mercredi 5 décembre 2012

Tunisie : affrontements entre islamistes et syndicalistes

De violents affrontements ont opposé mardi des groupes islamistes et des syndicalistes devant le siège de la centrale syndicale UGTT à Tunis. Les heurts ont éclaté lorsque des dizaines de membres de l’UGTT commençaient à se rassembler pour commémorer l’assassinat du leader syndicaliste et nationaliste Farhat Hached, tué en 1952, avant l’indépendance de la Tunisie, par l’organisation française La main rouge.
Une centaine de personnes agissant au nom des Ligues de protection de la révolution, considérées comme proches du parti islamiste au pouvoir Ennahda, ont alors fait irruption place Mohamed Ali - où se trouve le siège de la centrale syndicale -, agressant la foule présente à coups de bâton et à l’aide de pierres, de couteaux et de gaz. Les assaillants, qui scandaient "Le peuple veut l’assainissement de l’Union (l’UGTT)", ont déchiré les affiches et les banderoles dressées sur la place et lancé des pierres, brisant plusieurs vitres du bâtiment.
Plusieurs dirigeants de l’UGTT ont été agressés dont les secrétaires généraux adjoints Samir Cheffi et Hfaiedh Hfaiedh, ainsi que Saïd Aïdi, ex-ministre de l’Emploi dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi qui a dirigé la première période transitoire. Hfaiedh Hfaiedh a dénoncé cette "agression sauvage" qui a fait dix blessés. Il accusé le ministère de l’intérieur d’avoir fait "la sourde oreille aux appels du secrétaire général de l’UGTT", Houcine Abassi, l’accusant de "couvrir" les agresseurs. Intervenant sur Mosaïque FM, le patron de la centrale syndicale a stigmatisé l’attaque qui a ciblé les adhérents de son organisation.
"La porte de l’affrontement est désormais ouverte, ce sont eux qui ont l’ont voulu, et personne n’arrêtera l’UGTT, qui continuera à défendre la situation sociale, économique et même politique", a lancé Houcine Abassi sur un ton ferme, en allusion aux partisans d’Ennahda. Le porte-parole d’Ennahda, Néjib Gharbi, s’est quant à lui déclaré "étonné" par ces événements, accusant à son tour les milices de l’UGTT d’avoir attaqué les partisans du parti islamiste, qui, selon lui, voulaient s’interposer pour calmer la situation. Les affrontements ont cessé après l’intervention des forces de l’ordre arrivées par la suite.
"Ce sont des milices instrumentalisées par le parti au pouvoir et leur bras armé. C’est une honte que cela se produise à une date symbolique en hommage au martyr Farhat Hached", a déclaré Fethi Abaza, syndicaliste et enseignant. Les syndicalistes ont ensuite entrepris une marche vers la place de la Kasbah pour se recueillir sur la tombe du leader disparu. De légères altercations, moins graves que les précédentes, ont eu lieu là aussi entre les deux parties qu’un cordon sécuritaire veillait à canaliser. Ces affrontements interviennent après les déclarations de plusieurs dirigeants d’Ennahda, dont Sahbi Atig, qui a accusé "des syndicalistes corrompus" d’être derrière les troubles sociaux qui ont secoué la semaine dernière la région de Siliana, dans le centre de la Tunisie.

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