mardi 4 septembre 2012

Israël : : Netanyahu alterne pression et apaisement vis-à-vis d’Obama à propos du nucléaire iranien

Après avoir fait grimper la tension avec Barack Obama, en laissant croire à une frappe israélienne contre l’Iran, Benjamin Netanyahu semble tendre une perche aux Etats-Unis en demandant plus de fermeté à l’égard de l’Iran pour éviter une crise avec l’allié américain.
L’enjeu, aux yeux du Premier ministre israélien, porte désormais sur la "ligne rouge", autrement dit la limite, que l’Iran est censé ne pas franchir dans son programme nucléaire sans s’exposer à une attaque militaire américaine.
"Tant que le régime iranien ne percevra pas de ligne rouge ni de détermination (de la communauté internationale), il ne cessera de faire avancer son programme nucléaire", a averti dimanche Netanyahu.
"Nous sommes d’accord avec les Américains pour dire que l’Iran ne doit pas se doter de l’arme nucléaire, mais nous divergeons sur le calendrier. Les Etats-Unis pensent que l’on peut attendre plus longtemps pour agir alors que pour nous c’est beaucoup plus urgent", a explicité mardi à la radio publique son vice-Premier ministre Silvan Shalom.
Pour tenter de faire passer son message, Benjamin Netanyahu ne cesse de dénoncer l’inefficacité des sanctions internationales contre Téhéran et évoque, comme alternative, le scénario d’une opération israélienne contre les installations nucléaires iraniennes sans le feu vert de Washington.
M. Netanyahu a ainsi récemment rappelé que son prédécesseur Menahem Bégin avait ordonné en 1981 le bombardement du réacteur nucléaire d’Osirak près de Bagdad malgré l’opposition de Washington et des Européens.
Ce constat de désaccord se dresse au moment où les motifs de frictions s’accumulent entre Israël et les Etats-Unis.
Washington a ainsi réduit significativement d’importantes manoeuvres militaires prévues cet automne avec l’armée israélienne et visant à tester les différents systèmes d’intervention des missiles iraniens.
Cette décision a été interprétée par certains commentateurs comme un signal de Barack Obama qui aurait voulu "se venger" de l’accueil quasi-présidentiel réservé à la fin juillet à Jérusalem par Benjamin Netanyahu à Mitt Romney, le rival républicain du président.
Des ministres israéliens se sont aussi inquiétés des propos "étranges" du chef d’état-major américain, le général Martin Dempsey, qui a affirmé le week-end dernier ne pas vouloir être "complice" d’une opération militaire qu’Israël pourrait lancer contre l’Iran.
Le quotidien israélien Yédiot Aharanot a fait état d’une rencontre particulièrement "tendue" fin août entre Netanyahu et l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Daniel Shapiro, à Tel-Aviv.
Lors de vifs échanges, "Bibi" Netanyahu aurait reproché au président Obama d’exercer des pressions sur Israël, pour l’empêcher d’agir, sans pour autant imposer les sanctions les plus dures contre l’Iran. L’accrochage n’a pas été confirmé de sources diplomatiques américaines ni israéliennes.
L’ambassadeur américain a néanmoins accordé depuis une interview à une chaîne de télévision israélienne pour assurer que les relations entre les deux alliés restaient au beau fixe.
Cette volonté de désamorcer une crise dommageable pour les deux parties serait également à l’origine des informations parues lundi dans le New York Times selon lesquelles l’administration Obama veut accentuer la pression sur l’Iran pour l’amener à négocier sérieusement et éviter une action unilatérale israélienne.
Pour sa part, Netanyahu a baissé le ton lundi en évoquant la possibilité d’une solution qui permettrait d’éloigner le spectre d’une déflagration : "Plus la communauté internationale fera preuve de résolution, et plus claire sera la ligne rouge, moins il y a aura de chance de conflit".
Selon des commentateurs politiques, Netanyahu, qui doit se rendre à la fin du mois à New York, aurait ainsi tendu la main au président Obama afin qu’il fixe une limite au programme nucléaire iranien.
Mais, pour Alon Pinkas, ancien consul général d’Israël à New York, "le problème est que Netanyahu souffre désormais d’un véritable déficit de crédibilité aux Etats-Unis, même lorsqu’il dit des choses vraies".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire