samedi 1 décembre 2012

Égypte : les partisans de Morsi appellent à manifester

Les partisans du président islamiste Mohamed Morsi ont appelé à des rassemblements de masse samedi pour soutenir sa décision de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels, au lendemain d’un immense rassemblement de l’opposition au Caire. L’opposition entendait pour sa part poursuivre sa mobilisation pour protester contre un "coup d’État contre la démocratie", selon les propos d’un de ses leaders, via notamment la récente adoption par la commission constituante d’un projet de Constitution accusé de porter atteinte à la liberté religieuse et d’expression.
Le projet de Constitution doit être remis samedi au président Morsi et soumis à référendum dans deux semaines. Samedi matin, un campement d’une centaine de tentes, établi le 23 novembre au lendemain de la décision de Mohamed Morsi de renforcer considérablement ses pouvoirs, en particulier face à la justice, occupait toujours la place Tahrir, dans le centre du Caire, emblématique de la révolte de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak.
Des dizaines de milliers d’Égyptiens y avaient manifesté la veille au soir. "À bas la Commission constituante", a scandé la foule, tandis que des manifestants portaient des banderoles dénonçant la "dictature" du chef de l’État et de la formation dont il est issu, les Frères musulmans. Des manifestations ont également eu lieu dans de nombreuses autres villes, notamment à Alexandrie, où des heurts ont opposé pro- et anti-Morsi. "Le président et la Commission constituante sont en train de mener un coup d’État contre la démocratie. La légitimité du régime s’érode rapidement", a dénoncé sur son compte Twitter un des leaders de l’opposition, Mohamed El Baradei, ancien chef de l’agence nucléaire de l’ONU.
Après des mois de blocage, les 234 articles du projet de Constitution ont été adoptés en quelques heures entre jeudi et vendredi par la Commission constituante convoquée en urgence. L’opposition libérale et laïque de même que les Églises chrétiennes coptes avaient boycotté les travaux de cette instance, l’accusant de vouloir faire la part belle aux vues des islamistes. Le projet de Constitution remis samedi à Morsi.
Le projet de référendum, qui doit remplacer la loi fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak début 2011, devait être soumis au président Morsi samedi. Comme dans l’ancienne Constitution, le projet fait des "principes de la charia" la "source principale de la législation", une formulation assez consensuelle en Égypte. Mais il ajoute une nouvelle disposition selon laquelle les principes de la charia doivent être interprétés selon la doctrine sunnite, une clause critiquée par les Églises chrétiennes et l’opposition laïque qui y voient une possibilité de renforcer la place de la loi islamique, en particulier dans ses interprétations les plus rigoristes.
Le projet accorde également à l’État un rôle de "protection de la moralité" et interdit "l’insulte des personnes humaines" et des "prophètes", des dispositions dont certains redoutent qu’elles n’ouvrent la voie à la censure. Human Rights Watch estime que le projet "protège certains droits, mais en sape d’autres" et Amnesty International juge que le texte "ignore les droits des femmes, restreint la liberté d’expression au nom de la protection de la religion, et permet aux militaires de juger des civils".
Des journaux privés ont décidé de ne pas paraître mardi prochain pour dénoncer un manque de garanties pour la liberté de la presse. La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, a écrit une lettre au président égyptien pour lui demander notamment de "reconsidérer" sa décision d’étendre ses pouvoirs. Mohamed Morsi a une nouvelle fois promis jeudi que ses pouvoirs renforcés étaient "temporaires" et cesseraient une fois la Constitution adoptée. Ses partisans estiment que les dernières décisions vont permettre à l’Égypte, qui connaît une difficile transition politique, de se stabiliser et de consolider sa démocratisation.

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Adoption d’un projet de Constitution, l’opposition manifeste
Des dizaines de milliers d’Egyptiens manifestaient vendredi au Caire contre le président Mohamed Morsi, après l’adoption par une commission majoritairement islamiste d’un projet de Constitution accusé de porter atteinte à la liberté religieuse et d’expression.
"A bas la commission constituante", scandait la foule sur la place Tahrir, tandis que des manifestants portaient des banderoles dénonçant la "dictature" du chef de l’Etat et de la formation dont il est issu, les Frères musulmans.
Une protestation spontanée a par ailleurs eu lieu dans une mosquée du Caire où M. Morsi priait, après que l’imam eut appelé les fidèles à soutenir le président, selon un témoin.
Des manifestations ont également eu lieu dans de nombreuses autres villes du pays, notamment à Alexandrie, où des heurts ont opposé des pro- et anti-Morsi.
Après des mois de blocage, les 234 articles du projet de Constitution ont été adoptés en quelques heures lors d’une séance-marathon par une commission constituante convoquée en urgence.
Le texte doit être remis samedi à M. Morsi, pour qu’un référendum soit organisé dans deux semaines sur ce projet qui doit remplacer la loi fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak début 2011.
Comme dans l’ancienne Constitution, le projet fait des "principes de la charia" la "source principale de la législation", une formulation assez consensuelle en Egypte.
Mais le projet ajoute une nouvelle disposition selon laquelle les principes de la charia doivent être interprétés selon la doctrine sunnite, une clause critiquée par les églises chrétiennes et les opposants non islamistes.
Le projet accorde également à l’Etat un rôle de "protection de la moralité" et interdit "l’insulte des personnes humaines" et des "prophètes", des dispositions dont certains redoutent qu’elles n’ouvrent la voie à la censure.
"Le président et la commission constituante sont en train de mener un coup d’Etat contre la démocratie", a dénoncé sur son compte Twitter l’opposant Mohamed ElBaradei, qui a annoncé comme deux autres figures de l’opposition, Amr Moussa et Hamdeen Sabbahi, son intention de participer à un sit-in sur Tahrir pour faire pression sur M. Morsi.
L’opposition libérale et laïque de même que les Eglises chrétiennes coptes ont boycotté les travaux de la commission, l’accusant de vouloir faire la part belle aux vues des islamistes.
Human Rights Watch estime que le projet "protège certains droits mais en sape d’autres" et Amnesty International juge que le texte "ignore les droits des femmes, restreint la liberté d’expression au nom de la protection de la religion, et permet aux militaires de juger des civils".
Des journaux privés ont décidé de ne pas paraître mardi prochain pour dénoncer un manque de garanties pour la liberté de la presse.
Le projet prévoit aussi que tout président ne puisse effectuer plus de deux mandats de quatre ans chacun, une volonté de rompre avec l’époque de M. Moubarak, resté trois décennies au pouvoir.
L’adoption de ce projet survient en pleine crise politique provoqué par un décret adopté la semaine dernière, par lequel M. Morsi s’octroie des prérogatives exceptionnelles, en particulier face au pouvoir judiciaire.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Mme Navi Pillay, lui a écrit une lettre pour lui demander de "reconsidérer" sa décision d’étendre ses pouvoirs.
"L’approbation d’une Constitution, dans ces circonstances, pourrait être une mesure générant encore plus de divisions", a-t-elle ajouté.
M. Morsi a une nouvelle fois promis jeudi soir à la télévision que ses pouvoirs renforcés étaient "temporaires" et cesseraient une fois la Constitution adoptée.
Ses partisans estiment que les dernières décisions vont permettre à l’Egypte, qui connaît une difficile transition politique, de se stabiliser et de consolider sa démocratisation. Ils ont appelé à des manifestations de masse samedi pour soutenir le président, alors que ses détracteurs appelaient à poursuivre leur mobilisation.

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