mercredi 28 novembre 2012

Palestine : si l’empoisonnement d'Arafat est prouvé les Palestiniens saisiront la CPI

Les dirigeants palestiniens saisiront la Cour pénale internationale (CPI) si les prélèvements réalisés mardi sur la dépouille du leader palestinien Yasser Arafat confirment la thèse d’un empoisonnement, a déclaré un responsable palestinien.
"Si nous avons la preuve que Yasser Arafat a été empoisonné, nous irons devant la Cour pénale internationale", a déclaré le chef de la commission d’enquête palestinienne, Taoufiq Tiraoui, lors d’une conférence de presse. Il s’exprimait peu après l’ouverture de la tombe pour effectuer des prélèvements, confiés à des experts internationaux qui doivent les analyser à la recherche de polonium.

**

Le corps de Yasser Arafat exhumé à Ramallah
Le corps de Yasser Arafat a été exhumé mardi matin à Ramallah, huit ans après son décès près de Paris, pour les besoins d’une enquête qui doit déterminer s’il est mort empoisonné, comme le pensent de nombreux Palestiniens.
Une enquête pour assassinat a été confiée en août en France à trois juges d’instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) sur la mort de l’ancien président de l’Autorité palestinienne après l’annonce par l’Institut de radiophysique de Lausanne de la découverte d’une quantité anormale de polonium sur des effets personnels remis par sa veuve, Souha.
Yasser Arafat est décédé à l’âge de 75 ans après une courte et mystérieuse maladie le 11 novembre 2004 à l’hôpital militaire de Percy, à Clamart dans les Hauts-de-Seine, où il avait été transféré avec l’accord d’Israël après avoir été isolé par l’armée israélienne dans son QG de la Moukataa à Ramallah.
Aucune autopsie n’a été pratiquée à l’époque, à la demande de sa veuve, et les médecins français qui l’ont soigné se sont dits incapables de déterminer la cause du décès.
Des soupçons d’assassinat ont vite émergé, de nombreux Palestiniens accusant Israël. L’Etat juif a toujours nié être impliqué en quoi que ce soit dans la mort d’Arafat, invitant la direction palestinienne à rendre publics tous les dossiers médicaux concernant le chef historique de l’OLP, ce qui n’a jamais été fait.
L’exhumation a été menée après l’aube, à l’abri des regards derrière des bâches bleues, par des experts palestiniens épaulés par des équipes de médecins légistes venus de Suisse, de France et de Russie, rapporte la radio Voix de la Palestine.
Des ouvriers ont placé un immense drapeau palestinien au-dessus du mausolée où est enterré l’ancien chef palestinien, à l’intérieur de l’enceinte de la Moukataa.
"Les échantillons seront prélevés suivant un protocole très strict et seront analysés", a déclaré Darcy Christen, porte-parole de l’hôpital universitaire de Lausanne qui a effectué les examens sur les effets personnels de Yasser Arafat.
"Pour faire ces analyses, vérifier, revérifier, procéder aux contre-examens, il faudra plusieurs mois. Je ne crois pas que nous aurons quoi que ce soit de tangible avant mars ou avril de l’an prochain", a-t-il dit.
Le polonium a été à l’origine du décès de l’ancien espion russe Alexandre Litvinenko à Londres en 2006, mais certains experts se demandent comment Yasser Arafat aurait pu mourir de la sorte, soulignant qu’il a connu un bref rétablissement pendant sa maladie qui ne colle pas avec la thèse d’un empoisonnement radioactif. Ils notent également que l’ancien président palestinien n’avait pas perdu tous ses cheveux, comme c’est le cas avec le polonium.
D’après l’Institut de radiophysique de Lausanne, un délai de huit ans est considéré comme la limite pour pouvoir détecter toute trace de substance radioactive. L’hôpital de Lausanne s’est demandé en août s’il valait la peine de procéder à cette exhumation si celle-ci était repoussée à "octobre ou novembre".
Toute la famille d’Arafat n’a pas donné son accord à cette exhumation, à laquelle sa veuve Souha n’assistait pas mardi.
Une fois que les échantillons seront prélevés, le corps de l’ancien dirigeant palestinien sera de nouveau inhumé dans la journée avec les honneurs militaires dans son mausolée de Ramallah.
Parallèlement aux experts de médecine légale, les magistrats français se trouvent également cette semaine à Ramallah où ils interrogent les membres du cercle intime de Yasser Arafat.
Même si de nombreux Palestiniens soupçonnent Israël d’être responsable de la mort de leur ancien leader, ils reconnaissent que le poison a sans doute été administré par un Palestinien, à sa connaissance ou à son insu.

(27 Novembre 2012 - Assawra avec les agences de presse)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire