dimanche 2 septembre 2012

Syrie : attaque meurtrière de l’armée à Hama, attentat à Damas

L’armée syrienne a lancé dimanche une attaque dans la province rebelle de Hama, tuant au moins 22 civils, tandis qu’un attentat frappait un quartier de Damas abritant des bâtiments des services de sécurité.
Dans la province de Hama (centre), un des bastions de la rébellion, l’armée a lancé un assaut à Al-Fan, une zone rurale, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), en faisant état de 22 civils, tous des hommes.
"Il est probable que le nombre de victimes (...) augmente, de nombreuses personnes étant portées disparues, tandis que certains blessés se trouvent dans un état critique", a précisé l’ONG, qui s’appuie sur un réseau de militants et de témoins.
L’agence officielle Sana a pour sa part affirmé qu’ils étaient tous membres d’un "groupe terroriste armé qui était en train d’attaquer des citoyens et des forces de sécurité".
Le régime syrien ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation qui secoue le pays depuis près de 18 mois et attribue les troubles à "des groupes terroristes armés".
Sur des images postées sur YouTube, tournées dans la région d’Al-Fan selon des militants, on pouvait voir un alignement de corps sur le sol, enveloppés de tissu blanc, des femmes et des enfants pleurant au-dessus des cadavres.
Dans la capitale, un attentat à la bombe a par ailleurs frappé un quartier du centre, Abu Remmaneh, abritant des bâtiments de la Sécurité et le bureau du vice-président Faruk al-Chareh, selon la télévision d’Etat.
L’attaque a fait quatre blessés dans ce quartier résidentiel chic situé à proximité de la place ultra-sécurisée des Omeyyades, a précisé la chaîne, en évoquant un attentat "terroriste".
Selon l’OSDH, "deux bombes ont explosé près d’un immeuble rattaché à l’état-major de l’armée et des forces armées", faisant des blessés.
Un groupe islamiste obscur, "la Brigade des petits-fils du Prophète", qui se présente comme proche de l’Armée syrienne libre (ALS, rébellion), a revendiqué l’attentat sur sa page Facebook, en affirmant qu’il s’agissait d’"une réponse aux massacres à Daraya et dans les autres villes".
Les attentats se sont multipliés ces derniers jours à Damas, où l’armée tente de nettoyer des poches de résistance des rebelles.
Au total, les violences ont fait dimanche au moins 103 morts, dont 66 civils, selon un bilan provisoire de l’OSDH.
La guerre a fait plus de 26.000 tués depuis mars 2011, d’après cette ONG, et poussé à l’exode des centaines de milliers de personnes.
A Mazzé, un autre quartier chic de la capitale, les troupes régulières ont attaqué la périphérie avec l’appui de bulldozers et ont "rasé et détruit trois commerces et cinq maisons", selon l’OSDH.
Les bastions rebelles dans plusieurs villes étaient aussi sous le feu des chars et des hélicoptères de l’armée, les insurgés équipés d’armes légères ne parvenant pas, malgré la multiplication de leurs attaques, à contester aux forces du régime la maîtrise totale du ciel.
Les rebelles avaient marqué des points en prenant le bâtiment principal d’une base aérienne à Boukamal (est). Après une attaque jeudi, ils ont aussi affirmé tenir une partie de l’aéroport d’Abu el-Zuhur, l’un des deux principaux avec Taftanaz de la province d’Idleb (nord-ouest). Mais les hélicoptères décollant de Taftanaz survolent toujours la ville, vidée de la plupart de ses habitants, selon un journaliste de l’AFP.
A Alep, métropole du nord entrée dans une guerre d’usure après plus d’un mois de combats, plusieurs quartiers ont été bombardés.
Selon un militant se présentant sous le nom d’Oussama, "même les écoles ne sont pas épargnées par les destructions". "Il y a toujours des files d’attente devant les boulangeries" et "parfois, il y a une pénurie totale de farine (...) Le plus dur, c’est de se procurer des médicaments, du pain et du lait pour nourrissons".
Plus au sud, l’armée a détruit la dernière boulangerie qui vendait encore du pain dans la ville rebelle de Qusseir (centre), selon des militants.
Sur le plan diplomatique, les monarchies arabes du Golfe ont demandé à la communauté internationale de prendre "des mesures efficaces" pour protéger les civils et appelé à un "transfert pacifique du pouvoir".
Le nouveau médiateur international Lakhdar Brahimi avait affirmé pour sa part samedi que le changement en Syrie était "inévitable", tout en se gardant d’appeler au départ du président Bashar al-Assad.
De son côté, le ministère syrien des Affaires étrangères a critiqué le président égyptien Mohamed Morsi après son discours virulent contre le "régime oppressif syrien", en estimant qu’il n’avait pas encore la stature d’un chef d’Etat.
Miné par les divisions, le Conseil national syrien (CNS) a décidé de s’élargir à de nouveaux groupes et de se réformer en élisant ses dirigeants fin septembre.

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