La France, la Grande-Bretagne et la Suède ont convoqué lundi les
ambassadeurs d’Israël en poste à Paris, à Londres et à Stockholm en
geste de protestation contre les projets d’extension de colonies juives
en Cisjordanie.
Les trois pays ne sont pas allés jusqu’à rappeler leur ambassadeur en Israël, hypothèse évoquée par le journal Haaretz.
Au lendemain de la reconnaissance implicite à l’Onu d’un Etat
palestinien, Israël a confirmé vendredi l’existence de projets portant
sur la construction de 3.000 logements en Cisjordanie, notamment dans un
secteur baptisé E1 et jugé particulièrement sensible, entre Maale
Adumim et Jérusalem.
Ces projets auraient pour conséquence de couper la Cisjordanie en deux
et d’hypothéquer davantage la continuité territoriale qu’espèrent les
Palestiniens.
Paris, qui a voté en faveur de l’initiative de l’Autorité palestinienne
aux Nations unies, ainsi que Londres, qui s’est abstenu, ont fermement
condamné le projet israélien dès samedi, jugeant qu’il sapait le
principe d’une solution à deux Etats pour régler le conflit
israélo-palestinien.
A Lyon, où il participait à un sommet franco-italien, François Hollande a
déclaré que la France ne voulait pas entrer "dans une logique de
sanctions" avec Israël mais convaincre.
"Nous ne voulons pas entrer dans une logique, aujourd’hui, qui serait
celle de sanctions, plutôt dans un travail de conviction. Mais le moment
est important. Donc, un appel à la responsabilité", a dit le président
français lors d’une conférence de presse conjointe avec Mario Monti,
président du Conseil italien.
Le ministère français des Affaires étrangères a convoqué lundi l’ambassadeur d’Israël à Paris, Yossi Gal.
La France a cependant jugé qu’il y avait "d’autres moyens de manifester
(sa) désapprobation" que de rappeler son ambassadeur en poste en Israël,
a dit un porte-parole du ministère.
"Il a été rappelé à l’ambassadeur d’Israël que la France condamne la
colonisation israélienne, sous toutes ses formes. La colonisation est
illégale au regard du droit international, nuit à la confiance
nécessaire à la reprise du dialogue et constitue un obstacle à une paix
juste fondée sur la solution des deux Etats", souligne le Quai d’Orsay
dans un communiqué.
L’ambassadeur d’Israël à Londres, Daniel Taub, a lui aussi été
officiellement convoqué au Foreign Office. Le ministre chargé du
Proche-Orient, Alistair Burt, "a exprimé la profondeur des inquiétudes
du Royaume-Uni", a déclaré un porte-parole du ministère britannique des
Affaires étrangères.
"Toute décision relative à d’autres mesures susceptibles d’être prises
par le Royaume-Uni dépendra du résultat de nos discussions avec le
gouvernement israélien et avec nos partenaires internationaux, notamment
les Etats-Unis et l’Union européenne", a-t-il ajouté.
Un porte-parole du Premier ministre David Cameron a précisé que Londres n’envisageait pas pour l’instant d’autre initiative.
Dans une tribune publiée ce week-end dans Le Journal du Dimanche, les
chefs de la diplomatique britannique et française, William Hague et
Laurent Fabius, ont appelé "l’administration américaine à se réengager
rapidement en faveur du processus de paix".
A Stockholm, le ministère suédois des Affaires étrangères a également
convoqué l’ambassadeur d’Israël pour lui faire part de ses
préoccupations.
Berlin, où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyhau est attendu
cette semaine, a appelé le gouvernement d’Israël à renoncer aux
nouvelles constructions. Le porte-parole du gouvernement allemand a
précisé que la chancelière Angela Merkel recevrait Benjamin Netanyahu à
dîner mercredi soir pour "une discussion franche entre amis".
La Russie a aussi exprimé sa "plus grande inquiétude" face aux projets
israéliens. Leur mise en oeuvre "aurait un effet très négatif sur les
efforts destinés à une reprise des négociations directes tournées vers
une solution à deux Etats", dit le ministère russe des Affaires
étrangères.
Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a lui aussi dit craindre
que les constructions israéliennes dans le secteur E1 ne portent "un
coup presque fatal" à une solution négociée à deux Etats.
Benjamin Netanyahu a ignoré la réprobation internationale suscitée par
l’annonce des projets d’extension de colonies juives en Cisjordanie.
"Nous continuerons de construire à Jérusalem et dans tous les endroits
qui figurent sur la carte des intérêts stratégiques d’Israël", a déclaré
le chef du gouvernement israélien lors du conseil des ministres
dimanche.
Israël a en outre annoncé la suspension du versement d’environ 100
millions de dollars (près de 80 millions d’euros) de revenus fiscaux à
l’Autorité palestinienne.
Pour le négociateur palestinien Saëb Erekat, la construction de
logements dans le secteur E1 "détruit la solution à deux Etats ainsi que
l’idée de faire de Jérusalem-Est la capitale de la Palestine, et dans
la pratique met fin au processus de paix".
A Gaza, Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, a dénoncé "une insulte à la communauté internationale".
(03 Décembre 2012 - Assawra avec les agences de presse)
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