Idlib, Syrie 18 novembre 2012 : Des rebelles vérifient leurs munitions lors d’affrontements avec l’armée.
(Photograph : Khalil Hamra/AP)
Les rebelles affrontaient jeudi des centaines de combattants kurdes
dans des combats sans précédent dans le nord de la Syrie, quelques
heures après avoir chassé les troupes du régime d'une importante zone de
l'Est du pays, près de l'Irak.
Cette bataille, à la lisière de la Turquie où devraient être déployés
par l'Otan des missiles de défense anti-aérienne Patriot, oppose des
centaines d'insurgés islamistes à des membres de la branche syrienne du
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), la bête noire du pouvoir à
Ankara.
La Turquie et ses alliés occidentaux craignent un débordement du
conflit syrien qui a fait en 20 mois plus de 40.000 morts, dont une
majorité de civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH) qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins.
Et jeudi encore, 124 personnes ont péri à travers la Syrie selon
l'ONG, les violences faisant tous les jours des dizaines de morts dans
ce pays en proie depuis le 15 mars 2011 à une révolte populaire devenue
conflit armé face à la répression du régime de Bashar al-Assad.
Dans la ville de Rass Al-Aïn, où les rebelles ont pris un point de
passage vers la Turquie, 200 jihadistes du Front Al-Nosra et une
centaine d'hommes de la brigade islamiste Ghuraba al-Cham, appuyés par
trois chars pris à l'armée, s'opposaient à quelque 400 combattants
kurdes, a précisé l'OSDH.
Dans une vidéo mise en ligne, Ghuraba al-Cham s'en prend au Parti de
l'Union démocratique kurde (PYD), branche syrienne du PKK, accusé par
les rebelles de faire le jeu du régime syrien dont les troupes se sont
retirées de plusieurs localités de la région tombées de fait aux mains
des kurdes.
Un homme, au milieu d'une cinquantaine de rebelles armés devant un
char, y appelle "tous ceux qui affrontent notre révolution et pointent
leurs armes contre nous, notamment le PYD, le PKK à se retirer
immédiatement de Rass Al-Aïn".
La Turquie avait accusé le pouvoir à Damas d'avoir "confié" plusieurs
zones du nord au PYD et considéré l'installation de ce parti près de sa
frontière comme "dirigée contre" elle.
"Les gens ont perdu les routes"
Plus au sud, les rebelles ont enregistré un succès en prenant
Mayadine, l'une des dernières villes de la province de Deir Ezzor aux
mains du régime de Bashar al-Assad.
"La zone, qui s'étend de la frontière irakienne à la lisière de Deir
Ezzor, est désormais le secteur le plus important échappant totalement
au contrôle de l'armée", a expliqué à l'AFP le chef de l'OSDH, Rami
Abdel Rahman.
Le régime, dont l'armée est bousculée par une rébellion de plus en
plus audacieuse, a réduit ses ambitions territoriales pour se concentrer
sur une ligne partant du sud, passant par Damas et le centre de la
Syrie et rejoignant le pays alaouite et la côte, dans le nord-ouest,
estiment des analystes.
Ses troupes ont ainsi repris leurs bombardements sur le sud de Damas
et la campagne environnante pour tenter d'en chasser les rebelles, selon
l'OSDH.
Pour le quotidien du parti Baas au pouvoir, "l'opération de purge de
la région de Damas est entrée quasiment dans son étape finale grâce à
l'élimination de dizaines de terroristes".
Selon le président de la Croix-Rouge internationale, Peter Maurer,
les civils ont de plus en plus de mal à fuir les combats en raison de
l'extension du conflit. "Les gens ont perdu les routes...par lesquelles
ils pouvaient fuir", a-t-il dit, en avertissant que la crise humanitaire
risquait de s'aggraver en cas de poursuite des attaques contre les
équipes médicales et les ambulances.
Devant l'escalade à sa frontière, Ankara a demandé à l'Otan le déploiement de Patriot sur son sol.
Les Etats-Unis se sont déclarés plutôt favorables à cette demande,
l'Allemagne a dit espérer un feu vert du Parlement et les Pays-Bas ont
fait savoir qu'ils se pencheraient "sur la possibilité d'une
contribution". Parmi les 28 membres de l'Otan, seuls ces trois pays
possèdent des Patriot.
Moscou, grand allié du régime Assad, a en revanche demandé à Ankara
de favoriser une solution politique plutôt qu'à "montrer ses muscles".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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