mardi 25 septembre 2012

Palestine : un an après, Abbas retourne à l'ONU avec des ambitions réduites

Un an après le dépôt historique de la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine, le président Mahmud Abbas retourne à l’ONU avec l’objectif plus modeste d’obtenir le statut d’Etat non membre.
Cette campagne pour demander à l’Assemblée générale d’élever le statut de la Palestine d’observateur à Etat non membre débutera juste après le discours de Mahmud Abbas jeudi. M. Abbas doit auparavant rencontrer la secrétaire d’Etat Hillary Clinton mercredi.

"Nous voulons remettre la Palestine sur la carte, sur les lignes de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, avec l’appui de 150 à 170 pays" sur 194, a-t-il expliqué , indiquait la semaine dernière le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Pour être adoptée, la résolution doit être votée par plus de la moitié des 194 Etats membres à l’Assemblée générale, où elle est assurée d’une large majorité.

La demande d’adhésion de la Palestine en tant qu’Etat à part entière n’est pas abandonnée, bien que les dirigeants palestiniens aient renoncé à demander un vote au Conseil de sécurité, faute de la majorité requise de neuf voix, a assuré M. Erakat. "Notre demande est toujours au Conseil de sécurité", a-t-il rappelé.
Mais en un an, M. Abbas a vu se volatiliser certains de ses principaux atouts, les satisfecit de la communauté internationale à l’établissement d’institutions, ou la réconciliation avec le Hamas rival, au point que la demande d’Etat non membre, initialement un second choix, est devenue l’option la plus sérieuse.
La voie de l’ONU recueille l’assentiment d’une large majorité de Palestiniens (73%), selon un sondage réalisé du 9 au 15 septembre par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PSR) de Ramallah.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) - qui a toutefois réaffirmé sa conviction exprimée en 2011 que "l’Autorité palestinienne était capable de mener la politique économique avisée attendue d’un futur Etat palestinien"- ont souligné la fragilité de ses acquis, illustrée par la récente grogne sociale face à la hausse des prix.

L’économie palestinienne est menacée dans l’immédiat par la crise budgétaire et à terme par les restrictions israéliennes qui empêchent son développement, préviennent les deux institutions financières dans des rapports publiés en vue de la réunion des donateurs à New York dimanche.

"La solution à deux Etats est en danger si l’Autorité palestinienne n’est plus en mesure de continuer à fonctionner et à se préparer" à devenir un Etat, a averti le ministre palestinien des Finances Nabil Qassis, à l’issue de la réunion.

Un porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abu Zuhri, a critiqué le projet de Mahmud Abbas à l’ONU comme une "mesure unilatérale sans accord national". "Abbas n’a pas consulté les mouvements palestiniens sur ce geste fatidique", a-t-il déclaré à l’AFP.

M. Erakat a reconnu que la voie de l’ONU, récusée par les Etats-Unis et Israël, présentait des "risques énormes".

L’horizon politique est "bouché" dans les pourparlers de paix avec Israël, interrompus depuis deux ans, "la porte est fermée sur la réconciliation" avec le Hamas et les salaires n’ont pu être payés parce que beaucoup de pays, y compris les Etats-Unis, ont bloqué leur soutien budgétaire, a-t-il énuméré.

La date de la présentation de la résolution à l’Assemblée générale n’a pas été déterminée mais pourrait être influencée par le calendrier électoral américain, a reconnu le négociateur palestinien, sans préciser dans quel sens, évoquant le 29 novembre, Journée internationale de solidarité avec les Palestiniens, ou au contraire avant l’élection présidentielle américaine le 6 novembre.

"Lorsque la Palestine obtiendra le statut d’Etat non membre, aucun Israélien ne pourra dire que ce sont des territoires disputés", a argué M. Erakat.

"La Palestine deviendra un pays sous occupation", a-t-il ajouté. "La "Palestine pourra alors adhérer à toutes les agences internationales" de l’ONU.

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