L'armée syrienne a mis mercredi fin à plusieurs semaines de siège autour de sa base de Cheikh Suleyman dans le nord, en grande partie tenu par les rebelles et proche de la Turquie qui a officiellement demandé à l'Otan de déployer des Patriot sur son sol.
Au moins 25 insurgés ont péri dans les combats autour de Cheikh Suleyman, à environ 25 km au nord-ouest d'Alep (nord), notamment parce que les abords de la base étaient minés et parce que l'aviation a mené des bombardements, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cheikh Suleyman est désormais le seul obstacle à la "libération" quasi-complète d'une large zone allant de la frontière turque jusqu'à Alep par les rebelles qui ont pris il y a trois jours une autre base de la région, la Base 46, depuis laquelle le régime bombardait les localités environnantes.
Mercredi, les rebelles s'organisaient sur cette immense base, a constaté un journaliste de l'AFP, mettant notamment la main sur une quinzaine de chars et de blindés de fabrication soviétique, des armes et des munitions qu'ils ont ensuite ramenés dans leurs bases-arrières proches de la frontière turque.
Face au risque de débordement du conflit, l'Otan a annoncé avoir reçu une demande formelle de la Turquie pour le déploiement de missiles de défense anti-aérienne Patriot. "Les Alliés vont en discuter sans délai", a indiqué le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, sur son compte Twitter.
Les Etats-Unis se sont dits plutôt favorables à cette demande et l'Otan pourrait donner son feu vert dès mercredi soir au cours d'une réunion prévue à son siège de Bruxelles, selon une source diplomatique.
Berlin a exprimé l'espoir que le Parlement allemand donne son feu vert d'ici la mi-décembre au déploiement et le gouvernement néerlandais a fait savoir qu'il allait "se pencher sur la possibilité d'une contribution".
La France n'a pas violé l'embargo
Alors que l'Union européenne n'a pas tranché la question d'une levée d'un embargo sur les armes en Syrie, le ministre français des Affaires étrangères a affirmé que Paris, en pointe dans le soutien à la rébellion, ne violait pas ce blocus en vigueur depuis mai 2011.
"Est-ce qu'on livre ou pas des armes et est-ce qu'on viole l'embargo, la réponse est non", a déclaré Laurent Fabius.
Sur le plan diplomatique, la nouvelle Coalition de l'opposition a obtenu un nouveau succès, Londres l'ayant reconnue comme "seul représentant légitime du peuple syrien", comme l'ont déjà fait Ankara, Rome, les monarchies du Golfe et la France.
Le chef de la diplomatie britannique William Hague a estimé qu'"il est grandement dans l'intérêt de la Syrie, de la région et du Royaume-Uni que nous soutenions (la Coalition) et que nous ne laissions pas de place aux groupes extrémistes", ajoutant qu'il avait demandé à l'opposition de nommer un représentant au Royaume-Uni.
Un dirigeant de la Coalition, Georges Sabra, a réclamé un "plan Marshall" pour la Syrie affirmant avoir besoin d'environ 60 milliards de dollars pour éviter un effondrement de l'économie après la chute du régime.
Sur le terrain, l'armée a repris ses bombardements aériens et terrestres sur le sud de Damas et la campagne environnante, principale base arrière des rebelles, selon l'OSDH.
Ces opérations interviennent au lendemain d'un tir sur Abu Roummané, un quartier cossu jusqu'ici épargné, qui a fait un mort et trois blessés, selon une source officielle et l'OSDH.
"Vous n'imaginez pas la peur qui m'a saisi quand j'ai entendu le bruit de l'explosion. Personne n'imaginait que cela arriverait dans ce quartier", a confié un habitant à l'AFP.
Une source humanitaire syrienne dans le nord-ouest du pays a affirmé à l'AFP que les rebelles avaient progressé dans la zone de Kassab, proche du dernier poste-frontière vers la Turquie encore aux mains du régime, la ville de Kassab elle-même restant sous le contrôle de l'armée. Une source rebelle a fait état de violents combats dans la journée.
Selon un bilan provisoire de l'OSDH, les violences ont fait 67 morts mercredi dont 15 civils. Plus de 39.000 personnes ont péri depuis le début du conflit en mars 2011.
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