dimanche 1 avril 2012

Le corps mis à nu dans l’art arabe

Institut du monde arabe
1, rue des Fossés-Saint-Bernard,
place Mohammed V, Paris (5e).
Du mardi au vendredi de 10h à 18 h,
les samedis et dimanches jusqu’à 19 h.
Tél : 01.40.51.38.38
Jusqu’au 15 juillet.

**

Voilà une exposition qui va bousculer bien plus d’une idée reçue. Non, le corps n’est pas un sujet tabou chez les artistes arabes. Non, le nu n’est pas interdit. Bien au contraire. Il est exploité, mis en scène, parfois avec bien plus d’audace que chez les artistes occidentaux et un sujet masculin plus présent. L’exposition "Le corps découvert" lève le voile sur un univers méconnu du public.
La première partie évoque les prémices de ce courant dans l’art arabe. À la fin du XIXe siècle, de jeunes peintres - le plus souvent libanais (Habib Sour, Gibran Khalil Gibran, Georges Daoud Corm) et égyptiens (Georges Hanna Sabbagh, Mahmoud Saïd) - entreprennent ce que l’on appelait à l’époque le "Grand Tour", qui les mène en Italie et en France, parfois même en Espagne et en Angleterre, et au cours duquel ils s’initient aux arcanes des beaux-arts, notamment à l’étude du nu.
De retour dans son pays d’origine, cette génération pionnière fait de la représentation du corps un motif récurrent de son oeuvre et décide d’enseigner cet art avec la volonté de se détacher d’une formation jugée trop académique, d’inventer son propre mode d’expression. Lors de ces séjours, ils ont également découvert les clichés orientalistes en cours en Europe. Des clichés qui perdurent - hélas ! - aujourd’hui, transmis comme un héritage. Des clichés que la nouvelle génération d’artistes entend bien s’approprier pour, parfois, les tourner à la dérision. Les commissaires de l’exposition, Philippe Cardinal et Hoda Makram-Ebeid, ont ainsi eu la bonne idée de confronter ces deux regards au sein de cette première partie.
Puis l’on monte à l’étage pour se plonger dans un propos plus thématique où toute la place est donnée aux oeuvres contemporaines, notamment d’artistes féminines. Le corps y est présenté sous tous les aspects : sublimé dans les photographies en noir et blanc des années 1950, meurtri et vieillissant à travers le regard du photographe marocain Touhami Ennadre... À travers la question du voile aussi dans un jeu avec la nudité dans les photos de Majida Khattari ou dans une interrogation sur la maternité avec Sama Alshaïbi, qui photographie des corps voilés montrant seulement un ventre rond dénudé. Mais le corps dévoilé est très souvent masculin. L’Irakienne Tamara Abdul Hadi a voulu briser les stéréotypes de l’image de l’homme arabe dans le monde occidental, livrant des portraits très sensuels. À découvrir absolument !

(31 mars 2012 - Al Oufok)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire