Pour le député communiste au Parlement israélien, membre du mouvement Hadash : "Il
ne s’agit pas seulement d’un problème entre le Hamas, Israël et
l’escalade actuelle, la véritable question reste celle de l’occupation,
le fait que les Palestiniens n’ont toujours pas le droit à
l’autodétermination en créant leur propre État indépendant".
Quel est le but recherché
par le gouvernement israélien ?
C’est une question qui reste ouverte ! Même l’establishment israélien
comprend qu’il est impossible de détruire le régime du Hamas à Gaza par
une opération militaire. D’où la question de la véritable raison de
l’attaque en cours. Même si le but réel était d’amener une sorte de
calme dans le sud d’Israël, il faut se souvenir qu’il y a eu des
opérations similaires dans le passé. Il y a quatre ans, l’opération
« Plomb durci » était censée régler la question. En réalité, cela a
apporté beaucoup de souffrances à Gaza, 1 400 personnes ont été tuées,
des centaines de maisons ont été détruites. Et, au bout du compte, rien
n’a vraiment changé. Le problème de sécurité reste entier. Il faut une
fois pour toutes comprendre que la voie militaire ne résoudra pas le
problème de sécurité des citoyens israéliens.
Que pensez-vous des pays qui, comme la France,
estiment que
Palestiniens et Israéliens partagent
la responsabilité de ce qui se
passe ?
Il faut considérer plus largement la question palestinienne. Il ne
s’agit pas seulement d’un problème entre le Hamas, Israël et l’escalade
actuelle. C’est un problème plus important et plus large. La question
principale n’est pas de savoir qui tire sur Gaza ou sur le sud d’Israël.
La véritable question reste celle de l’occupation, le fait que les
Palestiniens n’ont toujours pas le droit à l’autodétermination en créant
leur propre État indépendant. Une telle situation, évidemment, ne
permet pas d’aller dans ce sens, d’arriver à un accord de paix et de
mettre fin à l’escalade militaire. Voilà la question centrale.
Malheureusement, l’Union européenne ne prend pas une position ferme sur
cette question de la paix.
Y a-t-il un danger qu’une telle opération, par contrecoup,
n’affaiblisse Mahmoud Abbas à la veille de sa nouvelle intervention à
l’ONU pour réclamer un statut
d’État observateur ?
Avant que l’opération sur Gaza ne démarre, le gouvernement avait
développé l’idée de se débarrasser de Mahmoud Abbas et de l’Autorité
palestinienne. Le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman,
l’a dit ouvertement. Cette nouvelle guerre est peut-être menée pour
pousser Abbas dans un certain coin politique des combats qui se
déroulent dans l’arène israélo-palestinienne.
Le Parti communiste et le mouvement Hadash organisent des manifestations contre la guerre à Gaza. Comment êtes-vous reçus ?
Ce n’est pas facile ! Nous avons eu notre première manifestation le
soir même du déclenchement de l’opération. Actuellement nous luttons
contre un courant nationaliste qui se développe en Israël. Il est
important que se fassent entendre des voix différentes, alternatives
qui, avec le temps, reçoivent de plus en plus de soutien de la part de
différents secteurs de l’opinion publique israélienne.
Entretien réalisé par Pierre Barbancey,
« L’Humanité »
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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