Après avoir fait grimper la tension avec Barack Obama, en laissant
croire à une frappe israélienne contre l’Iran, Benjamin Netanyahu semble
tendre une perche aux Etats-Unis en demandant plus de fermeté à l’égard
de l’Iran pour éviter une crise avec l’allié américain.
L’enjeu, aux yeux du Premier ministre israélien, porte désormais sur
la "ligne rouge", autrement dit la limite, que l’Iran est censé ne pas
franchir dans son programme nucléaire sans s’exposer à une attaque
militaire américaine.
"Tant que le régime iranien ne percevra pas de ligne rouge ni de
détermination (de la communauté internationale), il ne cessera de faire
avancer son programme nucléaire", a averti dimanche Netanyahu.
"Nous sommes d’accord avec les Américains pour dire que l’Iran ne
doit pas se doter de l’arme nucléaire, mais nous divergeons sur le
calendrier. Les Etats-Unis pensent que l’on peut attendre plus longtemps
pour agir alors que pour nous c’est beaucoup plus urgent", a explicité
mardi à la radio publique son vice-Premier ministre Silvan Shalom.
Pour tenter de faire passer son message, Benjamin Netanyahu ne cesse
de dénoncer l’inefficacité des sanctions internationales contre Téhéran
et évoque, comme alternative, le scénario d’une opération israélienne
contre les installations nucléaires iraniennes sans le feu vert de
Washington.
M. Netanyahu a ainsi récemment rappelé que son prédécesseur Menahem
Bégin avait ordonné en 1981 le bombardement du réacteur nucléaire
d’Osirak près de Bagdad malgré l’opposition de Washington et des
Européens.
Ce constat de désaccord se dresse au moment où les motifs de frictions s’accumulent entre Israël et les Etats-Unis.
Washington a ainsi réduit significativement d’importantes manoeuvres
militaires prévues cet automne avec l’armée israélienne et visant à
tester les différents systèmes d’intervention des missiles iraniens.
Cette décision a été interprétée par certains commentateurs comme un
signal de Barack Obama qui aurait voulu "se venger" de l’accueil
quasi-présidentiel réservé à la fin juillet à Jérusalem par Benjamin
Netanyahu à Mitt Romney, le rival républicain du président.
Des ministres israéliens se sont aussi inquiétés des propos
"étranges" du chef d’état-major américain, le général Martin Dempsey,
qui a affirmé le week-end dernier ne pas vouloir être "complice" d’une
opération militaire qu’Israël pourrait lancer contre l’Iran.
Le quotidien israélien Yédiot Aharanot a fait état d’une rencontre
particulièrement "tendue" fin août entre Netanyahu et l’ambassadeur
des Etats-Unis en Israël, Daniel Shapiro, à Tel-Aviv.
Lors de vifs échanges, "Bibi" Netanyahu aurait reproché au président
Obama d’exercer des pressions sur Israël, pour l’empêcher d’agir, sans
pour autant imposer les sanctions les plus dures contre l’Iran.
L’accrochage n’a pas été confirmé de sources diplomatiques américaines
ni israéliennes.
L’ambassadeur américain a néanmoins accordé depuis une interview à
une chaîne de télévision israélienne pour assurer que les relations
entre les deux alliés restaient au beau fixe.
Cette volonté de désamorcer une crise dommageable pour les deux
parties serait également à l’origine des informations parues lundi dans
le New York Times selon lesquelles l’administration Obama veut accentuer
la pression sur l’Iran pour l’amener à négocier sérieusement et éviter
une action unilatérale israélienne.
Pour sa part, Netanyahu a baissé le ton lundi en évoquant la
possibilité d’une solution qui permettrait d’éloigner le spectre d’une
déflagration : "Plus la communauté internationale fera preuve de
résolution, et plus claire sera la ligne rouge, moins il y a aura de
chance de conflit".
Selon des commentateurs politiques, Netanyahu, qui doit se rendre à
la fin du mois à New York, aurait ainsi tendu la main au président
Obama afin qu’il fixe une limite au programme nucléaire iranien.
Mais, pour Alon Pinkas, ancien consul général d’Israël à New York,
"le problème est que Netanyahu souffre désormais d’un véritable déficit
de crédibilité aux Etats-Unis, même lorsqu’il dit des choses vraies".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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