Les partisans du président islamiste Mohamed Morsi ont appelé à des
rassemblements de masse samedi pour soutenir sa décision de s’octroyer
des pouvoirs exceptionnels, au lendemain d’un immense rassemblement de
l’opposition au Caire. L’opposition entendait pour sa part poursuivre sa
mobilisation pour protester contre un "coup d’État contre la
démocratie", selon les propos d’un de ses leaders, via notamment la
récente adoption par la commission constituante d’un projet de
Constitution accusé de porter atteinte à la liberté religieuse et
d’expression.
Le projet de Constitution doit être remis samedi au président Morsi et
soumis à référendum dans deux semaines. Samedi matin, un campement d’une
centaine de tentes, établi le 23 novembre au lendemain de la décision
de Mohamed Morsi de renforcer considérablement ses pouvoirs, en
particulier face à la justice, occupait toujours la place Tahrir, dans
le centre du Caire, emblématique de la révolte de 2011 qui a renversé
Hosni Moubarak.
Des dizaines de milliers d’Égyptiens y avaient manifesté la veille au
soir. "À bas la Commission constituante", a scandé la foule, tandis que
des manifestants portaient des banderoles dénonçant la "dictature" du
chef de l’État et de la formation dont il est issu, les Frères
musulmans. Des manifestations ont également eu lieu dans de nombreuses
autres villes, notamment à Alexandrie, où des heurts ont opposé pro- et
anti-Morsi. "Le président et la Commission constituante sont en train de
mener un coup d’État contre la démocratie. La légitimité du régime
s’érode rapidement", a dénoncé sur son compte Twitter un des leaders de
l’opposition, Mohamed El Baradei, ancien chef de l’agence nucléaire de
l’ONU.
Après des mois de blocage, les 234 articles du projet de Constitution
ont été adoptés en quelques heures entre jeudi et vendredi par la
Commission constituante convoquée en urgence. L’opposition libérale et
laïque de même que les Églises chrétiennes coptes avaient boycotté les
travaux de cette instance, l’accusant de vouloir faire la part belle aux
vues des islamistes. Le projet de Constitution remis samedi à Morsi.
Le projet de référendum, qui doit remplacer la loi fondamentale
suspendue après la chute de Hosni Moubarak début 2011, devait être
soumis au président Morsi samedi. Comme dans l’ancienne Constitution, le
projet fait des "principes de la charia" la "source principale de la
législation", une formulation assez consensuelle en Égypte. Mais il
ajoute une nouvelle disposition selon laquelle les principes de la
charia doivent être interprétés selon la doctrine sunnite, une clause
critiquée par les Églises chrétiennes et l’opposition laïque qui y
voient une possibilité de renforcer la place de la loi islamique, en
particulier dans ses interprétations les plus rigoristes.
Le projet accorde également à l’État un rôle de "protection de la
moralité" et interdit "l’insulte des personnes humaines" et des
"prophètes", des dispositions dont certains redoutent qu’elles n’ouvrent
la voie à la censure. Human Rights Watch estime que le projet "protège
certains droits, mais en sape d’autres" et Amnesty International juge
que le texte "ignore les droits des femmes, restreint la liberté
d’expression au nom de la protection de la religion, et permet aux
militaires de juger des civils".
Des journaux privés ont décidé de ne pas paraître mardi prochain pour
dénoncer un manque de garanties pour la liberté de la presse. La
Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, a
écrit une lettre au président égyptien pour lui demander notamment de
"reconsidérer" sa décision d’étendre ses pouvoirs.
Mohamed Morsi a une nouvelle fois promis jeudi que ses pouvoirs
renforcés étaient "temporaires" et cesseraient une fois la Constitution
adoptée. Ses partisans estiment que les dernières décisions vont
permettre à l’Égypte, qui connaît une difficile transition politique, de
se stabiliser et de consolider sa démocratisation.
