Le nouveau patriarche des Coptes orthodoxes d'Egypte, la plus
importante communauté chrétienne du Moyen-Orient, a été intronisé
dimanche, dans un contexte de tensions avec les islamistes sur la place
de la charia (loi islamique) dans la future Constitution.
Agé de 60 ans, Tawadros II est devenu le 118ème "pape d'Alexandrie,
patriarche de toute l'Afrique et du siège de Saint-Marc" lors d'une
cérémonie célébrée avec faste et solennité dans la grande cathédrale
Saint-Marc du Caire.
La charge lui a été transmise par l'évêque Pachomius, chef par
intérim de cette église, au milieu de chants, psaumes et hommages en
arabe, grec, anglais et en langue copte, un idiome utilisé pour la
liturgie.
En présence de dizaines de dignitaires religieux portant les riches
habits sacerdotaux coptes brodées, Tawadros II a reçu les attributs de
sa fonction, notamment une tiare et un crucifix en or, sous les
applaudissements des personnalités et des fidèles massés dans la
cathédrale.
Il s'est ensuite assis sur le massif trône de Saint-Marc, orné de
deux lions de bois vernis, où il a reçu l'accolade de nombreuses
personnalités religieuses et civiles, dont le chef du gouvernement,
Hicham Qandil, qui représentait le président Mohamed Morsi.
L'Eglise avait annoncé que le président assisterait en personne à la
cérémonie, mais M. Morsi avait indiqué vendredi qu'il serait absent, au
moment où il devait gérer la crise à Gaza.
Le président islamiste a envoyé au nouveau pape une lettre de
félicitations dans laquelle il lui souhaite "le succès dans ses efforts
visant à assurer l'unité du peuple égyptien".
Le pape Benoît XVI lui a adressé ses "voeux" pour "les grands défis qui l'attendent".
"C'est avec une joie fraternelle que j'envoie mes voeux à votre
Sainteté, à l'occasion heureuse de votre intronisation en tant que pape
d'Alexandrie, patriarche de toute l'Afrique et du siège de Saint-Marc",
écrit Benoît XVI dans une missive remise par le cardinal Kurt Koch,
président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des
Chrétiens, qui a assisté à la cérémonie au Caire.
Tawadros II prend la succession de Chenouda III, décédé en mars après
quatre décennies à la tête de cette communauté qui représente 6 à 10%
des 83 millions d'Egyptiens.
Ce pharmacien de formation devenu moine puis évêque de Beheira (delta
du Nil), considéré comme un homme de dialogue, avait été
pré-sélectionné avec deux autres candidats par un vote en octobre, puis
désigné le 4 novembre par un tirage au sort effectué par un enfant au
cours d'une cérémonie religieuse.
Pas d'"Etat religieux"
"Il apparaît comme un homme sage. Dieu l'a choisi à un bon moment,
car nous avons besoin d'une personnalité comme lui face aux Frères
musulmans", première formation islamiste du pays, dont est issu M.
Morsi, a estimé Jihane Refaat, une dentiste copte.
"Il nous faut quelqu'un de fort pour résoudre tous les problèmes des
Coptes en ce moment", a insisté Antwan Alfons, un autre chrétien du
Caire, technicien en informatique.
L'Eglise copte, l'une des plus anciennes de la chrétienté, fait
remonter sa fondation à l'évangéliste Saint Marc à Alexandrie, des
siècles avant l'arrivée de l'islam, aujourd'hui majoritaire.
Elle s'inquiète aujourd'hui de la montée en puissance de l'islam
politique, qui s'est traduite par l'élection de M. Morsi en juin.
Les Coptes, déjà très peu représentés dans les instances
gouvernementales et la haute fonction publique, redoutent de se voir
davantage marginalisés, d'autant que les violences à caractère
confessionnel, parfois meurtrières, se multiplient contre leur
communauté.
Ces derniers jours, Tawadros II a mis en garde contre la tentation
d'instaurer un "Etat religieux" en Egypte, en référence à une possible
extension du champ d'application de la charia dans la future
Constitution.
"Une Constitution qui suggère l'imposition d'un Etat religieux en
Egypte est absolument rejetée", a-t-il déclaré au lendemain de sa
désignation.
Samedi, les Eglises chrétiennes d'Egypte ont également annoncé le
retrait de leurs représentants siégeant à la commission chargée de
rédiger cette Constitution, dominée par les islamistes.
La précédente Constitution, suspendue après la chute de Hosni
Moubarak début 2011, se référait aux "principes", pas aux préceptes, de
la charia comme "source principale", mais pas unique, de la législation.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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