Le conflit syrien a débordé samedi sur le nord du Liban, où les
forces gouvernementales de Bashar al Assad ont bombardé plusieurs
villages, faisant 5 morts, alors que des rebelles syriens avaient
franchi la frontière pour se mettre à l’abri, ont rapporté des
habitants.
Des habitants de la région de Wadi Khaled rapportent que des obus de
mortier ont commencé à s’abattre samedi vers 02h00 du matin sur des
fermes situées à une distance comprise entre cinq et 20 kilomètres de la
frontière. De nouvelles explosions étaient signalées à la mi-journée.
Dans le village d’Al-Mahatta, une maison a été détruite, provoquant
la mort d’une adolescente de seize ans, ont confié des membres de sa
famille. Une femme de vingt-cinq ans et un homme ont également trouvé la
mort dans des villages voisins.
Deux bédouins ont été tués dans le village de Hishe, traversé par une
rivière délimitant la frontière, lorsque deux roquettes tirées depuis
la Syrie ont touché leur tente, selon des habitants de la région.
L’armée libanaise a confirmé l’un des décès et a dit que plusieurs
obus syriens étaient tombés sur le territoire libanais, sans donner plus
de détails.
Dans un communiqué, le président libanais Michel Sleimane a déploré ces décès et promis une enquête sur leurs circonstances.
A l’inverse de la Turquie, qui accueille ouvertement des insurgés de
l’Armée syrienne libre (ASL), le Liban se tient à distance du conflit et
a minimisé les précédents incidents qui se sont produits sur son
territoire.
Mais des insurgés se servent du nord du Liban comme d’une base
arrière et, à plusieurs reprises, les forces de Bachar al Assad ont
bombardé des villages libanais et même franchi la frontière à la
poursuite de rebelles.
En Syrie, l’armée a bombardé samedi plusieurs localités de la
province d’Alep (nord). D’après l’Observatoire syrien pour les droits de
l’homme (OSDH), lié à l’opposition, cette offensive coordonnée vise à
déloger les insurgés qui contrôlent plusieurs secteurs de la province.
"Les bombardements sont les plus lourds depuis le début des
opérations militaires dans les zones rurales de la province d’Alep
visant à contrôler cette région après les lourdes pertes subies ces
derniers mois par les forces régulières de l’armée syrienne", précise
l’OSDH.
Basé en Grande-Bretagne mais s’appuyant sur un réseau de sources en
Syrie, l’Observatoire fait état de trois morts, dont deux insurgés. Il
ajoute que de nombreux familles ont dû quitter leurs foyers.
L’agence officielle de presse syrienne SANA fait état pour sa part
d’un accrochage "avec un groupe terroriste armé dans le secteur d’Azaz,
au nord d’Alep". Le groupe, précise l’agence, "attaquait des civils et
commettait des meurtres". SANA ajoute que huit assaillants ont été tués
et six véhicules équipés de mitrailleuse détruites.
La ville d’Alep, deuxième ville du pays, a été jusqu’à présent
préservée pour l’essentiel des violences. Mais les insurgés ont
progressé dans les zones rurales et jusque dans les faubourgs de ce
carrefour commercial primordial pour l’économie syrienne.
Pour l’ensemble de la Syrie, l’OSDH estime à 93 morts le bilan des
combats et des accrochages dans la seule journée de vendredi, alors que
se réunissait à Paris le groupe des Amis du peuple syrien.
Se retrouvant pour la troisième fois après les réunions de Tunis, en
février, et d’Istanbul, début avril, les membres de ce groupe informel
ont appelé à une action plus forte du Conseil de sécurité pour faire
appliquer le plan de sortie de crise de Kofi Annan et se sont engagés à
"accroître massivement" leur aide à l’opposition syrienne.
La secrétaire américaine d’Etat, Hillary Clinton, présente à Paris, a
également estimé que la Russie comme la Chine, qui ont opposé à deux
reprises leur veto à une résolution au Conseil de sécurité, devraient
"payer le prix" de leur soutien au régime d’Assad.
Dès vendredi, la Russie dénonçait une sortie "incorrecte". La Chine a
à son tour jugé samedi que les propos d’Hillary Clinton étaient
"totalement inacceptables".
"Toute parole ou tout acte calomniant la Chine et semant la discorde
entre la Chine et d’autres pays restera vain", a prévenu Liu Weimin,
porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Dans une interview publiée samedi par Le Monde, Kofi Annan juge que
se focaliser uniquement sur la Russie est une erreur et estime une
nouvelle fois que l’Iran, qui est également un acteur dans la région, ne
peut être ignoré.
"La Russie a de l’influence mais je ne suis pas certain que les
événements seront déterminés par la Russie seule", déclare l’émissaire
de l’Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie. "La focalisation unique sur
la Russie irrite beaucoup les Russes", poursuit-il.
(8 juillet 2012)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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