Le président palestinien Mahmud Abbas va faire voter jeudi par
l’Assemblée générale une résolution faisant de la Palestine un Etat
observateur à l’ONU, victoire diplomatique qui l’expose néanmoins à des
risques de sanctions.
Le projet de résolution, assuré de recueillir la majorité simple
requise, demande à l’Assemblée générale d’accorder à la Palestine le
statut "d’Etat observateur non membre" des Nations unies et "exprime
l’espoir que le Conseil de sécurité considérera de manière favorable" sa
candidature comme membre à part entière, déposée en septembre 2011 par
Mahmud Abbas.
Il appelle à une reprise des négociations pour parvenir à "un règlement
pacifique", avec l’établissement d’un Etat de Palestine "vivant aux
côtés d’Israël en paix et en sécurité, sur la base des frontières
d’avant 1967".
"Nous aurons une vaste majorité, de plus des deux tiers" des 193 membres
de l’Assemblée générale, a déclaré mercredi Hanane Ashrawi, membre du
Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Le statut d’Etat observateur permettra à la Palestine d’adhérer à de
nombreuses organisations ou traités internationaux, tels que la Cour
pénale internationale (CPI) ou la Quatrième Convention de Genève sur la
protection des civils, ou d’en devenir membre à part entière lorsqu’elle
y siège déjà comme observateur.
"Nous savons qu’Israël, bien sûr, tentait par l’intermédiaire des
Etats-Unis et du Royaume-Uni, d’obtenir des engagements qu’il ne serait
pas traduit devant la CPI", a précisé Mme Ashrawi.
"Nous nous réservons ce droit comme nous l’entendons et au moment
approprié. Si Israël s’abstient d’activités de colonisation, il n’y a
pas de raison immédiate et pressante d’y recourir", a-t-elle ajouté.
Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a
également affirmé que "certains Etats sont très inquiets de notre
possible recours à la CPI et nous ont donc pressés de nous engager à ne
pas emprunter une telle voie, mais nous avons refusé".
"Le projet de résolution sera présenté au nom de 60 Etats membres, pas
seulement la Palestine", a-t-il indiqué, estimant que le nombre d’Etats
co-parrainant le texte atteindrait une centaine jeudi.
Parmi les pays européens dont le suffrage fait l’objet des
sollicitations palestiniennes et israéliennes, la France a annoncé
qu’elle voterait pour la résolution palestinienne, de même que
l’Espagne, la Norvège, l’Autriche, le Danemark et la Suisse.
L’autre pays européen membre permanent du Conseil de sécurité, la
Grande-Bretagne, a annoncé qu’elle comptait s’abstenir, faute de
garantie d’un retour rapide aux négociations de paix abandonnées depuis
plus de deux ans, et l’Allemagne a exclu de voter pour, la Lituanie
choisissant l’abstention.
Israël et les Etats-Unis, qui s’opposent catégoriquement au projet,
arguant qu’un Etat palestinien ne peut résulter que d’un accord de paix,
ont menacé de sanctions.
Le département d’Etat américain a indiqué lundi que si la résolution
passait, il ne faudrait pas "compter sur une réponse favorable du
Congrès" sur le déblocage de 200 millions de dollars d’aide promis par
Washington.
Israël a également brandi une panoplie de mesures de rétorsion, dont le
blocage des taxes perçues pour le compte de l’Autorité palestinienne, la
réduction du nombre de permis de travail pour les Palestiniens, voire
une abrogation des accords de paix d’Oslo de 1993.
La Ligue arabe a promis un "filet de sécurité" de 100 millions de
dollars (79 millions d’euros) par mois en cas de sanctions financières
israéliennes et américaines, avait-il rappelé.
La date du 29 novembre a une haute portée symbolique, c’est
l’anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU en 1947
du plan de partage de la Palestine mandataire qui prévoyait
l’établissement d’un État juif et d’un État arabe.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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