lundi 17 septembre 2012

Syrie : les rebelles veulent renverser le régime par la force

Les rebelles en Syrie se sont dits déterminés à renverser le régime par la force, mettant en doute le succès de la mission du médiateur Lakhdar Brahimi, les enquêteurs de l’ONU dénonçant des abus en recrudescence dans le conflit.
Au terme d’une mission de quatre jours à Damas qu’il a qualifiée d’"extrêmement difficile", le médiateur international Lakhdar Brahimi s’apprête lundi à rendre compte auprès de la Ligue arabe de ses entretiens avec le président Bashar al-Assad tout comme des chefs de la rébellion.
Il devrait également participer au Caire à la première réunion du "groupe de contact" quadripartite sur la Syrie (Iran, Egypte, Turquie et Arabie saoudite), selon les médias iraniens.
Si M. Brahimi avait lui-même prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à des "miracles", les insurgés ont d’ores et déjà estimé que sa mission était vouée à l’échec en raison de la poursuite des violences et du blocage au Conseil de sécurité.
Face aux "violations flagrantes" dans ce conflit qui a fauché la vie à 27.000 personnes en 18 mois, le président de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a recommandé au Conseil de sécurité de prendre les "mesures appropriées" alors que les abus progressent en "nombre, rythme et intensité".
Dans un rapport, Paulo Pinheiro a soulevé "la gravité des violations, abus et crimes perpétrés par les forces gouvernementales et les chabiha (milices pro-régime), et par des groupes antigouvernementaux".
Les experts de l’ONU avaient déjà dénoncé les "crimes de guerre" commis aussi bien par par les troupes gouvernementales que par l’opposition armée, mais à une moindre échelle. Ils affirment qu’une liste confidentielle de responsables était dressée, première étape vers d’éventuelles poursuites internationales.
Les renseignements de l’armée de l’air visés à Alep
Sur le terrain, la spirale de violences ne connaît pas de répit, avec des combats et bombardements permanents notamment à Alep, deuxième ville dans le nord du pays et théâtre d’une bataille acharnée depuis huit semaines. Dimanche, les violences ont fait au total 148 morts dont 101 civils.
Des combats ont eu lieu lundi à l’aube autour de bâtiments des renseignements de l’armée de l’air et des recherches scientifiques dans le secteur du nouvel Alep, dans l’ouest de la métropole, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et des habitants.
Dans cette grande métropole du nord, les affrontements ont repris dans la nuit dans le quartier stratégique de Midane (centre), les rebelles s’y infiltrant de nouveau après l’annonce de sa reprise par l’armée, selon des habitants.
Selon des militants, l’armée syrienne bombardait violemment Qadam, Aassali et Hajar al-Aswad, quartiers rebelles de Damas. Sur cet autre front du conflit, les insurgés, faiblement équipés, continuent de défier la puissance de feu des troupes du régime.
En dépit des violences, les médias officiels ont annoncé la rentrée dimanche de "plus de 5 millions d’élèves", mais selon l’Unicef, plus de 2.000 établissements scolaires ont été détruits ou endommagés durant le conflit et des centaines sont utilisés pour héberger des déplacés.
Les insurgés affirment avoir pris les armes pour défendre la population civile contre la répression sanglante de la révolte au départ pacifique contre Bashar al-Assad, qui ne reconnaît pas la contestation.
Dimanche, un dirigeant rebelle a affirmé à l’AFP que la mission du médiateur Lakhdar Brahimi était vouée à l’échec et qu’un régime qui "dirige le pays par la force (...) ne peut être renversé que par la force", écartant ainsi toute possibilité de dialogue avec Damas. "Nous sommes convaincus qu’il (M. Brahimi) va échouer parce que la communauté internationale ne veut pas en réalité aider le peuple syrien", a affirmé dimanche le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle à Alep.
La communauté internationale, paralysée par ses divisions, ne parvient pas à sanctionner le régime, en raison notamment du veto de la Russie et de la Chine à toute résolution condamnant la répression. Les pays occidentaux, certains pays arabes et la Turquie réclament le départ du président syrien.
L’Iran, autre allié de Damas, a reconnu publiquement pour la première fois la présence en Syrie et au Liban voisin de membres des Gardiens de la révolution, garde prétorienne du régime iranien, assurant qu’il s’agissait de "conseillers" et non d’une présence militaire.

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