***
Adoption d’un projet de Constitution, l’opposition manifeste
Des dizaines de milliers d’Egyptiens manifestaient vendredi au Caire
contre le président Mohamed Morsi, après l’adoption par une commission
majoritairement islamiste d’un projet de Constitution accusé de porter
atteinte à la liberté religieuse et d’expression.
"A bas la commission constituante", scandait la foule sur la place
Tahrir, tandis que des manifestants portaient des banderoles dénonçant
la "dictature" du chef de l’Etat et de la formation dont il est issu,
les Frères musulmans.
Une protestation spontanée a par ailleurs eu lieu dans une mosquée du
Caire où M. Morsi priait, après que l’imam eut appelé les fidèles à
soutenir le président, selon un témoin.
Des manifestations ont également eu lieu dans de nombreuses autres
villes du pays, notamment à Alexandrie, où des heurts ont opposé des
pro- et anti-Morsi.
Après des mois de blocage, les 234 articles du projet de Constitution
ont été adoptés en quelques heures lors d’une séance-marathon par une
commission constituante convoquée en urgence.
Le texte doit être remis samedi à M. Morsi, pour qu’un référendum soit
organisé dans deux semaines sur ce projet qui doit remplacer la loi
fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak début 2011.
Comme dans l’ancienne Constitution, le projet fait des "principes de la
charia" la "source principale de la législation", une formulation assez
consensuelle en Egypte.
Mais le projet ajoute une nouvelle disposition selon laquelle les
principes de la charia doivent être interprétés selon la doctrine
sunnite, une clause critiquée par les églises chrétiennes et les
opposants non islamistes.
Le projet accorde également à l’Etat un rôle de "protection de la
moralité" et interdit "l’insulte des personnes humaines" et des
"prophètes", des dispositions dont certains redoutent qu’elles n’ouvrent
la voie à la censure.
"Le président et la commission constituante sont en train de mener un
coup d’Etat contre la démocratie", a dénoncé sur son compte Twitter
l’opposant Mohamed ElBaradei, qui a annoncé comme deux autres figures de
l’opposition, Amr Moussa et Hamdeen Sabbahi, son intention de
participer à un sit-in sur Tahrir pour faire pression sur M. Morsi.
L’opposition libérale et laïque de même que les Eglises chrétiennes
coptes ont boycotté les travaux de la commission, l’accusant de vouloir
faire la part belle aux vues des islamistes.
Human Rights Watch estime que le projet "protège certains droits mais en
sape d’autres" et Amnesty International juge que le texte "ignore les
droits des femmes, restreint la liberté d’expression au nom de la
protection de la religion, et permet aux militaires de juger des
civils".
Des journaux privés ont décidé de ne pas paraître mardi prochain pour
dénoncer un manque de garanties pour la liberté de la presse.
Le projet prévoit aussi que tout président ne puisse effectuer plus de
deux mandats de quatre ans chacun, une volonté de rompre avec l’époque
de M. Moubarak, resté trois décennies au pouvoir.
L’adoption de ce projet survient en pleine crise politique provoqué par
un décret adopté la semaine dernière, par lequel M. Morsi s’octroie des
prérogatives exceptionnelles, en particulier face au pouvoir judiciaire.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Mme Navi Pillay, lui
a écrit une lettre pour lui demander de "reconsidérer" sa décision
d’étendre ses pouvoirs.
"L’approbation d’une Constitution, dans ces circonstances, pourrait être
une mesure générant encore plus de divisions", a-t-elle ajouté.
M. Morsi a une nouvelle fois promis jeudi soir à la télévision que ses
pouvoirs renforcés étaient "temporaires" et cesseraient une fois la
Constitution adoptée.
Ses partisans estiment que les dernières décisions vont permettre à
l’Egypte, qui connaît une difficile transition politique, de se
stabiliser et de consolider sa démocratisation. Ils ont appelé à des
manifestations de masse samedi pour soutenir le président, alors que ses
détracteurs appelaient à poursuivre leur mobilisation.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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