Un an après le dépôt historique de la demande d’adhésion d’un Etat de
Palestine, le président Mahmud Abbas retourne à l’ONU avec l’objectif
plus modeste d’obtenir le statut d’Etat non membre.
Cette campagne pour demander à l’Assemblée générale d’élever le statut
de la Palestine d’observateur à Etat non membre débutera juste après le
discours de Mahmud Abbas jeudi. M. Abbas doit auparavant rencontrer la
secrétaire d’Etat Hillary Clinton mercredi.
"Nous voulons remettre la Palestine sur la carte, sur les lignes de 1967
avec Jérusalem-Est pour capitale, avec l’appui de 150 à 170 pays" sur
194, a-t-il expliqué , indiquait la semaine dernière le négociateur
palestinien Saëb Erakat.
Pour être adoptée, la résolution doit être votée par plus de la moitié
des 194 Etats membres à l’Assemblée générale, où elle est assurée d’une
large majorité.
La demande d’adhésion de la Palestine en tant qu’Etat à part entière
n’est pas abandonnée, bien que les dirigeants palestiniens aient renoncé
à demander un vote au Conseil de sécurité, faute de la majorité requise
de neuf voix, a assuré M. Erakat. "Notre demande est toujours au
Conseil de sécurité", a-t-il rappelé.
Mais en un an, M. Abbas a vu se volatiliser certains de ses principaux
atouts, les satisfecit de la communauté internationale à l’établissement
d’institutions, ou la réconciliation avec le Hamas rival, au point que
la demande d’Etat non membre, initialement un second choix, est devenue
l’option la plus sérieuse.
La voie de l’ONU recueille l’assentiment d’une large majorité de
Palestiniens (73%), selon un sondage réalisé du 9 au 15 septembre par le
Palestinian Center for Policy and Survey Research (PSR) de Ramallah.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) - qui a
toutefois réaffirmé sa conviction exprimée en 2011 que "l’Autorité
palestinienne était capable de mener la politique économique avisée
attendue d’un futur Etat palestinien"- ont souligné la fragilité de ses
acquis, illustrée par la récente grogne sociale face à la hausse des
prix.
L’économie palestinienne est menacée dans l’immédiat par la crise
budgétaire et à terme par les restrictions israéliennes qui empêchent
son développement, préviennent les deux institutions financières dans
des rapports publiés en vue de la réunion des donateurs à New York
dimanche.
"La solution à deux Etats est en danger si l’Autorité palestinienne
n’est plus en mesure de continuer à fonctionner et à se préparer" à
devenir un Etat, a averti le ministre palestinien des Finances Nabil
Qassis, à l’issue de la réunion.
Un porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abu Zuhri, a critiqué le projet
de Mahmud Abbas à l’ONU comme une "mesure unilatérale sans accord
national". "Abbas n’a pas consulté les mouvements palestiniens sur ce
geste fatidique", a-t-il déclaré à l’AFP.
M. Erakat a reconnu que la voie de l’ONU, récusée par les Etats-Unis et Israël, présentait des "risques énormes".
L’horizon politique est "bouché" dans les pourparlers de paix avec
Israël, interrompus depuis deux ans, "la porte est fermée sur la
réconciliation" avec le Hamas et les salaires n’ont pu être payés parce
que beaucoup de pays, y compris les Etats-Unis, ont bloqué leur soutien
budgétaire, a-t-il énuméré.
La date de la présentation de la résolution à l’Assemblée générale n’a
pas été déterminée mais pourrait être influencée par le calendrier
électoral américain, a reconnu le négociateur palestinien, sans préciser
dans quel sens, évoquant le 29 novembre, Journée internationale de
solidarité avec les Palestiniens, ou au contraire avant l’élection
présidentielle américaine le 6 novembre.
"Lorsque la Palestine obtiendra le statut d’Etat non membre, aucun
Israélien ne pourra dire que ce sont des territoires disputés", a argué
M. Erakat.
"La Palestine deviendra un pays sous occupation", a-t-il ajouté. "La
"Palestine pourra alors adhérer à toutes les agences internationales" de
l’ONU.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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