jeudi 5 juillet 2012

Syrie : l’Occident persuade Moscou d’accorder l’asile politique à Bachar al-Assad

Les Occidentaux persuadent la Russie d’accorder l’asile politique au président syrien Bashar al-Assad, après qu’un accord international a été conclu samedi à Genève sur les principes d’une transition politique en Syrie, écrit mercredi le quotidien russe Kommersant.
"Les pays occidentaux, et tout d’abord, les Etats-Unis déploient des efforts actifs pour persuader Moscou de prendre le dirigeant syrien et de lui accorder l’asile politique", indique le journal, citant une source diplomatique russe.
Mais "nous n’avions pas et n’avons pas de projets de prendre Assad" en Russie, a affirmé cette source.
De son côté, une source diplomatique occidentale n’a ni confirmé, ni démenti à Kommersant les informations sur cette "proposition insistante" qui aurait été faite à Moscou.
Samedi à Genève, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne) ainsi que la Turquie et des pays représentant la Ligue arabe se sont accordés sur les principes d’une transition en Syrie, où la révolte contre le régime du président Bashar al-Assad est devenue un conflit armé.
Même si le nom du président syrien ne figure pas dans cet accord, le document stipule qu’il revient aux Syriens de déterminer leur avenir, et "il n’y a aucune chance qu’ils lui permettent de continuer" à rester au pouvoir, selon la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, citée par le journal.
Ainsi, les Etats-Unis interprètent l’adoption de ce texte comme un "accord indirect de Moscou pour le départ d’al-Assad", affirme Kommersant.
Le président syrien, jusqu’ici fermement opposé à son départ, a lui-même "pour la première fois laissé clairement entendre qu’il était prêt à quitter son poste (...), si cela pouvait aboutir au règlement du conflit", dans une interview publiée mardi au quotidien turc Cumhuriyet, rappelle le journal.
"Ainsi, le déménagement de Bashar al-Assad dans un autre pays, y compris en Russie, ne paraît pas très improbable", ajoute-t-il.

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Assad accuse la Turquie de soutien logistique aux "terroristes"
Le président syrien Bashar al-Assad a accusé la Turquie de fournir un soutien logistique aux "terroristes" syriens, exhortant le gouvernement islamo-conservateur turc, qui réclame son départ, à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures de la Syrie, dans un entretien à un journal turc.
"La volonté de la Turquie de vouloir s’imiscer dans les affaires intérieures de la Syrie l’a placé dans une position qui a malheureusement fait d’elle une partie prenante dans toutes les activités sanglantes" en Syrie, a-t-il dit dans un entretien accordé au quotidien Cumhuriyet, dont la deuxième partie a été publié mercredi.
"La Turquie a fourni tout soutien logistique aux terroristes qui ont tué notre peuple", a poursuivi al-Assad confronté depuis mars 2011 à une révolte populaire.
La Syrie est en proie depuis la mi-mars 2011 à un mouvement de révolte réprimé dans le sang, qui tend à se transformer en conflit armé entre l’armée et des soldats dissidents ayant notamment rejoint l’"Armée syrienne libre" (ASL).
C’est de Turquie, où il s’est réfugié avec de nombreux soldats déserteurs, que le colonel Riad Al-Assaad commande l’ASL.
Mais le gouvernement turc a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’autorisait pas que des attaques soient lancées en Syrie à partir du territoire turc et ne fournit aucun soutien à cette force, après des accusations syriennes et des informations parues dans la presse étrangère.
Le président syrien a en outre accusé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui a vigoureusement attaqué la politique de Damas, d’agir par "instincts sectaires", ce qui attise le conflit en Syrie, selon lui.
La Turquie qui partage une longue frontière avec la Syrie est majoritairement de confession sunnite tandis que l’administration de Damas, l’armée et le parti Baas au pouvoir sont en grande partie composée d’alaouites, une confession musulmane proche du chiisme.
Dans une première partie de cet entretien publié mardi, le président syrien a joué l’apaisement avec Ankara, en regrettant la destruction par son pays d’un avion de combat turc, et en assurant qu’il n’avait pas l’intention de mobiliser des troupes à la frontière entre les deux pays, autrefois alliés.

(04 juillet 2012)

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