Le Libanais Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré depuis 28 ans en
France pour complicité d'assassinat de deux diplomates, a obtenu sa
libération conditionnelle mais reste en prison car le parquet, qui
craint de le voir reprendre son combat, a fait appel.
Le tribunal
d'application des peines (TAP) de Paris, seul à statuer sur la détention
dans les dossiers de terrorisme, a jugé mercredi que le détenu de 61
ans présentait toutes les garanties permettant de le remettre en
liberté.
Ce n'est pas l'avis du parquet qui, comme il l'avait fait
lors de l'audience à huis-clos du 23 octobre, s'est opposé à la
libération conditionnelle de l'ancien chef des FARL (Fractions armées
révolutionnaires libanaises) en interjetant aussitôt appel de la
décision.
Ce sera donc à la juridiction d'appel de trancher lors
d'une audience qui n'interviendra pas avant plusieurs semaines. En
attendant Georges Ibrahim Abdallah reste en prison à Lannemezan
(Hautes-Pyrénées).
Ce scénario s'était déjà produit en 2003,
lorsque la juridiction régionale de Pau, compétente à l'époque, avait
accordé au détenu libanais une libération conditionnelle annulée en
appel en janvier 2004.
Libérable depuis 1999, Georges Ibrahim
Abdallah a fait valoir aux juges parisiens qu'il souhaitait retourner au
Liban et reprendre son métier d'enseignant, a expliqué à l'AFP son
avocat Jacques Vergès.
Le TAP a d'ailleurs assorti son
autorisation de remise en liberté de l'expulsion du territoire français
de ce condamné encombrant, en donnant au ministère de l'Intérieur
jusqu'au 14 janvier 2013 pour prendre un arrêté en ce sens.
"Décision politique" ?
"Les
psychiatres assurent qu'il ne présente pas de danger de réitération,
que c'est un détenu modèle, qui ne fait pas de prosélytisme", a souligné
Me Vergès.
Le parquet de Paris fait une analyse différente,
expliquant que "le projet incertain que présente M. Abdallah ne permet
de garantir tout risque de récidive" et de reprise d'un combat
révolutionnaire au Liban. Par ailleurs, il n'a jamais commencé à
indemniser les parties civiles et continue de revendiquer ses actes,
ajoute-t-on de même source.
Le comité de soutien à Georges Ibrahim
Abdallah célébrait d'ailleurs mercredi "le militant révolutionnaire"
qui a gardé "intactes ses convictions politiques et son engagement
solidaire aux côtés des peuples en lutte, et tout particulièrement aux
côtés du peuple palestinien".
Engagé auprès du mouvement
palestinien radical FPLP (Front populaire de libération de la
Palestine), Georges Ibrahim Abdallah avait été arrêté le 24 octobre 1984
et condamné à perpétuité en 1987 pour complicité dans les assassinats
en 1982 à Paris de deux diplomates, l'Américain Charles Robert Ray et
l'Israélien Yacov Barsimantov.
Jacques Vergès n'hésite pas à
s'interroger sur le rôle des Etats-Unis, partie civile dans ce dossier,
dans le maintien en détention d'Abdallah, suggérant que ce pays fait
pression sur la France.
"La question est de savoir si la décision
du parquet de faire appel est une décision politique. Le parquet a-t-il
agi sur ordre d'un gouvernement de gauche?", questionne l'avocat.
En
visite officielle en France en février, le Premier ministre libanais
Najib Mikati avait demandé aux autorités la libération de ce compatriote
qualifié de "prisonnier politique", y voyant "une question
humanitaire".
Un mois plus tôt, l'ancien patron de la DST
(contre-espionnage intérieur) Yves Bonnet avait jugé dans la presse que
Georges Ibrahim Abdallah "plus mal traité qu'un serial killer" méritait
d'être remis en liberté jugeant "le refus de Paris" motivé par ses
relations avec "ses alliés".
A Beyrouth, le comité de soutien au
prisonnier libanais a salué sa libération conditionnelle, dénonçant
toutefois l'appel interjeté par le parquet, dans un communiqué.
Par la voix de leur ambassadeur à Paris, les Etats-Unis ont regretté la
décision de la justice française. "Chef d'un groupe terroriste
libanais", Abdallah "n'a jamais exprimé le moindre remords concernant
l'assassinat du diplomate américain Charles Ray en 1982 à Paris, et la
tentative d'assasinat du consul général des Etats-Unis à Strasbourg,
Robert Homme, en 1984", a notamment déclaré l'ambassadeur Charles
Rivkin.
(La Croix, 21 novembre 2012 avec le concours de l'AFP)
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