vendredi 30 novembre 2012

Qatar : un poète condamné à la perpétuité

Un tribunal du Qatar a condamné jeudi à la prison à vie un poète poursuivi pour incitation contre le régime et diffamation du prince héritier de cette monarchie du Golfe, qui soutient les soulèvements antigouvernementaux dans les pays du Printemps arabe, a indiqué son avocat. Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, était jugé sous trois accusations, a précisé à l’AFP Me Néjib al-Naïmi : "incitation contre le régime, diffamation du prince héritier", Tamim Ben Hamad Al-Thani, et "atteinte à la Constitution".
Il a ajouté qu’il allait interjeter appel la semaine prochaine contre ce verdict, rendu "au terme de six audiences, pour la plupart secrètes". L’avocat a indiqué avoir émis en vain des réserves sur la composition du tribunal, dont le président, un Soudanais, "était lui-même juge d’instruction" dans l’affaire de son client.
En vertu des accusations retenues contre lui, le poète était passible d’une peine de cinq ans de prison au maximum, a encore dit Me Naïmi, un ancien ministre de la Justice du Qatar, soulignant que "la perpétuité ne s’applique qu’en cas de tentative de coup d’État".
Amnesty International s’est aussitôt élevée contre le verdict qui a "toutes les caractéristiques d’une atteinte scandaleuse à la liberté d’expression" et appelé à la libération du poète, présenté comme "un prisonnier d’opinion". "Il est déplorable que le Qatar, qui veut se présenter à l’échelle mondiale comme un pays qui défend la liberté d’expression, se livre à ce qui semble être une violation flagrante de ce droit", a déclaré le directeur régional d’Amnesty, Philip Luther, dans un communiqué.
Le poète avait été arrêté le 16 novembre 2011 sous l’accusation d’"incitation au renversement" du régime et d’"insulte à l’émir", cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, avait indiqué fin octobre Amnesty en réclamant sa libération. L’ONG avait indiqué que la justice du Qatar lui reprochait d’avoir écrit en 2010 un poème critiquant l’émir, mais que selon des militants du Golfe, la véritable raison de son arrestation est son "Poème du jardin", écrit en 2011 alors qu’avait commencé le Printemps arabe.
Ce poème rend hommage à la révolution tunisienne et exprime l’espoir que le changement touche d’autres pays arabes, affirmant "nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive". Richissime État gazier du Golfe, le Qatar a été épargné par la vague de contestation qui a soufflé sur le monde arabe.



"Nous sommes tous la Tunisie, la révolution du jasmin"

Voici le poème en question :

كلنا تونس ثورة الياسمين

محمد بن الذيب


يالوزير الاولـي يامحمـد الغنّوشـي
لو حسبنا سلطتك ماهيـب دستوريّـه
مابكينا بن علـي ولا بكينـا عصـره
نعتبرهـا لحظـةٍ بالعمـر تاريخيـه
دكتتوريـة نظـام القمـع واستبـداده
اعلنت تونس عليه الثـوره الشعبيـه
ان ذممنا مانـذم الا حقيـر وواطـي
وان مدحنا نمدح بقناعـةٍ شخصيـه
أجج الثوره بـدم الشعـب ياثائرهـا
وانحت انقاذ الشعوب لكل نفسن حيّـه
قلهم في قول من كفنـه يشلّـه كفـه
كل نصرن تستبقه احـداث مأساويـه
آه عقبال البلاد اللي جهـل حاكمهـا
يحسب ان العزّ بالقـوات الامريكيـه
وآه عقبال البلاد اللي شعَبْهـا جايـع
والحكومه تفتخر في طفـرة الماليـه
وآه عقبال البلاد اللي تنـام مواطـن
معك جنسيه وتصبح مامعـك جنسيـه
وآه عقبال النظام القمعـي المتـوارث
لا متى وانتم عبيـد النزعـه الذاتيـه
ولا متى والشعب مايدري بقيمة نفس
هذا ينصـب ذا وراءه كلهـا منسـيـه
ليه مايختار حاكم بالبلـد يحكـم لـهيت
خلص من نظام السلطـه الجبريـه
علم اللي مرضيٍ نفسه ومزعل شعبـه
بكره يجلّس بدالـه واحـد بكرسيـه
لا يحَسْب ان الوطن بسمه وبسم عياله
الوطن للشعب وامجاد الوطن شعبيـه
رددوا والصوت واحد للمصير الواحـد
كلنا تونس بوجـه النخبـه القمعيـه
الحكومات العربيـه ومـن يحكمهـا
كلهـم بـلا بـلا استثنـاء حراميـه
السؤال اللي يؤرّق فكـرة المتسائـل
لن يجد اجابته من كم جهـه رسميـه
دامها تستورد من الغرب كل أشيـاءه


ليه ماتستورد القانـون والحريـه..؟؟..


( Du poète Qatari Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, condamné à la perpétuité )

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