lundi 9 juillet 2012

Libye : la coalition de Mahmud Jibril appelle à l’unité après les élections

Le chef de l’Alliance des forces nationales, Mahmud Jibril, a appelé dimanche soir les autres partis politiques à l’unité, au moment où le pays attendait les premiers résultats officiels des élections historiques de samedi.
"Nous adressons un appel sincère pour un dialogue national, en vue de s’unir tous ensemble (...) sous une seule bannière, pour parvenir à un compromis, un consensus sur la base duquel la constitution peut être rédigée et le nouveau gouvernement peut être formé", a déclaré Mahmud Jibril. "Lors des élections d’hier, il n’y avait ni perdant ni gagnant. La Libye est le seul véritable vainqueur de ces élections", a déclaré l’ex-Premier ministre du Conseil national de transition (CNT, au pouvoir).
Mahmud Jibril s’exprimait au cours d’une conférence de presse dans les locaux de son alliance, quelques heures après que le secrétaire général de l’alliance, Faiçal al-Krekchi, a déclaré que la coalition était "en tête dans la plupart des circonscriptions électorales", se basant sur des "rapports préliminaires".
Avant lui, le chef du principal parti islamiste de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, Mohamed Sawan, a reconnu de son côté une "nette avance" à Tripoli et Benghazi de l’Alliance de Jibril qui réunit une soixantaine de petites formations autour d’architectes de la révolte de 2011. Mahmud Jibril a indiqué que son parti "gardait le silence" et attendait les résultats officiels qui devraient être annoncés par la Commission électorale.
Mais si une victoire de l’alliance de Mahmud Jibril se confirmait, la Libye ferait exception par rapport à ses voisins tunisiens et égyptiens, touchés par le Printemps arabe et où les islamistes ont pris le pouvoir après les premières élections ayant suivi la chute des anciens régimes. Les premières estimations des partis portent sur les 80 sièges réservés aux listes des formations politiques dans la prochaine Assemblée qui compte 200 membres.
Pour les 120 sièges réservés aux candidats individuels, la tendance devrait être la même, dans la mesure où une majorité des candidats sont soutenus par des partis politiques.
Malgré des violences et des actes de sabotage de militants autonomistes dans l’Est, les Libyens ont réussi leurs premières élections libres dans une ambiance festive, après des dizaines d’années de dictature sous le régime de Muammar Kadhafi.
D’ailleurs, la communauté internationale n’a pas tari d’éloges sur le déroulement du processus électoral. L’Union européenne a salué des élections "véritablement historiques" en Libye, tandis que Londres a fait état d’une "étape importante" et un moment "historique" pour ce pays sur sa route vers la liberté.
Le président américain Barack Obama a adressé de son côté ses félicitations au peuple de la Libye pour une "autre étape importante de leur extraordinaire transition vers la démocratie" après ces élections qualifiées dimanche de "tournant crucial" par Rome. La France a aussi salué "le bon déroulement général" des élections, félicitant le peuple libyen "pour sa forte mobilisation" au scrutin. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a salué le premier scrutin organisé en Libye depuis la chute de Muammar Kadhafi et appelé les nouveaux dirigeants à gouverner dans un esprit de "justice et réconciliation".
Huit mois après la fin du conflit armé qui a provoqué la chute puis la mort de Muammar Kadhafi, quelque 2,8 millions d’électeurs étaient appelés à choisir les 200 membres du "Congrès national général". Le taux de participation au scrutin a atteint 62 %, selon la Commission électorale.
La journée a néanmoins été endeuillée par la mort d’une personne près d’un bureau de vote à Ajdabiya, dans l’Est, dans des circonstances peu claires.
La semaine précédant le scrutin a été marquée par des tensions dans l’Est, qui ont culminé vendredi avec la mort d’un fonctionnaire de la Commission électorale, tué par un tir à l’arme légère sur l’hélicoptère à bord duquel il se trouvait au sud de Benghazi.
Auparavant, des partisans de l’autonomie, qui entendent dénoncer la répartition des sièges au sein de l’Assemblée nationale (100 sièges pour l’Ouest, 60 pour l’Est et 40 pour le Sud), avaient sommé plusieurs importants terminaux pétroliers de l’Est de cesser leurs opérations jusqu’à la fin du scrutin. Mais ces installations ont pu reprendre leur activité dimanche.
Pour tenter de calmer la situation, le CNT a ôté à la prochaine Assemblée l’une de ses principales prérogatives, celle de désigner les membres du comité chargé de rédiger la future Constitution. La composition de ce comité devrait faire l’objet d’un nouveau scrutin, et chacune des trois régions y enverra 20 membres. En attendant, le Congrès général national sera chargé de choisir un nouveau gouvernement pour prendre le relais du CNT qui devrait être dissous lors de sa première session.

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