Miné par trois décennies de conflit, malmené par une instabilité
chronique, l’Irak s’est lancé à la recherche d’un nouveau drapeau et
d’un nouvel hymne dans le but de cimenter son unité nationale.
"Nous sommes déterminés à nous doter d’un nouveau drapeau et d’un
nouvel hymne d’ici à la fin de l’année", explique Ali Chlah, président
de la commission des Affaires culturelles du Parlement irakien.
Ces deux emblèmes "constitueront un facteur d’unification" du pays, estime-t-il.
Entre les violences qui continuent de faire rage, la crise politique
qui n’en finit plus et la détestation mutuelle que se portent Bagdad et
la région autonome du Kurdistan, l’unité de l’Irak n’est encore qu’un
voeu pieux.
L’hymne actuel, "Mawtini" (Ma patrie), écrit par un Palestinien,
avait été adopté en 2004 à l’initiative du pro-consul américain Paul
Bremer qui s’était épris de cet air lors d’un concert.
Mais alors qu’approche le 10e anniversaire de l’invasion du pays, l’heure est à la revivification du sentiment national.
Entre 2008 et 2009, plus de 400 poètes irakiens ont soumis leurs
travaux au Parlement, souligne Ali Chlah. Au début de l’année, la
commission qu’il préside a chargé six écrivains d’en évaluer les mérites
et trois propositions ont été retenues : "Salam ala Hadhabat al-Irak"
(Paix sur les collines d’Irak), "Gharib ala al-Khalij" (L’étranger du
Golfe) et "Watani al-Haq Youeidouhou" (Ma patrie a le Droit pour lui).
Le processus de sélection traîne en longueur, et les minorités kurde,
assyrienne et turcomane auraient aimé que l’hymne comprenne au moins
une strophe dans leurs langues respectives. Après moult tractations, un
"Vive l’Irak" sera incorporé dans les trois langues à la fin de la
chanson.
Aux dires de M. Chlah, le Parlement devrait prochainement se saisir
une nouvelle fois de la question de l’hymne. Selon lui, "Paix sur les
collines d’Irak" fait la course en tête.
"Regarder vers l’avenir avec optimisme"
Si l’adoption du nouvel hymne est sur les rails, la question du drapeau est une toute autre affaire.
Depuis 2008, l’étendard irakien consiste en trois barres
horizontales, rouge, blanche et noire. La partie centrale est barrée de
l’inscription "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand).
L’étendard a connu bon nombre de "relookages" ces dernières années.
En 2004, la calligraphie du texte "Allah Akbar" inspirée de l’écriture
de Saddam Hussein, était passée au style coufique, une forme d’écriture
arabe ancienne. Quatre ans plus tard, les trois étoiles censées
représenter l’unité de l’Irak, de la Syrie et de l’Egypte, puis le parti
Baas au pouvoir sous l’ancien régime, avaient été retirées.
Là encore, une commission a été mise sur pied pour plancher sur différentes propositions.
Selon le site internet du Parlement irakien, le nouveau drapeau devra
"regarder vers l’avenir avec optimisme et contempler l’histoire avec
orgueil".
L’idée a surgi de remettre au goût du jour le drapeau de l’époque de
la révolution de 1958 emmenée par Abdel Karim Qassem, premier dirigeant
de la République irakienne. Cette version —trois barres verticales
verte, blanche et noire surmontées d’une étoile rouge et jaune— s’est
attirée de nombreuses sympathies.
Mais, souligne Ali Chlah, "des objections ont été soulevées en raison
de la personnalité de Qassem. Il symbolise une époque" révolue. Le
drapeau de l’ère Qassem a finalement été écarté et les experts vont se
pencher sur six moutures nées de l’imagination d’artistes.
A moins qu’ils ne décident de garder le drapeau actuel.
Les modifications qui y ont été apportées depuis la chute du régime
en 2003 sont telles, qu’aujourd’hui, le drapeau qui flotte sur les
façades des bâtiments officiels n’a "plus rien à voir avec la bannière
de Saddam" Hussein, martèle Ali Chlah.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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