Plus de 200 personnes ont été blessées mercredi au deuxième jour de
violences entre manifestants et policiers à Siliana, à 120 km au
sud-ouest de Tunis, où la situation semblait s’être calmée dans la
soirée à la veille d’un nouvel appel à manifester.
Le principale centrale syndicale de Tunisie, l’UGTT a appelé à de
nouvelles manifestations jeudi pour réclamer la démission du gouverneur
régional, un programme de développement économique dans cette région
très pauvre et la libération de manifestants arrêtés en avril 2011.
Le Premier ministre, Hamadi Jebali, a prévenu les manifestants mercredi
soir à la télévision que "ce gouverneur ne partira pas", sa seule
réaction aux évènements.
"Si les manifestations (de jeudi) sont pacifiques, la police
n’interviendra pas", a de son côté assuré à l’AFP le porte-parole du
ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche, ajoutant qu’en cas
d’intervention "le principe est toujours de ne pas faire de morts".
Selon lui, les manifestants ont attaqué la préfecture et plusieurs
postes de police mercredi, forçant les policiers à réagir. L’UGTT accuse
pour sa part les forces de l’ordre d’un recours excessif à la force.
Ces affrontements ont fait, selon des sources hospitalières interrogées
par l’AFP, 265 blessées qui souffraient d’impacts de chevrotine de petit
calibre, de contusions, de fractures et de coupures.
Dix-neuf personnes ont été éborgnées ou aveuglées par les tirs et ont
été transférées à Tunis à la clinique ophtalmologique. Deux journalistes
de la chaîne d’information France 24 ont été aussi légèrement blessés.
Dans la soirée un calme précaire était revenu. L’ensemble des commerces
étaient fermés et des barricades formées par des manifestants avec des
pneus enflammés barraient de nombreuses rues.
Un groupe de jeunes bloquait par ailleurs la principale route menant à
Siliana afin d’empêcher la venue de renforts policiers, alors que les
syndicats appellent à de nouvelles manifestations jeudi.
Quelques échauffourées ont encore eu lieu vers 21H30 locale (20H30 GMT).
Les revendications des manifestants de cette ville ne sont pas sans
rappeler celles de la révolution de janvier 2011, la misère, le chômage
et la dénonciation de l’arbitraire de la police ayant été à l’époque au
coeur du soulèvement.
La région de Siliana est très affectée par des difficultés économiques.
Selon des statistiques officielles, les investissements y ont baissé de
44,5% et les création d’emplois de 66% sur la période janvier-octobre
2012 par rapport à la même époque de l’année précédente.
Des violences éclatent d’ailleurs régulièrement en Tunisie entre
policiers et manifestants excédés par la pauvreté, en particulier dans
les provinces de l’Intérieur du pays, très marginalisées.
"Les habitants de Siliana les plus touchés par la pauvreté ne se
mettront jamais à genoux", a déclaré le secrétaire général du bureau
régional de l’UGTT, Néjib Sebti, déclarant que les manifestants étaient
prêt à "mourir pour leurs droits".
La direction du syndicat à Tunis a dénoncé dans un communiqué "la
répression des manifestations pacifiques" et quelque 200 personnes ont
également manifesté à Tunis en soutien aux habitants de Siliana à
l’appel de la centrale.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a lui assuré que le gouvernement était ouvert à la négociation.
"La porte du dialogue est ouverte, il faut arrêter la violence", a déclaré M. Tarrouche.
La Tunisie est minée par les conflits politiques et religieux ainsi que
des des difficultés économiques à l’approche du deuxième anniversaire de
sa révolution qui était à l’origine du printemps arabe.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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