les monarchies du CCG qui
l’accusent d’"ingérence" dans leurs affaires internes, demeure une
source d’inquiétude pour ses voisins arabes. Téhéran cherche à
"provoquer des séditions, ce qui est inacceptable", a accusé le ministre
saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, cité lundi
par le quotidien Al-Hayat.
Une réunion préparatoire du sommet, tenue dimanche à Manama, a été
consacrée essentiellement à "la complémentarité entre les six membres"
du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et
Qatar), selon une source diplomatique.
Les six monarchies, riches en pétrole et dont le PIB cumulé était de
1.371 milliard de dollars en 2011, ont symboliquement lancé en janvier
2003 une union douanière. Mais la période transitoire pour sa
concrétisation, initialement prévue en 2005, a été systématiquement
prolongée avant d’être repoussée à 2015.
En outre, une union monétaire, annoncée en 2009 avec l’ambition de
parvenir à une monnaie unique pour le Golfe, marque le pas. Seuls quatre
pays membres (Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït et Qatar) ont signé le
pacte portant création de cette union, boudée par les Emirats arabes
unis et le sultanat d’Oman.
Le projet d’une union entre les monarchies du CCG, dirigées par des
dynasties sunnites en brouille avec l’Iran chiite, dont l’idée avait été
lancée fin 2011 par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, semble faire du
sur-place.
"Les consultations se poursuivent" sur le projet, encore à l’étude, a
indiqué M. Zayani, cité lundi par le quotidien Al-Hayat. Il ajouté que
le projet devrait faire l’objet ultérieurement d’un sommet
extraordinaire à Ryad.
Selon des participants, le sommet doit entériner un amendement du traité
de sécurité du CCG, décidé en novembre par les ministres de l’Intérieur
des pays membres, confrontés à des problèmes d’insécurité et de
violence.
Outre Bahreïn, théâtre depuis l’an dernier de protestations animées par
des chiites réclamant une monarchie constitutionnelle dans ce pays
dirigé par une dynastie sunnite, le Koweït, miné par des crises
politiques à répétition, a connu récemment des manifestations de
protestation contre un amendement de la loi électorale, contesté par
l’opposition.
En Arabie saoudite, la province Orientale, riche en pétrole et où se
concentre l’essentiel des deux millions de chiites saoudiens, est aussi
secouée par des troubles sporadiques depuis mars 2011.
Des manifestations à caractère social ont par ailleurs eu lieu en 2011 à
Oman, dans la foulée du Printemps arabe, alors qu’aux Emirats les
autorités ont arrêté cette année une soixantaine d’islamistes et affirmé
avoir démantelé un groupe complotant contre la sécurité de l’Etat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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