La visite éclair à Gaza d’une délégation du « 14 mars » libanais,
coalition composée de plusieurs partis hostiles à la résistance
islamique au Liban et à ses alliés, suscite colère et dégoût au sein de
la population palestinienne à Gaza, qui vient de remporter une victoire
de plus contre l’ennemi sioniste. D’autant plus que cette délégation a
inclus un député des Forces Libanaises, principale force ayant participé
aux massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila en 1982, et
dont plusieurs dirigeants avaient rencontré et collaboré avec l’ennemi,
officiers de l’armée de l’occupation ou hommes politiques.
Gaza la victorieuse, Gaza dont la résistance a bombardé Tel Aviv et
les colonies situées aux abords de la ville occupée d’al-Quds, Gaza qui
représente la dignité arabe, Gaza la meurtrie par un blocus qui dure
depuis 6 ans, mené par les amis du « 14 mars » (Etats-Unis et Union
européenne) et par l’ennemi, Gaza a été injuriée par la visite d’un
représentant des Forces Libanaises. C’est tout le peuple palestinien qui
se sent insulté par un tel affront.
La visite de la délégation du « 14 mars » fut boudée par la presse
palestinienne, prompte d’habitude à accueillir les délégations
solidaires, venues pour briser le blocus. Celle-ci a plutôt mis l’accent
sur les réactions populaires sur les réseaux, à cette visite, où les
Palestiniens ont exprimé leur colère et leur dégoût, sachant bien que
les visiteurs ne peuvent être refoulés, surtout s’ils ont reçu l’aval et
la bénédiction, sinon la suggestion de Qatar, et certains disent de
l’Egypte ou de l’Arabie saoudite. Mais la presse palestinienne a
diffusé, à grande échelle, l’hommage de la population de Gaza à la
république islamique d’Iran, pour la remercier d’avoir fourni les fusées
à la résistance, qui a frappé et frappé Tel Aviv.
Pourquoi cette visite ? se demandent les Palestiniens. Le
porte-parole du « 14 mars » l’a expliqué : il s’agit de montrer que la
Palestine ou la question palestinienne n’est pas l’exclusivité du
Hezbollah ou du front de la dissuasion, mais de toute la nation. Et
comme dans l’islam, l’intention prime sur l’acte, nous pouvons d’ores et
déjà dire que la visite est nullifiée, puisqu’il ne s’agit pas de
soutenir la résistance palestinienne, mais de « marquer un point »
contre la résistance islamique au Liban.
Le « 14 mars » prétend soutenir la résistance palestinienne, à
présent, contre l’ennemi sioniste. Une caricature a circulé à ce sujet,
où le premier ministre Haniyyé se demande précisément si la délégation
n’est pas plutôt venue pour « exiger le désarmement de la résistance »
comme le réclame le « 14 mars » au Liban. Car pourquoi soutenir la
résistance et les armes de la résistance à Gaza, et non au Liban,
puisque l’ennemi est le même ? Ceux qui n’ont cessé, depuis 2005, de
ternir l’image de la résistance islamique au Liban, ceux qui ont reçu de
l’argent sale des Américains pour ce faire, ceux qui n’ont cessé de
combattre le Hezbollah avec le soutien des chancelleries occidentales,
ceux qui n’ont pas eu la décence de visiter le sud du pays, meurtri par
la guerre israélienne et apporter leur soutien à la population
victorieuse du sud du Liban, ceux qui n’ont pas visité le musée de la
Résistance à Mlita, les voici soudainement à Gaza, qui fêtait il y a
moins d’une semaine sa récente victoire contre l’occupant.
Pourquoi alors cette visite ? S’agirait d’effacer les traces des
combattants du Hezbollah qui avaient affronté les menaces et les dangers
pour faire passer des armes et des fusées, utilisées au cours de la
dernière guerre, aux combattants de la résistance palestinienne à Gaza ?
S’agirait-il de tracer un chemin « légal » pour la diplomatie et les
« bonnes œuvres » vers Gaza, qui remplacerait celui souterrain et
« illégal » emprunté par les combattants et les armes ? C’est en tout
cas ce que l’on peut en déduire, étant donné le nombre de délégations
venues « bénir » la victoire de la résistance, dans le sillage de la
visite de l’émir de Qatar et de son épouse, avant la guerre.
S’il est important que le blocus soit brisé, il est aussi important
pour les combattants de la Palestine que les armes puissent arriver.
Hajj Abu ‘Imad Rifaï, représentant au Liban du mouvement du Jihad
islamique en Palestine l’a affirmé, au cours de la dernère guerre : ce
sont des armes dont le peuple palestinien, à Gaza et ailleurs, a besoin
avant toute chose. Ce sont les armes de la résistance qui ont empêché
l’invasion terrestre de la bande de Gaza, ce sont les armes de la
résistance d’abord qui ont imposé une trêve, le ballet diplomatique n’a
fait qu’entériner ce que les armes sont parvenues à faire.
Ce sont
les armes de la résistance et la fermeté politique des dirigeants
palestiniens qui ont empêché le plan sioniste visant à séparer Gaza de
la Cisjordanie pour la remettre à l’Egypte. Mais comme le dit si bien le
représentant du Jihad islamique, il faut craindre que la victoire de
Gaza ne soit le prélude, pour certains Etats, à un autre accord d’Oslo.
La visite de la délégation du « 14 mars », qui inclut un collaborateur
des Forces Libanaises, ne présage rien de bon.
Rim al-Khatib
29 novembre 2012
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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