Le Hamas a officiellement cautionné l’initiative du président
palestinien Mahmud Abbas pour obtenir le statut d’État observateur à
l’ONU, faisant provisoirement taire les divergences entre son chef en
exil et ses dirigeants à Gaza. Khaled Mechaal, chef du bureau politique
en exil, a tranché le débat en exprimant lundi "dans une conversation
téléphonique avec le président Abbas l’agrément du Hamas à la démarche à
l’ONU pour obtenir le statut d’État observateur", selon un communiqué.
À Gaza, qu’il gouverne depuis 2007, le Hamas, rétif à la démarche de
Mahmud Abbas, dont l’Autorité palestinienne ne contrôle plus que les
zones autonomes de Cisjordanie, est rentré dans le rang. "Personne n’est
contre un État, nous sommes en faveur de toute initiative pour arracher
un État palestinien sur la terre palestinienne, mais notre vision est
celle d’un État dans le cadre des constantes et de la résistance
palestiniennes", a déclaré mardi le chef du gouvernement du Hamas à
Gaza, Ismaïl Haniyeh.
"Un État sur les frontières de 1967 ne signifie pas renoncer au reste de
la terre palestinienne", a-t-il précisé à des journalistes, en
référence à la Palestine mandataire d’avant 1948, soit Israël et les
Territoires palestiniens occupés depuis 1967. Déjà le 17 novembre, le
numéro deux du Hamas, Moussa Abu Marzuk, en exil au Caire, avait
exhorté Mahmud Abbas à "ne pas renoncer à aller à l’ONU" sous la
pression israélienne, estimant que l’offensive lancée trois jours
auparavant à Gaza, qui s’est achevée le 21 novembre, visait également à
le dissuader de son projet.
"Il y a eu beaucoup de déclarations de dirigeants du Hamas montrant leur
soutien à Abu Mazen (le surnom de Mahmud Abbas, NDLR) dans son
initiative à l’ONU", a indiqué à l’AFP un responsable du Hamas à Gaza,
Ahmad Youssef. "Abu Mazen ira à l’Assemblée générale conforté par le
soutien du Hamas", a-t-il assuré. Le 22 novembre, le porte-parole de
Ismaïl Haniyeh avait pourtant démenti que le chef du gouvernement ait
approuvé la démarche à l’ONU, qualifiée samedi par un important
dirigeant à Gaza, Mahmud Zahar, de "reconnaissance de renonciation
officielle aux frontières de 1948".
Le projet de résolution qui sera soumis jeudi au vote de l’Assemblée
générale, où il devrait aisément recueillir la majorité simple requise,
appelle à "un règlement pacifique", avec l’établissement d’un État de
Palestine "vivant aux côtés d’Israël en paix et en sécurité, sur la base
des frontières d’avant 1967".
"Le Hamas et le Fatah tentaient mutuellement de se marginaliser",
explique Mukhaïmer Abu Saada, professeur de science politique à
l’Université Al-Azhar de Gaza, "c’est pourquoi le Hamas ne soutenait pas
la démarche d’Abu Mazen à l’ONU". "Mais cette opposition n’est plus
aussi ferme qu’elle l’était avant l’offensive" israélienne, estime-t-il,
les dirigeants du Hamas "ne l’expriment plus aussi fortement, il y a un
soutien tacite à Abu Mazen : Allez-y et si vous obtenez un État à
l’ONU, tant mieux".
"Le moment est venu de mettre fin à la division politique entre la
Cisjordanie et Gaza parce qu’Israël l’a exploitée pour dire que Mahmud
Abbas ne représentait pas tous les Palestiniens et que sa demande d’État
observateur à l’ONU ne devait pas être acceptée, étant donné qu’il n’a
aucun contrôle sur Gaza", souligne Mukhaïmer Abu Saada.
Un haut responsable israélien a ainsi affirmé vendredi à l’AFP sous le
couvert de l’anonymat trouver "étrange que Mahmud Abbas aille à l’ONU
demander un statut d’État, alors qu’il n’a d’autorité que sur la moitié
du peuple palestinien". Khaled Mechaal a "insisté sur la nécessité de
parvenir à la réconciliation nationale en profitant de l’atmosphère
positive après la victoire remportée par notre peuple à Gaza".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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