jeudi 29 novembre 2012

Syrie : La coalition syrienne prise dans ses divisions

La première réunion formelle de la Coalition nationale syrienne, mercredi au Caire, a achoppé sur les divisions au sein de l’opposition à Bashar al Assad qui peine à s’entendre sur la formation d’un gouvernement transitoire en Syrie.
La création d’une autorité dirigeante en mesure d’assumer le pouvoir à Damas est essentielle pour que s’exprime de manière efficace le soutien des pays arabes et occidentaux aux insurgés après vingt mois de conflit armé.
La soixantaine de délégués désignés lors de la conférence fondatrice de la coalition à Doha le 11 novembre se sont retrouvés en Egypte avant une réunion des "Amis de la Syrie", groupe d’une dizaine de pays ayant exprimé un appui non militaire aux insurgés.
La mésentente entre les différentes factions, talon d’Achille de l’opposition, est apparue dès le début des travaux marqués par une tentative du Conseil national syrien (CNS), dominé par les Frères musulmans, d’accroître son influence.
"Il ne s’agit pas d’une salade qu’on assaisonne à son goût. L’avenir de la Syrie est en jeu et les Frères veulent imposer leurs ’faucons’ au sein de la coalition où ils disposent déjà de la moitié des sièges", a commenté un délégué.
Les Frères musulmans, qui comptent 27 délégués, estiment avoir un rôle éminent à jouer en raison des exactions sanglantes dont ils furent victimes sous le régime de l’ancien président Hafez al Assad dans les années 80.
"Le problème va au-delà de la question des Frères. Nous ne semblons pas capables de dépasser une mentalité tribale. Cela ne fait que retarder les discussions sur les questions graves de la formation d’un gouvernement et de la réponse à la communauté internationale", a dit un autre délégué.
"Les choses ne pourront pas avancer tant que nous n’aurons pas réglé le problème", a commenté un membre du CNS, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat.
Le président de la coalition, Moaz Alkhatib, personnage respecté en Syrie et interlocuteur de l’opposition à l’étranger, a plusieurs fois exprimé son rejet du sectarisme mais il peine à s’imposer comme un chef de file.
"Pour l’instant, les discussions ont surtout été le fait de Riad Seif et de Mustafa Sabbagh. Alkhatib n’a presque rien dit", a déploré un délégué.
Riad Seif, ancien prisonnier politique et militant pour des réformes démocratiques, est vice-président de la coalition. Mustafa Sabbagh, secrétaire général, est un homme d’affaires proche de la confrérie.
L’objectif de cette réunion "est de nommer le Premier ministre d’un gouvernement de transition, ou au moins d’avoir une liste de candidats avant la réunion des Amis de la Syrie", a expliqué Suhair Atassi, vice-présidente de la coalition et l’une des trois femmes membres de la coalition, où les Frères musulmans et leurs alliés représentent 40 à 45% des délégués.
Au menu de la réunion du Caire figure également la sélection de commissions chargées de gérer l’aide et les communications, un processus qui s’est transformé en lutte de pouvoir entre la confrérie islamiste et les opposants laïcs.
Les rivalités sont également fortes entre l’opposition en exil et les rebelles sur le terrain, où 40.000 personnes ont perdu la vie en vingt mois de violences.
"Nous avons des divergences idéologiques mais la coalition remplira sa mission si elle nous obtient une aide militaire de l’extérieur", a estimé Abu Nidal Mustafa, membre à Damas d’une brigade du groupe rebelle islamiste Ansar al Islam.
Les contacts entre coalition et insurgés ont été confiés à l’ex-Premier ministre Riad Hidjab, responsable de plus haut rang à avoir fait défection depuis le début du soulèvement contre Bashar al Assad en mars 2011, dit-on au sein de l’organisation.
Son nom est cité pour le poste de Premier ministre de transition mais son passé au parti Baas de Bashar al Assad pourrait lui barrer le chemin.
Un autre candidat possible est Asaad Mustafa, ancien ministre de l’Agriculture sous la présidence d’Hafez el Assad, le père de l’actuel président décédé en 2000. Asaad Mustafa, qui vit au Koweït, a quitté son pays il y a des décennies pour protester contre la politique d’Assad père.
Sous la pression des pays occidentaux et du Golfe, qui fournissent avec la Turquie l’essentiel de l’aide à l’opposition syrienne, l’ancien Conseil national syrien, critiqué pour son manque de représentativité, a accepté de se fondre dans une instance plus large le 11 novembre au Qatar.

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