jeudi 27 septembre 2012

Syrie : à quand la fin du conflit ?


L’armée a bombardé jeudi plusieurs bastions rebelles et un oléoduc a été saboté dans le nord-est de Syrie où le bilan des victimes ne cesse de s’alourdir avec au moins 305 morts la veille, journée la plus sanglante en 18 mois de conflit. Alors qu’aucune solution n’est en vue pour mettre fin à la guerre civile déclenchée par la répression sanglante d’une contestation populaire, les violences s’intensifient avec leur lot quotidien de morts, de destructions et d’exode, sur fond de blocage diplomatique international persistant.
En marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, les Etats-Unis ont demandé au Conseil de sécurité de "tenter une nouvelle fois" de trouver un accord pour mettre fin à l’effusion de sang en Syrie, et le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a déploré les "désaccords" au sein de cette instance. Les Occidentaux et de nombreux pays arabes réclament un départ du pouvoir du président Bashar el-Assad qui veut en finir "à tout prix" avec les rebelles assimilés à des "terroristes", alors que Russes et Chinois refusent toute ingérence dans les affaires de leur allié syrien.
Sur le terrain, des dizaines de civils sont entretemps tués tous les jours dans les bombardements aériens et à l’artillerie des forces du régime, les combats entre soldats et rebelles et les exécutions sommaires, selon des ONG. Autre signe de l’ampleur du désastre humanitaire, l’ONU a estimé à plus de 700 000 le nombre de Syriens qui se réfugieraient dans les pays voisins fin 2012, révisant à la hausse ses besoins, à 487,9 millions USD.
Selon le Haut commissariat pour les réfugiés, plus de 500 000 Syriens ont déjà fui leur pays, dont 75% sont des femmes et des enfants. Journée la plus sanglante Mercredi au moins 305 personnes, dont 199 civils, ont péri, le bilan plus lourd enregistré en une seule journée depuis mars 2011, selon un décompte de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). "Que faut-il de plus pour que le monde vienne en aide au peuple syrien ? Il y a des centaines de morts chaque jour", a déploré Rami Abdel Rahman, président de l’ONG.
Le conflit a fait au total plus de 30 000 morts, selon l’OSDH, alors qu’environ deux millions de Syriens manquent de produits de première nécessité. Cette situation est de plus en plus inquiétante à l’approche de l’hiver. Sur plusieurs fronts de la guerre, l’armée pilonnait plusieurs bastions rebelles qu’elle assiège dans les provinces de Homs, Hama (centre), Alep (nord), Idleb (nord-ouest), Lattaquié (nord-ouest), et Deir Ezzor (est), selon l’OSDH.
Les soldats cherchent à en déloger les insurgés qui leur opposent une forte résistance et multiplient les attaques. Des rebelles ont fait exploser un véhicule piégée près d’un barrage de l’armée à Idleb, selon l’OSDH et une source militaire. Des combats ont suivi pendant plusieurs heures. Dans la principale région pétrolifère de Syrie, à Hassaka (nord-est), des inconnus ont fait exploser un oléoduc et enlevé le directeur de la station de pompage. A Alep, les chefs rebelles expliquent l’enlisement de la bataille pour le contrôle de cette ville stratégique, par le peu de munitions qui leur reste et qui leur suffisent tout juste à défendre leurs positions.
La veille, un double attentat a frappé le siège de l’état-major de l’armée au coeur de Damas tuant quatre gardes. L’attaque a été revendiquée par un groupe jihadiste, la branche de Damas de "Tajamo Ansar al-islam (Rassemblement des partisans de l’islam)", qui a perdu cinq combattants dont un kamikaze. Même s’ils sont peu nombreux, ces groupes jihadistes jouent un rôle important par leur motivation et leur expertise technique, selon des rebelles. "Leur force, c’est qu’ils n’ont pas peur de mourir" assure Jamal Ibrahim, chef d’une brigade de l’Armée syrienne libre (ASL) à Alep.
Malgré ce nouveau coup dur porté à l’appareil sécuritaire, le régime ne lâche pas prise et reste déterminé à mater ses adversaires. Face à l’impasse, la Tunisie s’est dite favorable à une "force arabe de maintien de la paix" en Syrie, faisant écho au Qatar qui a appelé à New York à une intervention militaire arabe. Mais "les pays arabes n’ont pas les capacités militaires pour agir en tant que force de dissuasion, n’ont pas de commandement unifié ou de coordination", estime Mustafa Al-Ani, expert au Gulf Research Center, pour qui une telle intervention est irréalisable.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a elle déploré "la paralysie" du Conseil de sécurité "pendant que les atrocités augmentent", et demandé "instamment que nous tentions une nouvelle fois de trouver un moyen de progresser" vers un accord. Mais son homologue russe Sergueï Lavrov a rétorqué en rejetant de nouveau la responsabilité de l’impasse sur les "pays qui incitent les opposants à refuser un cessez-le-feu et un dialogue" avec le régime, en allusion aux Occidentaux.

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Syrie : un oléoduc de pétrole brut explose dans le nord-est
Des inconnus ont fait exploser jeudi à l’aube un oléoduc dans la région de Hassaka, dans le nord-est de la Syrie, et ont enlevé le directeur de la station de pompage dans la zone, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). "Des inconnus ont fait sauter un oléoduc de pétrole brut dans la région d’Oum Madfaa dans le sud de Hassaka, provoquant un énorme incendie et ont kidnappé le directeur de la station (de pompage) de Tall Bayda", a indiqué Rami Abdel Rahman, président de l’OSDH.
Hassaka est la principale région pétrolière de Syrie, suivie de celle voisine de Deir Ezzor. Des oléoducs ont été attaqués plus d’une fois depuis le début de la révolte contre le régime de Bashar el-Assad il y a 18 mois. Principalement destinée à la consommation intérieure, la production pétrolière syrienne, qui s’élevait avant le conflit à 420 000 barils par jour, a été réduite de moitié.
Les champs pétroliers sont gardés par des unités spéciales de l’armée.

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Poutine : les Occidentaux "ont semé le chaos en Syrie et ne peuvent plus s’arrêter"
Le président russe, Vladimir Poutine, a estimé jeudi que les Occidentaux avaient semé le "chaos" en Syrie et qu’ils "ne peuvent pas s’arrêter" malgré les mises en garde de la Russie, ont rapporté les agences. "Le plus important est que nos partenaires ne peuvent pas s’arrêter. Ils ont déjà semé le chaos sur de nombreux territoires. Maintenant ils mènent la même politique dans d’autres pays, notamment en Syrie", a déclaré le président russe.
"Nous avions bien dit qu’il fallait agir avec circonspection, ne rien imposer par la force, sous peine d’amener le chaos. Et que voyons-nous aujourd’hui ? La situation ressemble fort au chaos", a poursuivi Vladimir Poutine. La Russie, allié traditionnel de Damas, n’a cessé de dénoncer la politique d’"ingérence" occidentale et a bloqué jusqu’à présent toute résolution ouvrant la porte à des mesures contraignantes pour le régime syrien au Conseil de Sécurité de l’ONU où elle dispose d’un droit de veto en qualité de membre permanent.

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