Mohamed Morsi a quitté mardi le palais présidentiel du Caire, près
duquel la police affrontait des milliers de manifestants participant à
une nouvelle journée de mobilisation contre le président égyptien accusé
de dérive autoritaire.
"Le président a quitté le palais", a dit à Reuters une source proche de
la présidence. L’information a été confirmée par une autre source proche
des services de sécurité de la présidence.
La foule, estimée à environ 10.000 manifestants, s’était réunie aux
abords de mosquées dans le nord du Caire avant de marcher en direction
du palais présidentiel.
Selon les images de la télévision égyptienne, des manifestants, qui
disaient vouloir adresser une "dernière mise en garde" à Mohamed Morsi,
ont apparemment réussi à forcer des cordons de sécurité près du palais
et sont arrivés devant le bâtiment malgré les gaz lacrymogènes lâchés
par les forces de l’ordre.
"Le peuple veut la chute du régime", "Dégage, dégage !", scandaient les
protestataires, dont certains agitaient des drapeaux égyptiens portant
l’inscription "Non à la constitution".
Dix-huit manifestants ont été blessés dans les affrontements, selon le
ministère de la Santé, repris par l’agence de presse Mena. Des militants
ont attaqué un véhicule blindé de la police et frappé son conducteur,
tandis que des forces de sécurité se massaient à l’intérieur du palais
présidentiel.
Quelques centaines de manifestants se sont par ailleurs réunis près du
domicile du chef de l’Etat, situé dans une banlieue ouest du Caire, où
ils ont scandé des slogans hostiles au décret du 22 novembre et aux
Frères musulmans.
Le chef de l’Etat, issu des Frères musulmans, est confronté à une vague
de contestation grandissante depuis la publication le 22 novembre d’un
décret qui empêche toute contestation des décisions présidentielles dans
l’attente de l’élection d’un nouveau parlement.
La confrérie islamiste, dont de nombreux membres ont été emprisonnés du
temps d’Hosni Moubarak, souhaite ainsi empêcher l’appareil judiciaire,
toujours composé en grande partie de magistrats nommés par l’ancien
régime, de bloquer la transition politique après avoir déjà invalidé les
élections législatives remportées par les islamistes.
Le président a par ailleurs ratifié samedi le projet controversé d’une
nouvelle constitution approuvé par l’Assemblée constituante dominée par
les islamistes et a annoncé la tenue d’un référendum sur le texte le 15
décembre prochain.
Le Front de salut national, qui regroupe des partis de gauche, des
libéraux et des socialistes, l’accuse de placer les intérêts de la
confrérie musulmane avant les intérêts de la nation.
De nombreux journaux égyptiens indépendants ont suspendu leur parution
mardi pour protester contre "la dictature" de Morsi et les banques ont
fermé trois heures plus tôt.
"La présidence croit que l’opposition est trop faible et impuissante.
Aujourd’hui c’est le jour où nous leur montrons que l’opposition est une
force avec laquelle il faut compter", estime Abdelrahman Mansour, venu
manifester place Tahrir au Caire.
"Morsi doit sortir pour parler et pour écouter les Egyptiens", poursuit
ce militant. "L’opposition dit ’non’ à la constitution et ’non’ à
l’autocratie."
Les Frères musulmans et leurs alliés du parti salafiste Al Nour, qui ont
organisé une vaste manifestation de soutien au président Morsi samedi,
s’estiment en mesure de mobiliser suffisamment d’électeurs pour
remporter le référendum du 15 décembre malgré l’appel au boycott lancé
par plusieurs juges.
L’appel de l’opposition à une vaste campagne de désobéissance civile n’a
en outre rencontré qu’un écho limité au sein de la population du Caire.
"La crise à laquelle nous sommes confrontés depuis deux semaines
s’avance vers sa fin, et très rapidement", a assuré Saad al Katatni,
chef de file du parti Liberté et Justice créé par les Frères, dans une
interview à Reuters.
Dans une interview à la chaîne de télévision CNN, le Premier ministre
Hisham Kandil a pour sa part déclaré que le gouvernement espérait que
les choses se calment après la tenue du référendum. La constitution
"n’est en aucun cas parfaite" mais un "consensus majoritaire" s’est
formé en faveur de la tenue d’un référendum le 15 décembre, a-t-il
ajouté.
Du côté de l’opposition, Mohamed ElBaradeï, coordinateur du Front de
salut national, a appelé Mohamed Morsi à abroger son décret, à renoncer à
l’idée d’un référendum et à parvenir à un accord sur une assemblée
constituante davantage représentative de la population égyptienne.
Dans une tribune publiée dans le Financial Times, l’ancien directeur
général de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) accuse
Mohamed Morsi et les Frères musulmans de "croire qu’avec quelques coups
de crayons ils pourront faire replonger l’Egypte dans le coma".
"S’ils continuent (dans cette voie), ils risquent de provoquer une
éruption de violence et de chaos qui détruira la société égyptienne",
prévient-il.
Selon un diplomate occidental, les islamistes misent sur un certain
sentiment de nostalgie de l’ordre et de la stabilité économique des
Egyptiens pour remporter la consultation populaire.
"Tous les messages des Frères musulmans s’inscrivent dans l’idée qu’un
vote pour la constitution est un vote pour la stabilité et un vote
contre est celui de l’incertitude", explique le diplomate.
(04 Décembre 2012 - Assawra avec les agences de presse)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire