Le président égyptien Mohamed Morsi a décidé dimanche, une semaine
environ après son investiture, d’annuler la dissolution du Parlement,
rendant le pouvoir législatif que s’était attribué l’armée à l’Assemblée
du peuple largement dominée par les islamistes.
"Le président Morsi a émis un décret présidentiel annulant l’arrêt
pris le 15 juin 2012 pour dissoudre l’Assemblée du peuple et invite la
chambre à se réunir de nouveau et à exercer ses prérogatives", a
rapporté l’agence officielle MENA.
La décision du premier président islamiste et civil d’Egypte, risque
de raviver les tensions avec le Conseil suprême des forces armées
(CSFA), qui s’est attribué en juin le pouvoir législatif grâce une
décision de justice dénoncée comme un "coup institutionnel".
D’après l’agence MENA, le CSFA a tenu une "réunion urgente sous la
présidence du maréchal Hussein Tantawi pour examiner les mesures
présidentielles" de dimanche.
Le décret présidentiel prévoit en outre "l’organisation d’élections
anticipées pour la Chambre, 60 jours après l’approbation par référendum
de la nouvelle Constitution du pays, et l’adoption d’une nouvelle loi
régissant le Parlement", selon la MENA.
Aucune date n’a été fixée pour la rédaction de la Constitution de
l’après-Moubarak. La commission de 100 membres chargée de mettre au
point ce document s’est réunie pour la première fois le 18 juin et a
désigné un juge respecté, Hossam al-Ghariani, à sa tête.
L’Assemblée du peuple avait été dissoute la mi-juin en application
d’une décision de la Haute cour constitutionnelle la déclarant illégal,
une mesure contestée par les Frères musulmans, première force politique
de l’Assemblée.
Dans son arrêt, cette cour avait invalidé les élections législatives
qui s’étaient achevées en janvier, en raison d’un vice juridique dans la
loi électorale ayant régi le scrutin.
Ces élections s’étaient soldées par un raz-de-marée islamiste, près
de la moitié des sièges revenant aux Frères musulmans, et près d’un
quart aux fondamentalistes salafistes.
En l’absence de Parlement, le Conseil suprême des forces armées
(CSFA), à qui Hosni Moubarak avait confié les rênes du pays lors de sa
démission en février 2011, s’est alors attribué le pouvoir législatif.
Le CSFA a annoncé en juin dans une "Déclaration constitutionnelle
complémentaire" qu’il exercerait le pouvoir législatif jusqu’à
l’élection d’une nouvelle Assemblée du peuple.
La même Déclaration octroyait un droit de veto au CSFA sur tout article de la future Constitution.
Les détracteurs du CSFA l’ont alors accusé d’avoir orchestré cette
décision de justice pour s’adjuger le pouvoir législatif et les Frères
musulmans avaient dénoncé un véritable "coup d’Etat", affirmant que pour
eux l’Assemblée du peuple restait valide et gardait le pouvoir
législatif.
A défaut de pouvoir le faire devant le Parlement, Mohamed Morsi avait
prêté serment le 30 juillet devant la Haute cour constitutionnelle.
Le décret présidentiel a été dénoncé comme "illégal" par l’ancien président de la Haute cour constitutionnelle, Faruk Sultan.
L’opposant Ayman Nour a de son côté appelé Mohamed Morsi à respecter les
décisions de la justice tandis que le député de gauche Abou El-Ezz al
Hariri a dit qu’il porterait l’affaire devant la cour administrative
pour annuler les décisions du président.
Les annonces interviennent à la veille d’une réunion du conseil de la
Choura des Frères musulmans, dont Mohamed Morsi est issu, et au lendemain
d’une visite au Caire du secrétaire d’Etat adjoint américain, William
Burns, venu remettre un message du président Barack Obama au nouveau
chef d’Etat égyptien.
Un responsable américain sous couvert d’anonymat a annoncé dimanche
que le président Obama rencontrerait son homologue égyptien lors de
l’assemblée générale des Nations unies à New York en septembre, tandis
que la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, doit se rendre en
Egypte le 14 juillet.
(08 juillet 2012)
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