mercredi 28 novembre 2012

Palestine : Le Hamas cautionne la démarche de Mahmud Abbas à l’ONU

Le Hamas a officiellement cautionné l’initiative du président palestinien Mahmud Abbas pour obtenir le statut d’État observateur à l’ONU, faisant provisoirement taire les divergences entre son chef en exil et ses dirigeants à Gaza. Khaled Mechaal, chef du bureau politique en exil, a tranché le débat en exprimant lundi "dans une conversation téléphonique avec le président Abbas l’agrément du Hamas à la démarche à l’ONU pour obtenir le statut d’État observateur", selon un communiqué.
À Gaza, qu’il gouverne depuis 2007, le Hamas, rétif à la démarche de Mahmud Abbas, dont l’Autorité palestinienne ne contrôle plus que les zones autonomes de Cisjordanie, est rentré dans le rang. "Personne n’est contre un État, nous sommes en faveur de toute initiative pour arracher un État palestinien sur la terre palestinienne, mais notre vision est celle d’un État dans le cadre des constantes et de la résistance palestiniennes", a déclaré mardi le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh.
"Un État sur les frontières de 1967 ne signifie pas renoncer au reste de la terre palestinienne", a-t-il précisé à des journalistes, en référence à la Palestine mandataire d’avant 1948, soit Israël et les Territoires palestiniens occupés depuis 1967. Déjà le 17 novembre, le numéro deux du Hamas, Moussa Abu Marzuk, en exil au Caire, avait exhorté Mahmud Abbas à "ne pas renoncer à aller à l’ONU" sous la pression israélienne, estimant que l’offensive lancée trois jours auparavant à Gaza, qui s’est achevée le 21 novembre, visait également à le dissuader de son projet.
"Il y a eu beaucoup de déclarations de dirigeants du Hamas montrant leur soutien à Abu Mazen (le surnom de Mahmud Abbas, NDLR) dans son initiative à l’ONU", a indiqué à l’AFP un responsable du Hamas à Gaza, Ahmad Youssef. "Abu Mazen ira à l’Assemblée générale conforté par le soutien du Hamas", a-t-il assuré. Le 22 novembre, le porte-parole de Ismaïl Haniyeh avait pourtant démenti que le chef du gouvernement ait approuvé la démarche à l’ONU, qualifiée samedi par un important dirigeant à Gaza, Mahmud Zahar, de "reconnaissance de renonciation officielle aux frontières de 1948".
Le projet de résolution qui sera soumis jeudi au vote de l’Assemblée générale, où il devrait aisément recueillir la majorité simple requise, appelle à "un règlement pacifique", avec l’établissement d’un État de Palestine "vivant aux côtés d’Israël en paix et en sécurité, sur la base des frontières d’avant 1967".
"Le Hamas et le Fatah tentaient mutuellement de se marginaliser", explique Mukhaïmer Abu Saada, professeur de science politique à l’Université Al-Azhar de Gaza, "c’est pourquoi le Hamas ne soutenait pas la démarche d’Abu Mazen à l’ONU". "Mais cette opposition n’est plus aussi ferme qu’elle l’était avant l’offensive" israélienne, estime-t-il, les dirigeants du Hamas "ne l’expriment plus aussi fortement, il y a un soutien tacite à Abu Mazen : Allez-y et si vous obtenez un État à l’ONU, tant mieux".
"Le moment est venu de mettre fin à la division politique entre la Cisjordanie et Gaza parce qu’Israël l’a exploitée pour dire que Mahmud Abbas ne représentait pas tous les Palestiniens et que sa demande d’État observateur à l’ONU ne devait pas être acceptée, étant donné qu’il n’a aucun contrôle sur Gaza", souligne Mukhaïmer Abu Saada.
Un haut responsable israélien a ainsi affirmé vendredi à l’AFP sous le couvert de l’anonymat trouver "étrange que Mahmud Abbas aille à l’ONU demander un statut d’État, alors qu’il n’a d’autorité que sur la moitié du peuple palestinien". Khaled Mechaal a "insisté sur la nécessité de parvenir à la réconciliation nationale en profitant de l’atmosphère positive après la victoire remportée par notre peuple à Gaza".

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