De violents affrontements ont opposé mardi des groupes islamistes et des
syndicalistes devant le siège de la centrale syndicale UGTT à Tunis.
Les heurts ont éclaté lorsque des dizaines de membres de l’UGTT
commençaient à se rassembler pour commémorer l’assassinat du leader
syndicaliste et nationaliste Farhat Hached, tué en 1952, avant
l’indépendance de la Tunisie, par l’organisation française La main
rouge.
Une centaine de personnes agissant au nom des Ligues de protection de la
révolution, considérées comme proches du parti islamiste au pouvoir
Ennahda, ont alors fait irruption place Mohamed Ali - où se trouve le
siège de la centrale syndicale -, agressant la foule présente à coups de
bâton et à l’aide de pierres, de couteaux et de gaz. Les assaillants,
qui scandaient "Le peuple veut l’assainissement de l’Union (l’UGTT)",
ont déchiré les affiches et les banderoles dressées sur la place et
lancé des pierres, brisant plusieurs vitres du bâtiment.
Plusieurs dirigeants de l’UGTT ont été agressés dont les secrétaires
généraux adjoints Samir Cheffi et Hfaiedh Hfaiedh, ainsi que Saïd Aïdi,
ex-ministre de l’Emploi dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi qui a
dirigé la première période transitoire. Hfaiedh Hfaiedh a dénoncé cette
"agression sauvage" qui a fait dix blessés. Il accusé le ministère de
l’intérieur d’avoir fait "la sourde oreille aux appels du secrétaire
général de l’UGTT", Houcine Abassi, l’accusant de "couvrir" les
agresseurs. Intervenant sur Mosaïque FM, le patron de la centrale
syndicale a stigmatisé l’attaque qui a ciblé les adhérents de son
organisation.
"La porte de l’affrontement est désormais ouverte, ce sont eux qui ont
l’ont voulu, et personne n’arrêtera l’UGTT, qui continuera à défendre la
situation sociale, économique et même politique", a lancé Houcine
Abassi sur un ton ferme, en allusion aux partisans d’Ennahda. Le
porte-parole d’Ennahda, Néjib Gharbi, s’est quant à lui déclaré "étonné"
par ces événements, accusant à son tour les milices de l’UGTT d’avoir
attaqué les partisans du parti islamiste, qui, selon lui, voulaient
s’interposer pour calmer la situation. Les affrontements ont cessé après
l’intervention des forces de l’ordre arrivées par la suite.
"Ce sont des milices instrumentalisées par le parti au pouvoir et leur
bras armé. C’est une honte que cela se produise à une date symbolique en
hommage au martyr Farhat Hached", a déclaré Fethi Abaza, syndicaliste
et enseignant. Les syndicalistes ont ensuite entrepris une marche vers
la place de la Kasbah pour se recueillir sur la tombe du leader disparu.
De légères altercations, moins graves que les précédentes, ont eu lieu
là aussi entre les deux parties qu’un cordon sécuritaire veillait à
canaliser. Ces affrontements interviennent après les déclarations de
plusieurs dirigeants d’Ennahda, dont Sahbi Atig, qui a accusé "des
syndicalistes corrompus" d’être derrière les troubles sociaux qui ont
secoué la semaine dernière la région de Siliana, dans le centre de la
Tunisie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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